J'émerge dans un état pitoyable. J'ai un marteau-piqueur dans le crâne. Je peine à ouvrir un œil tellement j'ai mal à la tête. La lumière provenant de la fenêtre de ma chambre m'aveugle. L'étau dans lequel ma tête est imbriquée se serre à nouveau, m'arrachant un grognement de souffrance. La sonnerie de mon réveil qui cinq minutes plus tôt m'a arraché au sommeil salvateur dont j'avais tant besoin, s'acharne à nouveau et m'oblige à prendre sur moi pour me lever et l'éteindre. Le son strident de la sonnerie me perturbe les oreilles et aggrave ma migraine.
Je lutte pour m'asseoir, massant mes tempes pour me soulager, mais je n'y arrive pas. Après un long soupir, j'essaye tant bien que mal de me lever sans retomber immédiatement. L'impression d'être un nouveau-né accomplissant ses premiers pas me fait sourire légèrement, mais lorsque je me tape le petit orteil contre le pied du bureau où est posé mon téléphone, je perds mon sourire et une grimace de douleur le remplace. Putain de merde, mais comment un si petit truc peut provoquer une si grande douleur. D'un geste rageur, je prends mon téléphone et j'éteins enfin l'alarme diabolique.
Je ne boirais plus jamais, j'en fais la promesse ! Alors que mon esprit embrumé commence peu à peu à s'éveiller, l'image d'Hope s'impose alors dans mes pensées et instinctivement, je me retourne vers le lit pour voir si elle y est. Il est vide...
Évidemment. Je me rasseoie sur le bord du matelas essayant de mettre mes pensées en ordre, mais j'ai beau essayer, mes souvenirs restent flous... Je me souviens très bien de notre rencontre, la Tyrolienne, le club de strip-tease, mais après c'est le black-out total! Je jure intérieurement. La seule fois où je passe une soirée géniale, il faut que j'en oublie une bonne partie. Je n'ai pas peur de ce qu'on a pu faire et dont je ne me rappelle pas, mais je suis tout de même triste de ne pas pouvoir garder en souvenirs tous les moments passés avec Hope. Je regarde l'heure sur mon téléphone et lâche un hoquet de surprise ! Il est onze du matin, mais ce n'est pas ce qui retient mon attention. Le fond d'écran en revanche, oui. On nous voit tous les deux enlacés tirant la langue à l'objectif et nous avons chacun notre annulaire brandi comme si l'on voulait faire un doigt d'honneur, mais sans utiliser le bon doigt. Ce qui me surprend le plus, c'est la joie qui transparaît sur nos visages. Je n'ai pas souvenir de mettre déjà vu avec un air aussi heureux. Je me dépêche de déverrouiller mon téléphone. Je clique sur l'icône de la galerie en espérant voir d'autres photos de notre soirée qui pourraient raviver les souvenirs perdus. En premier, une vidéo est affichée, suivie de plus de dix photos.
Je clique sur la première prise hier soir devant Fermont Street, la seule photo que je me rappelle avoir pris. Je passe en revue les images une par une, retraçant le déroulement de la soirée qui m'échappe malheureusement. La deuxième photo nous montre devant les fontaines du Bellagio, puis la troisième photo, je suis devant une machine à sous, les poings en l'air comme si j'avais gagné le gros lot ! Sur la quatrième, mon bras droit repose sur les épaules d'Hope et ma main gauche tient une énorme bouteille de champagne. Sur la cinquième Hope boit au goulot de ladite bouteille et sur la sixième, nous sommes dans un salon de tatouage. Hope est assis sur une chaise et se fait tatouer quelque chose sur la main. La septième me fait rire, car j'ai pris un selfie avec un sosie d'Elvis. La huitième est celle que j'ai mise en fond d'écran, la neuvième me fait regretter amèrement mon amnésie car sur cette photo, j'enlace Hope et nous nous embrassons. En contemplant nos lèvres jointes, je ressens un pincement au cœur. J'aimerais tellement pouvoir me souvenir de cela, me rappeler la sensation de ses lèvres sur les miennes et leur goût... à la place, il n'y a que du vide, juste du vide...
Je pousse un soupir de frustration en faisant défiler la photo suivante. Avec les lumières qui se reflètent derrière nous et le décor qui nous entoure, cette photo semble avoir été prise en boîte de nuit. Je suis assis sur une banquette et Hope me donne un baiser sur la joue. La dixième nous montre devant un grand huit et celle d'après est complément dégoûtante. Je suis entrain de vomir trip et boyaux au pied d'un pylône. La suivante a été prise dans cette chambre, sur le lit, on me voit endormi et Hope tient le téléphone de façon à se prendre en photo couchée à mes côtés. Je l'observe quelques secondes supplémentaires. Je ferme les yeux, essayant d'imaginer la sensation de son corps contre le mien. La frustration me gagne lorsque je ne parviens pas à le faire.
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HOPEless
RomanceParfois, il suffit d'une seule rencontre pour tout changer, d'un seul instant pour voir sa vie basculer ! Mais si tout ce que vous croyez vrai ne l'était pas ? Vous penseriez-vous fou ? Pourquoi devrais-je les croire ? Alors que pour moi rien n'a ja...