Chapitre 72 : L'héritage du mal

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Quand cet homme des plus antipathiques se saisit de ma baguette pour la briser sous mes yeux, mon univers implosa. Jamais je ne ressentis pareils sentiments, je ne saurais même pas les décrire tellement c'était intense. Une chose était certaine, je ne souhaitais cela à personne. Cette vision d'horreur me réveilla en sursaut, je transpirais à grosses gouttes et mes cuisses, pas encore cicatrisées, étaient endoloris. Je me rendis à la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage et me regarder dans le miroir. J'avais réellement une tête de méchante. Au fond, quel intérêt de tout faire pour aider les autres si je passais toujours pour la connasse de l'histoire ? Ce serait vraiment plus simple d'assumer mon côté sombre et d'emmerder le monde. Je savais que je n'étais pas comme ça. Même avec toute la volonté possible, faire consciemment du mal aux autres était au-dessus de mes forces...


En me réveillant de nouveau, j'eus la surprise de trouver un mot d'Orion et une boîte sur ma table de chevet. Entraîne-toi et ne fais pas de conneries, voilà ce qu'il m'écrit. Je lus cette phrase avec son ton le plus sombre qui résonnait dans ma tête. En ouvrant ce « présent, » je découvris une nouvelle baguette.

– C'est celle de Gwendoline, lança froidement mon oncle. Je te préviens, s'il lui arrive quoi que ce soit...

– Je saurais m'en montrer digne, répondis-je d'un ton désagréable.

[...]

J'étais douée, j'étais Adara Selwyn, mais même avec cet atout, je ne parvenais pas à maîtriser pleinement la baguette de feu ma tante. Non pas qu'elle me résistait, c'était plutôt comme si je ne pouvais pas aller aussi loin que je le souhaitais. Un peu comme si elle avait été programmée pour un certain type de magie, celle qui ne faisait pas de mal gratuitement. De toute façon, je n'avais pas le choix de perfectionner son maniement, n'ayant rien d'autre à faire de ma vie.

Néanmoins, je voulais mettre tout ce temps libre à un autre profit. Cette haine, cette colère, mon côté sombre. Tout ça devait forcément venir de quelque part. Orion ne m'en parlerait pas, même si je lui demandais. Je pris donc seule la décision de faire des recherches sur mon père : Esteban Atano.

[...]

Finalement, ce ne fut pas aussi dur que prévu. J'avais réussi à remonter ma généalogie sur trois générations. En commençant, j'étais loin d'imaginer à quel point mon père était une horrible personne. Lorsqu'il a été arrêté pour les meurtres de Gwendoline et de ses parents, il a avoué avoir massacré sa famille. Il a commencé par ses tantes paternelles, Luciana et Emily Atano, avant de s'en prendre à son grand-père, Gabriel. Ce dernier était un élève de Poufsouffle un peu particulier. En effet, il n'était arrivé à l'école qu'en cinquième année et aurait sauvé Poudlard de l'attaque d'un gobelin, mais je n'ai quasiment rien trouvé sur cette affaire. Enfin, si, le bougre s'appelait Ranrock et avait semé une sacrée pagaille il y a un siècle. Bravo à celles et ceux qui auront la réf xD.

Concernant mes grands-parents paternels, je n'ai presque rien déniché de probant. Ézéquiel Atano et Lysandra Pallow, tous deux morts d'une mystérieuse maladie en 1967, laissant leur fils à une gouvernante slave pour que leur fils termine ses études à Durmstrang. Je me demande pourquoi Esteban n'a pas étudié à Poudlard comme le reste de sa famille. Sans doute pour perfectionner sa magie noire. Plus j'en apprenais sur lui, moins l'envie de le rencontrer me tentait. Même si j'ai aperçu un père à peu près aimant dans la pensine, je ne pense pas qu'il soit un homme bon. Il restait un tueur en série après tout.

[...]

Les semaines passaient et je maîtrisais de mieux en mieux la baguette de Gwendoline. Quand Orion apprit pour mes recherches, il revint vers moi. À ma grande surprise, il se montra doux et paternel. Je m'attendais à ce qu'il m'engueule ou me frappe, mais il se contenta d'accepter.

– Tu penses sans doute que la magie noire coule dans nos veines. Après tout, les Selwyn ont servi le mal et les Atano n'ont pas toujours été des gens bons, affirma tristement mon oncle. C'est pour cela que je t'ai fait sortir de Poudlard. Je refuse que tu perpétues le cycle en rejoignant le Seigneur-des-Ténèbres.

– T'es au courant que j'ai plus envie que jamais de devenir une Mangemort ? Les yeux d'Orion s'écarquillèrent avant de briller de colère. Je veux vaincre Voldemort, et sauver Drago, parce que je l'aime plus que tout. Évidement, nous aussi, si on pouvait survivre, ce serait mieux.

– Adara, tu n'as pas les épaules pour cela, tes sentiments t'aveuglent. Tu ne vis que pour ta haine depuis ton renvoi. Si je t'ai donné cette baguette, c'est pour que tu comprennes qui tu es vraiment.

Tout devenait limpide dans mon esprit. Malgré ce que pouvait dire Orion, je ne comptais pas m'arrêter là. Certes, mes sentiments étaient un problème, un frein même. Mais le fait est que c'était la seule chose qui me faisait avancer. J'avais conscience que haïr la seule personne capable de nous sauver était contre-productif. Il me fallait simplement apprendre à rediriger ma négativité vers nos véritables ennemis. C'était là la leçon que mon Mentor devait m'enseigner.

[...]

Même si je n'étais pas encore officiellement une Mangemort, j'avais retrouvé le droit d'aider Drago à distance. Pour être franche, je commençais à devenir dingue. Depuis plusieurs semaines, mon oncle était le seul être humain que je côtoyais. Il y a bien eu la visite des agents du Ministre pour contrôler mon obéissance au système, mais c'est tout. Contrairement à ce que je pouvais laisser paraître, mes amis me manquaient terriblement et je n'osais imaginer ce qu'ils pensaient de moi en ce moment. Je me rendis alors chez Barjow et Beurk pour espérer trouver un moyen de faire entrer des partisans de Voldemort à Poudlard. Pas de doute, j'étais l'une des méchantes de l'histoire.


Je n'avais pas eu d'échanges non-professionnels avec Drago. J'ignorais donc ce qu'il pensait de la situation et de la nouvelle moi. Nous étions toujours bloqués à mi-chemin. Le voyage entre la boutique et le château posait encore des problèmes. Chaque fois que je venais, je sentais le pesant regard de Beurk se poser sur moi, ça me filait la chair de poule. Je détestais ce type, cette vie aussi. Mais je devais faire ce sacrifice pour espérer avoir un meilleur avenir.

– Vous voulez ma photo ? grognais-je pour faire déguerpir cet affreux personnage de ma vue.

Les mots formels que nous échangions avec le blond ne me satisfaisaient pas. Je crus un instant qu'il allait mourir et j'ai compris qu'il était le seul garçon au monde capable de faire battre mon cœur. Je devais transgresser les règles et lui écrire une lettre plus intime. Cela faisait un bon moment que je n'avais pas sollicité l'aide de Brownie, mais Orion me rappela que sa drôle de couleur ne passerait pas inaperçue. Il me prêta donc un autre hibou pour correspondre avec mon bien-aimé. Bordel, je vomissais cette personnalité. Être mielleuse et amoureuse, ça ne me plaisait pas.

– C'est de ton âge, les joies de l'adolescence, se moqua Orion.

– Tu as été amoureux avant Gwendoline ?

– Malheureusement, non, j'ai bien eu quelques prétendantes, mais rien de sérieux. Il faut dire qu'avec la guerre qui approchait, mon groupe n'était pas celui qui cherchait le plus à vivre des amourettes de jeunesse.

J'ai toujours connu Orion comme était un homme stoïque, sérieux et peu loquace. Même si j'ai rencontré sa version plus jeune, je ne le voyais pas comme une personne normale. Déjà à onze ans, c'était un mentor de trente-cinq ans. D'après lui, c'était une bonne chose que je me laisse aller à des bêtises de mon âge. Je ne pouvais pas rester enfermée dans ma déprime éternellement. Cela faisait trop longtemps que ma vie était entre parenthèses et cela commençait à sérieusement impacter ma personne. C'est ainsi que ma lettre « d'amour » pour Drago parti en direction de Poudlard.


1330 mots. Un chapitre plus facile à écrire que prévu. Je vais sûrement modifier des trucs dans le second jet, mais je l'aime bien quand-même. On commence doucement à entrer dans le dernier arc de la fanfiction. Êtes-vous prêts mes chokoalas ?

Plus qu'une PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant