Braheem sait parler

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Les jours passent, et la nouvelle fait rage. Diénah a porté plainte pour viol et attentat à la pudeur. Les interventions se multiplient dans la maison et la femme les rembarre une à une. De plus d'autres voisins la rejoignirent dans l'accusation. Après la bagarre, d'autres enfants se sont plaint des incartades de Fatim. Au total 13 enfants tous des garçons, vont dénoncer des attouchements et des écarts de comportement à caractère sexuel.
Celle-ci est d'ailleurs cueillie par les agents de la police chez elle en pleine journée. C'était trois voitures blanches teintées partiellement en bleu. La lumière et le son de leurs gyrophares contribuent à leur entrée en trombe et fanfare. Tout le monde s'écarte, tout le quartier est balayé en une fraction de seconde. Les agents quadrillent toute la zone de bout en bout. Certains restent à l'extérieur à des azimuts stratégiques, d'autres entrent dans la demeure pour prendre la suspecte. Elle sortit menottée, dos courbé et accompagnée de deux policiers qui le tenaient par le cou et par l'épaule. Ils la précipitèrent sous la regard choqué et étonné de certains voyeurs, tout en ignorant les lamentations de son mari Bocar.
- Polissé! Ki daniou ko tonie! Bayi len ko! Ki ngén wara diap moy Diénah

Les véhicules partirent aussi vite qu'ils sont arrivés. Une descente réussie et sans bavure digne d'un film hollywoodien. Fatim était partie pour être retenue pendant 48h, soit la période de garde à vue légale. Arrivée à la poste de police de Sicap Mbao, elle fut de suite placée dans la salle interrogatoire. C'est une salle minuscule, mal éclairée par une lampe néon avec le minimum de commodité. Elle est assise de longue minutes quand tout à tout un monsieur entre a vive allure. Il pose brutalement des dossiers sur la table qui provoque un écho puis retrousse vigoureusement ses manches. Il parle sans même saluer.

- Fatim Faye? Yaw yay sakou xallé yi!
- Détét polissé! Man daniouma toumal
- Loutax niou toumal leu?
- Soxor rk! Man défouma keneu dara.
- Fatim! Fi koufi fen dinaniou ko xam. Lane nga def xallé bi
- Man Braheem sama dom la. Beutou dom lakoy xolé
- Xallé bi limou bindeu lerr neu. Néna yako teudé. Té yaw sax dou mom kassé moko wax. Li yagg neu si ioe.
- Dédét boubou dama dioumon
- Dioum? Yaw waxal deugue! Nakh nga wax ko ak niak ko wax dina niou ko xam
- Li nioumay waxal dou deugue meun nala ko wattal
- Fi amoul yalla amoul yonent amoul serigne. Lén mofi ame mou yoon ak deugg! La justice rien que la justice.
- Deug rek la wax.
- Lepp dineu lerr! Xolatal bou bakh li ngay wax

L'agent ressortit de la salle confiant.

- Elle va craquer! Confiait il à ses collègues.

En effet, il a appliqué une tactique policière qui vise à démoraliser son interlocutrice, semer le doute dans son esprit afin de la faire avouer. Cependant, Fatim telle une roche était insensible, tenace et pugnace, elle ne se laissait point intimider. Cette démonstration de force ne l'impressionnait nullement, elle s'était préparée en connaissance de cause. A 22h! C'est la nuit qui est tombée mais aucun aveu. Les inspecteurs ne trouvaient pas la faille et Fatim dans une posture de victime leur tenait tête. Une partie d'échec qui s'éternisait d'autant plus que le temps jouait pour la femme. Elle se dit :

- je n'avouerai rien de ce qu'on m'accuse. Ils n'ont rien contre moi, aucunes preuves. Ça sera ma parole contre la sienne.

Le lendemain, soit deuxième jour de la garde à vue, Fatim épuisée toujours sur la chaise se plaint de son traitement.

- li dou yon! Diapp garmi bou melni man dima toroxal! Je vais le dire à mon avocat.
- Fermes la! Nous ne sommes pas à l'hôtel.

Répondit sèchement un agent. Il poursuit :

- teudé gonné yi ba parei di ame loy wax. Teudieul sa lamigne.
- Je vais le dire à mon avocat. Je connais mes droits.

C'est juste à cet instant que Dienah fit irruption dans le commissariat, tenant Braheem à la main gauche. L'enfant est étonnamment bien sur lui. Élégant pour un si jeune gamin avec sa chemise rouge à rayures noires. Il suce sa pouce en regardant vers le bas. L'ambiance dans la poste est étrange pour lui malgré la préparation mentale de sa mère. Il se disait:

Braheem: la prémonition Où les histoires vivent. Découvrez maintenant