𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓: Règlement de compte.

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𝐒𝐇𝐀𝐍𝐍𝐀


𝖮'𝖡𝗅𝗈𝖼𝗄, 𝖢𝗁𝗂𝖼𝖺𝗀𝗈,
𝟣𝟧 𝗌𝖾𝗉𝗍𝖾𝗆𝖻𝗋𝖾 𝟤𝟢𝟤𝟥.

Depuis hier, la panique ne retombait pas. Elle m'enserrait, m'enfonçant dans les méandres vicieuses de l'anxiété. J'avais besoin de souffler. De rester seule. Et à l'inverse, j'avais besoin de crier sur tout le monde. D'exprimer la tension qui me bloquait depuis des heures.

    En effet, je tournais en rond. Je faisais les cent pas dans l'appartement, ayant fui l'université, et les appels de Quincy Brown qui cherchait à me voir pour causer des dégâts pour son Dinner. Mais je n'avais tout sauf envie de me remémorer les souvenirs de cette tragique nuit.

    Les pompiers étaient arrivés sur place rapidement. C'était déjà trop tard. Trevor Jefferson nous avait quitté le quatorze septembre, en fin de soirée. Miles nous avait fait sortir de là-bas avant que la police n'arrive. Et comme ils ne pouvaient mettre les pieds à O'Block, près de mon bâtiment, ils ne pourront pas m'interroger tout de suite.

    Toutefois, ils le feront. Un jour ou l'autre, je devrais bien témoigner. Ils doivent simplement prendre des pincettes pour le moment. Et les caméras de surveillance doivent expliquer la scène plutôt bien, sans la nécessité de connaître notre version dans les plus brefs délais.

    Latisha avait encaissé le choc, si on en croit ses dires. Peut-être qu'elle fait juste semblant. Ou peut-être que la violence du quartier est devenue monnaie courante, tellement que plus rien ne choque. Dans tous les cas, elle semble aller de l'avant.

Mais je n'y arrive pas.

— Tu peux me dire pourquoi tu tournes comme ça, Nana ?

Tony débarque dans le salon en sortant de nulle part. Même si, techniquement, il habite chez lui. Donc ce n'est pas tellement surprenant qu'il soit présent ici, et surtout, qu'il bouge. Je lui lance quand même un mauvais coup d'œil.

— T'es pas en cours, toi ? dis-je.

— Pas encore, répond-il. Il est encore trop tôt. Et je peux te poser la même question, même si t'as pas répondu à la première.

En soupirant, je lève les yeux au ciel. Ce gosse est un sale gosse. Que j'aime de tout mon cœur, malgré le fait que je ne lui dirais jamais.

— Tu sais ce qu'il s'est passé au O'Dinner, hier soir ? questionné-je pour savoir par où je devais commencer.

— Et toi tu vas vraiment répondre à toutes mes questions par des questions ? reprend-il en me regardant de haut en bas, en s'allongeant sur le canapé.

Dans ces instants là, je regrette le moment où je ne l'ai pas laissé dans un foyer. Surtout quand je le vois manger ses céréales sans lait.

— C'est exactement ce que tu viens de faire, soupiré-je. Bref. C'est en rapport avec ta question justement, donc ?

— La fusillade ? Oui, je suis au courant. Mais t'étais pas de garde... Ah, si. T'étais de garde. Ça va ?

De nouveau inquiète, je me tourne vers la fenêtre. Tout semble normal. Enfin, du moins, il n'y a pas de scooter et d'hommes à la cicatrice.

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