𝟷 | 𝚃𝙾𝚄𝚃 𝚁𝙴𝙲𝙾𝙼𝙼𝙴𝙽𝙲𝙴𝚁.

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♫: The Beach, mxpheebz.

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ESMÉE

QUELQUES ANNÉES PLUS TARD.

Brookfield, Wisconsin.

Au bal des pires sentiments, la mélancolie serait élue reine du bal haut la main.

La mélancolie est dévastatrice. C'est un sentiment difficile à comprendre et à gérer.

Un sentiment sans pitié.

C'est quelque chose que je porte sur mes épaules depuis longtemps maintenant.

C'est épuisant à supporter au fil des années.

Dans les moments comme celui-là, la reine mélancolie est à son paroxysme.

Assise sur le siège passager de cette voiture, mes genoux sont ramenés contre ma poitrine et ma tête est posée dessus afin d'observer la pluie qui tambourine sur la vitre. Les gouttes de pluie semblent se faire la course, cherchant la liberté de s'évader mais ne trouvant que la brise les emportant. Triste dénouement pour avoir seulement cherché la liberté.

Dans cette sombre existence sur Terre, l'innocence se voit balayée par le courant impitoyable du destin, tandis que le perfide triomphe dans l'obscurité de l'injustice.

C'est ainsi.

Il fait gris et nuageux, il n'y a pas un rayon de soleil. La pluie tombe à forte averse toutes les 10 minutes environ. C'est déprimant, j'ai l'impression que partout où je vais j'emporte avec moi le mauvais temps.

Chers habitants, vous n'êtes pas prêt de voir le soleil se pointer dans cette fichue ville.

J'observe le paysage qui défile devant mes yeux à travers la vitre. Les nombreuses collines se chevauchent et laissent les nuages apparaître entre elles, les champs s'étendent sur des milliers d'hectares qui longent la route. J'aperçois des chevaux qui galopent à une allure folle à travers de grands grillages qui les encerclent.

Lorsque je suis en voiture, c'est comme si je voyais le temps défilé devant mes yeux à toute vitesse et que je ne pouvais rien y faire. Je me sens impuissante, inutile, spectatrice.

Comme si la Terre me montrait l'étendue de la vie, les secrets qu'elle renferme, tout en m'interdisant d'y prendre part.

Regarder la pluie s'abattre sur ces étendues de verdure m'apaiserait presque. Je trouve la pluie agréable.

Plus les heures défilent dans cette voiture, plus j'approche d'une vie que je ne connais pas, d'une famille dont j'ignore tout. L'anxiété prend possession de mon corps petit à petit.

Je suis assise à côté d'un homme que je ne connais pas, et qui m'emmène « tout recommencer ».

Il y a un mois les directeurs et éducateurs du foyer on fait une réunion pour m'annoncer une « nouvelle inattendue » d'après eux.

Après 4 ans ici, une famille s'est proposée pour m'adopter.

Je hais ce mot. J'ai l'impression d'être une contrainte, quelque chose dont il faut se débarrasser.

PAINKILLER Où les histoires vivent. Découvrez maintenant