Chapitre 5

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Les trois pirates étaient restés au chevet de leur capitaine toute la nuit, et alors que le jour se levait enfin, Swan n'avait toujours pas repris connaissance. En revanche, suite à leur bain de minuit improvisé, sa fièvre était tombée. La plaie avait été nettoyé et le pansement changé dès leur retour dans la cabine afin d'éviter tout risque d'infection. Les deux hommes s'étaient relayés auprès de leur capitaine afin de pouvoir se reposer un peu mais Tamy n'avait rien voulu entendre. Elle n'avait pas bougé de son siège depuis des heures, se contentant de garder la main de Swan au chaud entre les siennes, de l'amener à ses lèvres de temps à autres, lui murmurant quelques phrases à l'oreille, l'encourageant à se réveiller et leur revenir au plus vite.

— Tamy, essaya une nouvelle fois Sully, tu devrais aller te reposer un peu, on reste auprès d'elle.

— Je me sens bien ça va, je reste.

— Cela fait des heures que tu n'as pas bougé, va au moins marcher quelques minutes et prendre un peu l'air ça te fera du bien, insista-t-il.

— Je ne bougerai pas, lui répondit la jeune femme en détachant chaque mot, le fixant d'un regard dur.

Le lieutenant s'avoua vaincu dans un soupir résigné et reporta son regard sur le corps toujours inanimé entre eux.

— Allez ma grande, il faut que tu te réveilles maintenant. On a besoin de toi. Tu es notre capitaine, notre cheffe, notre amie. J'ai besoin de toi Swan, implora-t-il tendrement en caressant sa chevelure blonde. Tu te rappelles quand nous étions gamins ? On passait des heures à parler d'avenir toi et moi, en rêvant de jours meilleurs. On voulait tous les deux une famille, le grand amour et rien de plus. Et regarde-nous aujourd'hui, deux pirates sans attaches voguant au gré des flots. Des pirates respectés, nous l'avons construit ensemble notre famille. Tous ces hommes, ton équipage, c'est notre famille. Et on a besoin que tu sois avec nous. Tu es le chef de cette grande famille. Et, continua-t-il la gorge serrée, je t'aime grande sœur. Il faut que tu te réveilles.

Il essuya discrètement l'unique larme qui s'était échappée de ses yeux.

— Tu es... trop sentimental Sully, répondit une voix faible et éraillée.

— Swan ! Bon dieu tu es réveillée ! Il était temps. Comment tu te sens ? débita-t-il en se relevant d'un bond.

— Tu te rappelles... les premiers soirs à bord de ce navire ? prononça-t-elle difficilement, sa bouche était sèche mais Sully hocha la tête. Et ben je me sens pareil, reprit-elle. Comme si je venais de passer sous la coque du bateau, ajouta-t-elle dans un sourire. Qu'est-ce qui s'est passé ? Est-ce que... continua-t-elle avant d'être prise d'une quinte de toux.

— Chut, ça va aller Swan, doucement, tiens bois un peu cela te fera du bien, l'interrompit son ami en lui tendant un gobelet. Tu as perdu beaucoup de sang et tu as perdu connaissance, Jimmy s'est occupé de ta blessure mais la nuit a été difficile. Tu as eu beaucoup de fièvre et des convulsions. On a dû te rafraichir rapidement, énuméra le pirate.

— Est-ce la raison pour laquelle mes cheveux sont humides ? interrogea le capitaine un sourire moqueur sur les lèvres.

— Ecoute le temps était compté on a fait au plus vite, lui apprit-il gêné, nous t'avons plongé dans la mer, mais j'étais avec toi hein et puis ça a marché, ta fièvre est tombée, enchaina-t-il rapidement en se grattant la nuque nerveusement.

— Merci Sully, tu as vraiment une sale tête par contre.

— Tu t'es pas vue ma grande, répliqua ce dernier dans un sourire.

Le regard du capitaine s'était tourné vers Tamy qui était restée silencieuse depuis son réveil sans pour autant avoir lâché sa main. Se sentant soudainement de trop, le lieutenant se râcla la gorge avant de prendre congé, prétextant avoir besoin de prendre un peu l'air et de faire savoir la nouvelle du réveil de leur capitaine à tout leur équipage. Jimmy suivit ses pas et les deux jeunes femmes se retrouvèrent alors seules dans les quartiers de Swan. Un silence pesant s'installa entre elles mais ni l'une ni l'autre ne savait par où commencer. La jeune pirate avait tellement de choses à lui dire, elle devait lui avouer la vérité mais elle était effrayée par les possibles réactions de son capitaine. Comment allait-elle prendre une telle trahison ?

La légende du White CanaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant