Chapitre huitième

91 10 0
                                    

°

°

°

— Rien d'important, réponds-je, gênée.

°

°

°

Une heure. C'est ce qu'affiche l'écran de mon téléphone lorsque je l'allume pour regarder l'heure. 

Pratiquement deux heures. Le temps qui s'est écoulé depuis que nous nous sommes couchés. Je n'arrive pas à fermer l'oeil. Et je ne sais pas pourquoi. Est-ce que c'est à cause du fait que je dorme dans la chambre de vacances de mon enfance ? Ou parce que j'ai retrouvé ma famille ? Ou parce que la journée a été forte en émotion ? Ou alors, est-ce que le fait de savoir que mon ancien harceleur est actuellement dans le même lieu que moi me perturbe ? Je n'en sais strictement rien. Je ne comprends pas. 

Par la baie vitrée ouverte, j'observe la lune qui éclaire ma chambre. Déjà quand j'étais plus petite, je m'amusais à la regarder avant de m'endormir. Parfois, je le faisais avec Pablo quand il n'arrivait pas à s'endormir non plus et qu'on finissait par dormir ensemble, malgré les protestations de ma grand-mère. 

Doucement, je me lève et fais quelques pas pour sortir de la chambre en ramassant mon gilet que j'enfile. Je descends les escaliers qui mènent à la pièce à vivre et passe faire un tour aux toilettes avant de me rendre à la cuisine, me servir un verre d'eau. 

Appuyée contre le plan de travail vers la fenêtre, je détaille encore et toujours la lune et cette fois-ci, j'admire les constellations qui l'entourent. 

Bah alors, on ne dort toujours pas ? murmure une voix en français.

Je sursaute. Il a utilisé exactement ce même chuchotement lorsqu'il m'a...

Mes doigts se crispent autour de mon verre. Ça y est. Tout s'éclaircit dans mon cerveau. Voilà pourquoi je n'ai rien ressenti lorsqu'il s'est présenté devant moi ! Parce que je n'étais pas seule. Là, j'y suis. Et je me sens faible et impuissante

Les chairs de ma gorge se nouent. C'est la première étape. 

Je ferme les yeux en lâchant un long soupir et commence à compter jusqu'à trois, lentement dans ma tête. 

Dis-moi, fait-il en s'adossant à mes côtés, tu fais quoi dans la vie ? Tu vois, on n'a pas trop eu l'occasion de parler en tête à tête et puis, ça m'intérresse de savoir.

Mia, hurle s'il te fait quelque chose. On t'entendra. Tu le sais. 

Je m'occupe, chuchoté-je, toujours les yeux clos.

Tu t'occupes ? À faire quoi ? Sucer ton chinois ? Parce que vu la bagnole qui est garée devant la maison, j'imagine qu'il est blindé de fric. 

Non, pas le moins du monde. Et pour ta gouverne, ce n'est pas un chinois mais un coréen donc évite de parler de quelque chose que tu ne sais pas, tu passes encore plus pour un con.

Un silence s'installe. Voilà, ferme-la et remonte te coucher. Les chiffres m'aident et dénouent peu à peu l'inconfort dans ma gorge. 

Allez, dis-moi ce que tu fais comme boulot, ça ne va pas te tuer. Entre nous, on peut tout se dire, tu le sais bien.

Bien au contraire, entre nous, on ne peut rien se dire. 

Je pose mon verre dans l'évier et sors de la cuisine. J'entends ses pas me suivre.

L'épouse de la mafia T2 | Park Jimin | TERMINÉEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant