Chapitre 2.

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James

Je referme la portière du taxi, la fraîcheur du soir me saisit instantanément, une caresse glacée sur ma peau après l'atmosphère confinée du véhicule. Devant moi, la maison familiale se dresse, imposante et immuable, comme figée dans le temps. Sous la lumière des réverbères, elle semble encore plus vaste qu'elle ne l'était dans mes souvenirs. Je l'observe longuement, chaque détail m'évoque des bribes d'enfance : les volets bleu marine toujours impeccablement fermés dès la tombée de la nuit, le portail qui grince légèrement au vent. Malgré tout, cette maison me paraît à la fois familière et étrangère, comme si je l'avais quittée depuis trop longtemps. Le changement n'est pas qu'extérieur. Moi aussi, j'ai changé. Nous avons tous changé.

Un sourire en coin se forme à l'idée de ce qui m'attend à l'intérieur. Mes parents, sans doute déjà installés dans le salon, impatients et irrités par mon retard habituel. Je connais la scène par cœur : mon père, strict et intransigeant, ne supporte pas l'imprévu. Ma mère, toujours prête à adoucir les tensions, mais incapable de dissimuler son anxiété. Les souvenirs de ces dîners passés, ponctués de silences pesants, où chaque coup de fourchette était l'occasion d'un jugement silencieux, reviennent en vagues.

Je m'approche de la porte d'entrée. Ma main s'attarde un instant sur la poignée, hésitante. Derrière cette porte, m'attend un monde où mes choix sont analysés, critiqués, où mes décisions ne sont jamais à la hauteur des attentes. Pourtant, je me tiens prêt, comme à chaque fois. Un profond soupir me traverse. Il est temps d'y aller.

À peine ai-je touché la poignée que la porte s'ouvre brusquement. Nina, ma petite sœur, apparaît, les bras croisés et ce regard mi-amusé, mi-exaspéré qu'elle me réserve à chaque fois. Elle tente de paraître sérieuse, mais ses yeux pétillent d'une malice qui me rassure.

- Tu es encore en retard, dit-elle avec une moue faussement sévère avant de me serrer brièvement dans ses bras. Ils t'attendent depuis une heure.

Je glisse un bras autour de ses épaules, répondant à son étreinte, détendu. Nina est mon alliée, toujours. Elle a ce don de rendre chaque situation plus légère, de désamorcer les tensions par un simple trait d'humour.

- Je sais, je sais, dis-je avec un sourire. Mais tu me connais, je préfère arriver après l'apéritif. C'est là que les vraies discussions commencent.

Elle éclate de rire, secouant la tête.

- T'es incorrigible.

Son rire dissipe momentanément la pression que je ressens, mais je ne peux ignorer le poids des attentes qui m'attendent dans le salon. Nina disparaît rapidement, me laissant seul face à cette épreuve familiale.

Je redresse les épaules, prêt à affronter la suite. En entrant dans le salon, l'odeur familière de bois ciré et de cuir m'accueille. Mes parents sont là, exactement comme je les avais imaginés : mon père, droit comme un piquet, les mains croisées derrière le dos, me scrute de son regard sévère, tandis que ma mère, bien que plus douce, affiche une expression empreinte d'inquiétude.

- James, commence mon père, cinglant. En retard, comme toujours.

Je réprime un sourire et m'assois sur le canapé en face d'eux. L'atmosphère est tendue, mais je fais de mon mieux pour ne pas laisser transparaître ma nervosité.

- Je suis là maintenant, dis-je avec une désinvolture calculée. Alors, de quoi voulez-vous parler ce soir ?

Je fais mine de détendre l'atmosphère, mais je sais que mon père n'apprécie guère cette attitude. Il secoue la tête, frustré, tandis que ma mère intervient, sa voix douce et mesurée.

Fallen HeartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant