1. Hercule Poirot, plâtre et poubelle

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MACY

Le 12 août

Imaginez : votre mère vient de décéder, et comme si la situation n'était pas assez effroyable comme ça, votre mari vous annonce qu'il vous quitte pour sa maîtresse. 

Vous auriez fait quoi, vous ? Moi, je crois que je l'aurais tué. 

Le mari, pas la maîtresse. Il faut vraiment être sans cœur pour abandonner sa femme au pire moment de sa vie. 

Agatha Christie, elle, a choisi de disparaître. 

Disparaître, oui. Elle s'est barrée à l'autre bout de l'Angleterre dans une station thermale très cotée où elle s'est enregistrée sous le nom de Teresa Neele... la maîtresse de son crétin d'époux.

Cette distinction comportementale explique sûrement pourquoi Agatha Christie est l'une des romancières les plus célèbres de l'Histoire, alors que je ne suis qu'une lectrice pas fichue d'élaborer la moindre théorie pertinente sur ses enquêtes policières, et encore moins de trouver le coupable : nous n'avons pas la même façon de gérer notre colère, toutes les deux.

Heureusement pour moi – et mon casier judiciaire –, je n'ai pas été victime du coup du mari infidèle. 

Pourquoi ? 

Probablement parce que je n'ai que 14 ans, et que je n'ai jamais embrassé de garçon. 

Probablement parce que j'ai passé les dernières semaines à dévorer les aventures d'Hercule Poirot sans personne avec qui partager mes ressentis et mes hypothèses foireuses – la seule fois où j'ai essayé d'en parler sur Internet, je me suis fait spoiler la fin du bouquin.

Probablement parce que je suis coincée dans ma chambre depuis le début du mois de juillet à cause de mon trampoline. 

Enfin, de ma fracture du tibia, plus exactement

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Enfin, de ma fracture du tibia, plus exactement. 

Même si c'est 100 % la faute de mon trampoline. 

Depuis, mon frère a démonté ledit trampoline et je m'ennuie comme un rat mort, ce qui ne m'empêche pas de vouer un culte à Agatha Christie et sa plume de génie.

Un bâillement m'échappe. Il n'est que 21 h, mais je suis crevée. Ne rien faire de la journée est une activité fatigante. 

Avec un soupir, je referme La Maison du Péril sans avoir la moindre idée de la personne qui cherche à assassiner l'héroïne, une riche propriétaire qui a déjà manqué de se faire tuer à trois reprises. L'un de ses amis, oui, mais lequel

BAM. 

Je me redresse brusquement, alarmée par le vacarme provenant de l'extérieur. J'aurais 100 % bondi de la vieille méridienne couleur crème posée contre mon lit, si je n'avais pas la jambe dans le plâtre. 

ON THE LEAVES OF AUTUMNOù les histoires vivent. Découvrez maintenant