SPLEEN

𝖈𝖍𝖆𝖕𝖎𝖙𝖗𝖊 𝟏

»»————-　☾　————-««

Sana

La noyade.

Si j'avais la possibilité de choisir ma mort, la façon dont je souhaitais mourir, j'opterais pour la noyade.

Pour que ma mort soit aussi glorieuse que ma vie, aussi brutale et morose. Preuve que tout ce combat n'était pas en vain.

Je souhaiterais plonger dans une eau profonde, et ne jamais en ressortir, perdue au fin fond de l'océan.

Sentir mes poumons manquer d'air.

Mon corps se débattre contre les vagues.

Ma bouche se remplir d'eau.

Mon cœur ralentir petit à petit, comme au rythme d'une douce mélodie.

Et partir.

Loin d'ici.

— Je viendrais vous chercher à la fin de votre journée, me prévient le chauffeur en freinant.

Abandonnant mes sombres pensées, j'acquiesce vivement, lisse ma courte jupe quadrillée et quitte le siège passager. Je claque la porte dérrière moi, puis observe le SUV noir faire demi tour et partir en direction de ma prison dorée.

Enfin, je tourne les talons et prends une grande inspiration en admirant mon nouveau lycée. Un paradis pour les riches, et un cauchemar pour les personnes un peu plus modestes.

En ce doux mois d'octobre, la célèbre école Sainte-Carol ressemble à un vaste château hanté. Les différents bâtiments sont construits en vielles briques, une grande tour sonnant la cloche surpasse de haut l'établissement et une longue grille noir protège l'entrée. Le brouillard du matin, le béton mouillé, et les arbres aux feuilles oranges ajoutent une ambiance plus lugubre au lieu.

Accompagnée de ma musique préférée contre les oreilles, je prends une profonde inspiration, contourne des groupes d'élèves dispersés un peu partout, et me dirige vers l'entrée. Mais — bien évidemment ! — je suis stoppée dans mon élan quand un dos m'heurte en se reculant sans prêter attention aux autres.

— Eh ! m'exclamé-je en abaissant mon casque bluetooth.

Le coupable de cet imprudence me jette un regard jugeur puis retourne rigoler avec ses potes. Mais je ne vais pas me laisser marcher dessus, encore moins mon premier jour.

La première impression est importante, dit-on. Et bien on va voir ce que ces petits privilégiés vont penser de moi.

De mes deux mains, je pousse assez fort le garçon pour qu'il avance d'un pas, bousculant son ami sur son passage..

— Eh, connard ! Apprends à regarder où tu mets les pieds. Et à t'excuser aussi, ça serait pas de trop.

Cette fois, il se retourne complètement vers moi pour me dévisager de la tête aux pieds. Ces deux autres potes font de même et j'entends des chuchotements intéressés tout autour de moi.

— Excuse-moi, mais t'es qui ? Je ne t'ai jamais vue ici. Et pourtant on peut pas te rater avec tes gros traits noirs sous les yeux. T'es genre quoi ? se questionne-t-il en soulevant une main devant moi. Une gothique ?

Il rit.

Seul.

— Super drôle, mec. On me l'avait jamais faite. Vraiment original. Mais toi t'es quoi ? Le sportif populaire qui pense que le monde tourne autour de lui ? Sale bouffon...

Le blond à ses côtés explose de rire, et son autre ami se retient la main devant la bouche. Je comprends seulement leur réaction lorsque le garçon arrogant réplique :