AUTUMN
Le 19 août
Je suis à la bourre.
La fautive ?
Cordelia. Elle ne plaisantait pas, quand elle m'a proposé de remplacer son jardinier congédié pour l'été. J'ai passé toute la journée à tailler ses putains d'azalées alors qu'elle me narguait de son petit air suffisant depuis la terrasse en sirotant tranquillement des Pimm's avec ma tante.
Charlene a dû se cantonner à la limonade, mais ça ne l'a pas empêchée de se foutre ouvertement de ma gueule, bien sûr.
Je pensais que notre grand-mère allait la forcer à me rejoindre, ne serait-ce que pour la discipliner ou la contraindre à interrompre ses recherches de sugar daddy, mais elle n'en a rien fait.
Je crois qu'elle était pompette et qu'elle s'en fichait complètement, pour être honnête.
À moins qu'elle ne soit sadique, tout simplement. Elle n'a pas pu réprimer ses sourires sardoniques, chaque fois que je manquais de jeter les cisailles par terre et de piétiner sa pelouse parfaite, renonçant par la même occasion à notre pacte et à mes quelques heures de liberté nocturnes.
Pourtant, j'ai tenu bon.
Oui, moi aussi, ça m'étonne. La nature n'a jamais vraiment été mon truc, avec ses effluves de fumier, ses orties qui piquent et ses grizzlis affamés.
Même Maman n'y a pas cru, quand elle est revenue de son après-midi détente au spa de la ville d'à côté. J'ai serré les dents, et filé sous la douche en tâchant de retenir la remarque perfide qui me brûlait les lèvres. Elle pervertit peut-être sa morale, en retombant dans l'hypocrisie et l'oisiveté de la famille qu'elle a fuie plusieurs années avant ma naissance, mais ce n'est rien en comparaison de ce que mon père lui a fait subir dernièrement. Elle a bien le droit de bafouer ses valeurs le temps d'un été, si ça la console, avant d'affronter le divorce qui l'attend à la rentrée.
Je soupire en jetant un nouveau coup d'œil à mon portable, atterrée.
Il est 22 h.
Liam et moi avions rendez-vous à 21 h sur la plage.
Je ne me suis pas affolée, quand je m'attelais à discipliner mes cheveux bouclés à coups de produits capillaires ultra-chers et sûrement ultra-cancérigènes, parce que j'avais prévu d'être en retard, mais ce que je n'avais pas anticipé, c'est que ce crétin le soit aussi... tellement que je me demande s'il ne m'a pas posé un lapin.
Et ça, ça me terrifie plus que toutes les tortures florales auxquelles prévoit de me soumettre Cordelia.
Car on ne me pose PAS de lapin. Encore moins quand j'ai donné mon temps, mon énergie et ma sueur pour rejoindre mon faux petit copain de merde et que je me suis mise en bombe pour rendre jalouse tous ceux et celles qui croiseront son chemin tandis que je resterai pendue à son bras telle une potiche que je ne suis pas.
Si j'avais su, je n'aurais jamais enfilé ma mini-robe bleu nuit en satin, et j'aurais encore moins pris la peine de la repasser. Je me serais contentée d'enfiler un vieux jean et un sweat à capuche aussi troué que démodé. Je n'aurais même pas coiffé mes cheveux, et j'aurais pu profiter du Wi-Fi de la maison pour la première fois depuis ce matin – « le seul réseau décent de tout Cliffdale », d'après Charlene.
Étant donné mes expériences passées, je préfère la croire sur parole.
— Quelle conne ! pesté-je en me redressant brusquement, mes chaussures dans une main, mon téléphone dans l'autre.
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ON THE LEAVES OF AUTUMN
Teen FictionCinq étés pour l'aimer. Cinq automnes pour la détester. Cinq ans pour lui pardonner. *** Tout oppose Macy et Autumn : l'argent, l'éducation, la famille, et les garçons. Surtout les garçons. Pourtant, les deux jeunes femmes partagent les mêmes déboir...