PAINKILLER

𝟸 | 𝚂𝙾𝙻𝙱𝚁𝙾𝙾𝙺 𝙰𝙲𝙰𝙳𝙴𝙼𝚈.

♫: Idea 10, Gibran Alcocer.

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ESMÉE

Brookfield,
Wisconsin.

Cela fait déjà quatorze jours depuis mon arrivée ici. Deux semaines à cohabiter avec Jonathan. Le temps file à une allure prodigieuse, me donnant l'impression que je ne suis là que depuis hier. C'est assez frustrant.

À ce jour, le visage de Christelle et d'Anna m'est encore inconnu. Jonathan m'a dit qu'elles avaient prolongé le séjour jusqu'à fin août, afin de profiter des plaisirs ensoleillés de Miami.

C'est sûr que ce n'est pas ici qu'elles trouveront le soleil. À Brookfield, le beau temps semble se dérober. L'été se mue en automne.

Après tout je ne vais pas m'en plaindre, j'ai une affection particulière pour cette saison.

En automne, la nature se pare de milliers de nuances. Les feuilles des arbres dansent dans l'air, passant du vert éclatant à des teintes plus sophistiquées. Une brise fraîche s'engage à caresser tendrement les joues, portant avec elle l'odeur enivrante des feuilles humides et des fruits mûrs. Le soleil, bien que moins ardent, baigne encore le paysage d'une lumière dorée et douce, créant des ombres allongées sur le sol. Les jours raccourcissent, offrant des soirées propices à la contemplation devant un feu de cheminée ou à une promenade sous un ciel étoilé.

C'est ma saison préférée. Et je ne le dis pas uniquement parce que je suis une fervente admiratrice de Gilmore Girls.

Bon, peut-être un peu, j'avoue.

En tout cas, je  n'échapperai pas longtemps à Anna et Christelle. Leur arrivée, ainsi que la rentrée qui approche, surviennent bien plus vite que je ne l'aimerais.

La simple pensée de devoir encore m'adapter à de nouvelles personnes suffit à faire naître une boule de stress dans mon estomac. J'ai constamment cette appréhension de ne pas être assez bien, de ne pas être à la hauteur. J'ai cette crainte de décevoir toute personne qui place un quelconque espoir en moi.

Cette peur de décevoir les autres a bien souvent causé ma perte.

En plus, j'ai l'impression de m'immiscer dans leur sphère familiale, c'est assez délicat.

Pendant ces deux semaines, j'ai l'occasion de connaître un peu plus Jon. Ça a été un peu compliqué au début. J'étais assez fermée à la discussion, et au fil des jours, c'est devenu un peu plus fluide.

Je tiens à souligner que c'est lui qui insiste pour que je le surnomme « Jon ». Selon lui, et je cite : « Jon ça fait tout de suite langage de jeun's ! Ça me rappelle mes années de lycée, j'étais un véritable Don Juan à l'époque ! ».

Un Don Juan...

Ouais.

Je n'ai évidemment pas osé lui dire que c'était super gênant. Mais bon, il avait tellement l'air heureux que je l'appelle ainsi.

Soit.

Finalement, je crois qu'il n'est pas aussi horrible que je l'imaginais. Il est même sympa en fait. Un peu chelou, mais sympa. On a pu échanger plusieurs fois ces jours ci, et c'est différent, il est différent. Il n'a rien à voir avec les figures d'autorité que j'ai connue jusqu'à présent.