AUTUMN
Le 18 août
La prochaine fois que je décide de fuguer et passer la nuit chez deux inconnus pour dévaliser leur placard à bières à la minute où ils se sont endormis, rappelez-moi de ne pas rentrer en plein milieu du brunch du dimanche, d'accord ?
Quand j'ai pénétré dans la cuisine il y a cinq jours, ma mère a manqué de s'étrangler avec son café, ma tante a songé à m'envoyer en centre de désintox' pour mineurs – comme son fils – et Cordelia s'est efforcée d'étouffer un fou rire, en vain.
Charlene ?
Elle pleurait à chaudes larmes devant l'échafaudage du premier étage à cause de notre grand-mère, qui venait de lui annoncer qu'Archie ne reviendrait pas.
C'était une façon polie et complaisante de lui dire qu'elle l'avait virée.
Depuis, ma cousine me voue une haine sans nom, les travaux sont restés au point mort, j'ai été privée de portable et ma mère m'a assignée à résidence pour la semaine. C'est tout juste si j'ai le droit de faire le tour du jardin !
Je n'ai pas cherché à protester, par pitié pour Charlene.
Et parce que j'avais la gueule de bois... et que j'étais claquée après être repartie chercher mon vélo à pied et avoir pédalé comme une folle pour rentrer ici, à même pas 10 h du mat'. Il faut croire que j'ai bonne mémoire – et que j'avais la trouille de me faire coincer par mes hôtes.
Mais ce soir, j'en ai marre. J'ai attendu que tout le monde dorme à poings fermés pour sortir de ma chambre et descendre le large escalier à quart tournant, non sans pester contre le parquet grinçant.
Silencieusement, bien sûr.
Par malchance, j'ai à peine posé un pied dans le garage pour enfourcher mon vélo et fuir cette demeure de malheur qu'un sifflement aigu me parvient depuis la pièce d'à côté.
— Va te faire foutre, grogné-je à l'attention de Charlene.
Ma tarée de cousine trouve toujours le moyen de me...
— J'ignorais que tu avais un langage si fleuri, ma douce Autumn.
Merde ! Ce n'est pas Charlene.
C'est Cordelia.
— J'ignorais que vous souffriez de troubles du sommeil, rétorquai-je.
Les Dale sont le genre de famille traditionaliste, archaïque et coincée où l'on vouvoie toujours ses aînés. Mes parents tolèrent que je les tutoie, heureusement, mais pas ma tante, et surtout pas ma grand-mère.
— Je suis un oiseau de nuit, se dérobe-t-elle.
J'arque un sourcil, pas pour autant convaincue.
— Comme toi, manifestement.
Je desserre ma prise sur le vélo à peine retrouvé, ignorant comment m'extraire de ce guet-apens improvisé. Je ne connais pas Cordelia. Je sais seulement qu'elle a voué sa vie à la médecine, au détriment de ses deux enfants.
J'ai toujours admiré le travail des généralistes, comme tout le monde, mais je refuse de considérer sa vocation comme une excuse : elle n'est rien, pour moi.
Pourtant, elle a proposé à sa fille cocue de l'héberger en urgence, même après l'avoir mise en garde contre son mauvais mariage il y a vingt ans, puis plus ou moins reniée lorsqu'elle a passé outre ses avertissements et épousé mon père, alors il faut que je compose avec elle, que je le veuille ou non.
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ON THE LEAVES OF AUTUMN
Roman pour AdolescentsCinq étés pour l'aimer. Cinq automnes pour la détester. Cinq ans pour lui pardonner. *** Tout oppose Macy et Autumn : l'argent, l'éducation, la famille, et les garçons. Surtout les garçons. Pourtant, les deux jeunes femmes partagent les mêmes déboir...