Chapitre 1

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Je me lève et regarde mon réveil : 08h05. Merde, je vais être en retard. Je me lève à la hâte de mon lit, et manque de percuter une chaise dans ma foulée. Je marche prestement jusqu'à mon dressing et sors le premier tee-shirt qui me tombe sous la main : noir et large, parfait ! Je me dirige ensuite vers l'étagère où sont entassés mes pantalons. J'opte pour un jean troué noir. J'enfile vite ma tenue entièrement sombre et m'engouffre dans le long couloir qui me mènera à la cuisine.

Au lycée, tout le monde me traite de gothique, comme une étiquette qu'on me colle à la peau en raison de mon style vestimentaire. Je trouve ça déplorable, mais bon, je supporte. Surtout que ceux qui me disent ça n'ont aucune confiance en eux, alors un ou deux bons clash biens sortis pourraient les détruire encore plus qu'ils ne le sont déjà.

J'avale un demi toast grillé en vitesse et me dirige vers la porte d'entrée.

- J'y vais ! je lance.

- OK, bonne journée ma chérie ; me répond ma mère d'une voie fatiguée.

Elle éduque seule mon petit frère de 8 mois depuis que mon père a été placé en maison de redressement pour alcoolémie et violences conjugales. Malgré ces changements dans ma vie, le vide que mon géniteur a laissé béant n'est pas effrayant, et il est même plutôt apaisant. Il faut dire qu'il n'avait pas été très présent avec moi, sauf bien sûr quand il s'agissait de me frapper dès que je faisais quelque chose de travers. Mais bon, je préfère ne pas ressasser les mauvais souvenirs.

Par chance, je n'habite qu'à cinq minutes de mon lycée, ce qui fait que j'arrive à 08h23, j'ai seulement quelques minutes de retard.
Le pion chargé de la sécurité me fusille du regard lorsque je pénètre dans l'établissement. Peut-être que si il ne ressemblait pas à un hibou, les élèves auraient plus peur de lui et feraient des efforts pour arriver a l'heure ?

Tout à coup, j'entends quelqu'un courir derrière moi.

Je me retourne. C'est Arthur.
Sérieux, pourquoi lui ?

Il entre dans la cour sans prêter attention à l'homme qui le défie du regard à son tour, et il remarque que je le regarde d'un air mauvais, puis choisi de m'adresser très poliment la parole :

- Tu me mates depuis longtemps, sorcière ? Je suis si beau que ça ? me dit-il, un sourire arrogant collé aux lèvres.

- Ferme ta gueule, l'alien. Et vu le peu de temps dont tu es arrivé après moi, j'ai l'impression que tu me pistes.

- Tu crois vraiment que je m'intéresserait à une fille aussi tarée que toi ?

- En tout cas, tu m'apprécie assez pour être encore ici à me parler... je ricane.

- Crois-moi, ce n'est pas par choix ; me lance-t-il avant de filer vers sa salle de classe.

On s'es toujours détestés, Arthur et moi, bien que nos parents soient très amis (enfin, surtout ma mère). J'avais des vues sur lui en CE2, mais notre rapprochement n'a pas été plus poussé que ça, d'autant plus qu'il ne l'a jamais su.

Le temps de me remémorer ces souvenirs honteux, j'arrive en salle de SVT. J'ouvre la porte sans toquer et m'assois à ma place, sous le regard ahuri de ma professeure.

- Voyons jeune fille, mais que sont ces manières ?!

Son langage m'énerve.

- Allez chercher un billet de retard, et que ça saute !

Son langage ET sa personnalité m'énervent.

Même si je n'en ai franchement pas envie, je me lève de ma chaise et sors de la classe, toujours sans calculer ma prof et sous le regard amusé de plus de la moitié de la classe.

J'arpente longuement les couloirs. Ça m'a toujours fasciné, un lieu aussi étendu qu'on peut difficilement voir sa fin. C'est... je ne sais pas comment expliquer, mais ça me fait quelque chose de spécial.

Je me résigne enfin à aller chercher un billet de retard. Sur le chemin je croise deux employés en train de discuter et trop occupés pour me prêter attention. Encore heureux : un jour j'ai eu affaire à l'un d'eux, et comment dire que ma présence n'était pas très légale...

Cinq minutes plus tard, je crois apercevoir un élève. En me rapprochant, je constate que j'ai vu juste. Le seul bémol est que je connais cette personne, je la connais même un peu trop bien : c'est Tristan, le meilleur ami d'Arthur qui m'a aimé pendant une bonne partie du collège (ou du moins c'est ce que ses potes me répétaient), et il me semble qu'il me regarde encore les rares fois où je parle à son meilleur ami.

On se croise, et il me souffle un « salut » timide. Par gentillesse, je lui accorde un signe de tête en guise de réponse.

Pas question que je lui dise un moindre mot, car Arthur l'apprendrait et il me le répéterait pendant deux mois minimum, alors autant tuer l'oiseau dans l'œuf.

Une fois le malaise passé, je descends un escalier pour ensuite entrer à la vie scolaire. Par chance, je suis la seule à me retrouver dans la petite pièce, l'attente n'est donc pas trop longue. Surtout que l'odeur qui flotte en permanence dans cet endroit n'est pas des plus agréable.

Une fois mon billet en main, je retourne en classe, entre toujours sans frapper et tends le petit papier du bout des doigts à ma professeure de sciences, qui me regarde d'un air mauvais.

Je fais mine de ne rien remarquer et m'assois mollement sur ma chaise. 08h38, il reste 40 minutes avant la fin du cours, j'en profiterai pour rattraper ma nuit sur mon pupitre.

* * *

J'espère que ce chapitre un peu court vous aura plu, n'hésitez pas à me dire votre ressenti et les améliorations que je peux faire !

Rendez-vous au prochain chapitre...

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