Hard To Concentrate

50 10 20
                                    


  Avec l'arrivée de la belle saison, Otabek prend goût à apprendre à s'occuper des fleurs qui poussent sur la fenêtre de Yuri. Il apprécie tout autant la vue de Yuri, qui s'épanouit au soleil, débarrassé de ses pulls et de ses couvertures. Il a revêtu un débardeur qu'il a noué au niveau de sa taille, et la sueur macule la peau pâle de son ventre.

Une fois de retour à la maison après l'entraînement, Yuri a sur-le-champ entamé le ménage. Il s'est donné à fond sur la glace, comme si toute cette énergie dépensée pouvait le délivrer de ses angoisses. Il tourne le dos à Otabek, ses hanches se balancent de manière lascive tandis qu'il s'occupe de dépoussiérer une étagère. Son corps est perpétuellement en mouvement, que ce soit lorsqu'il tapote nerveusement du pied ou lorsqu'il danse sur une chanson qu'Otabek a lancée sur l'enceinte. Il bouge, rappelant des remous sur de l'eau ou des branches secouées par le vent. Otabek adore ça, toute cette vie qui exulte de lui.

— Heart's about to palpitate, and I'm not about to hesitate, and... chante Otabek tout en s'approchant de Yuri.

La tension disparaît des épaules de Yuri alors qu'Otabek pose les mains sur ses hanches afin d'accompagner leur ondoiement. Il repousse les cheveux de la nuque de Yuri, souffle dessus et regarde des frissons s'y dessiner.

— One to treasure the rest of your days here and give you pleasure in so many ways dear.

Feignant de pouvoir résister, Yuri continue à passer son plumeau, mais ne cesse pas de bouger. En dépit de la fatigue accumulée, ses gestes sont fluides. Otabek retire les dernières mèches qui collent à sa peau, puis lèche la transpiration qui roule de ses premières vertèbres. Yuri manque un pas, il se retourne dans ses bras et pose une main sur son torse. Il s'en empare et embrasse chacune des phalanges de Yuri.

— Qu'est-ce que tu fais ?

— Tu es nerveux, dit Otabek.

— Bien joué, Sherlock.

Le vent fait flotter la poussière autour d'eux, l'air est lourd à l'intérieur de la pièce, et Otabek croit bien qu'un orage se prépare dehors. Il fait anormalement chaud pour le début du mois de juin, ils sont tous les deux agités. Otabek sourit, montrant sa dent fissurée, puis attrape la seconde main de Yuri pour y déposer d'autres baisers.

— J'ai une idée pour que tu te sentes mieux, murmure Otabek.

Yuri lève les yeux au ciel, mais laisse Otabek l'immobiliser contre la bibliothèque et glisser un genou entre ses cuisses.

— C'est quoi ?

Otabek pose une main de chaque côté de la cage thoracique de Yuri ; il piège le feu-follet brûlant qu'est Yuri dans son étreinte. La chanson a changé, mais ils ne dansent plus.

— Je pourrais t'emmener prendre une douche et faire en sorte de te détendre, dit-il, en appuyant sa jambe entre celles de Yuri.

— Tu penses que ton genou va tenir le coup ? taquine Yuri.

Il fait de plus en plus chaud et une pellicule nébuleuse s'installe dans les yeux de Yuri. Otabek remplace son genou par sa paume, Yuri est déjà à moitié dur en son creux.

— Tu penses que tu vas pouvoir tenir le coup ? réplique Otabek.

Yuri laisse tomber son plumeau, passe les bras autour de la nuque d'Otabek, et Otabek s'enveloppe dans son odeur de jasmin.

――――――――――――――― ❅

Le temps qu'ils sortent de la douche, les nuages gris se sont accumulés au-dessus de Moscou. Yuri s'est rhabillé de l'un des t-shirts Iron Maiden qu'il a subtilisés à Otabek, et il prépare le repas pendant qu'Otabek termine de nettoyer. Il a accepté de revoir son père ce soir, il a chargé Nikolaï de l'inviter. En attendant, il est incapable de s'asseoir plus de deux minutes, et le tchack-tchack assourdissant de son couteau de cuisine rend Otabek nerveux.

Smoke RingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant