Chapitre 1

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Après des mois en mer, le capitaine Jones avait finalement décidé d'accorder quelques jours de repos à son équipage. Et quel meilleur endroit que la grande cité d'Amaria pour profiter pleinement de ce répit. Depuis une grosse semaine maintenant, tout l'équipage du White Canary avait mis pied à terre et élu domicile dans une taverne près du port. Après avoir vidés de nombreux barils de vin et de rhum, avec l'aide de ses matelots, et avoir vu défiler de multiples femmes dans leur lit, le capitaine avait annoncé qu'ils reprendraient très bientôt le large. C'était leur dernière soirée à terre, le lendemain, dès l'aube, ils lèveraient l'ancre, alors toute l'équipe fêtait gaiement ses dernières heures de débauche.

Le capitaine Jones profitait tranquillement de la soirée, au fond de la taverne, un pichet de rhum à la main, avachi sur un tabouret. Son second, le lieutenant Sullivan, vint s'asseoir à sa table.

— Et bien capitaine, que fais-tu dans l'ombre ? lui demanda-t-il éméché. Viens t'amuser un peu avec nous !

— Merci Sully mais je n'ai pas envie ce soir. Je suis très bien ici, lui répondit aimablement son capitaine.

— Allons Swan, nous reprenons la mer dans quelques heures pour on ne sait combien de temps, et toi tu vas passer ta dernière soirée à picoler dans ton coin, sans aucune compagnie ? s'indigna le lieutenant le regard hagard.

— Fais pas chier Sully, j'ai pas envie c'est tout ! s'énerva le capitaine. Je vais prendre l'air.

— Oh ça va Swan le prend pas comme ça !

Le lieutenant regarda son capitaine sortir de la taverne d'un pas rapide et énervé. Il souffla d'exaspération et rejoignit le reste de l'équipage pour profiter comme il se devait des dernières heures à terre.

Le capitaine s'extirpa de la taverne et huma l'air du soir ; il faisait bon malgré l'heure tardive et cette nuit, l'alcool ne lui faisait aucun effet. Le pirate était perdu dans la contemplation des étoiles lorsque quelqu'un lui percuta le dos. Il se retourna violement, s'apprêtant à insulter vivement celui qui l'avait dérangé mais arrêta ses gestes lorsque son regard tomba sur une jeune femme au sol. Le capitaine s'approcha et dégagea délicatement une mèche de cheveux brun de son visage. Son souffle se coupa devant la beauté de la belle évanouie, son regard vaqua de gauche à droite, personne dans les parages, ses mains passèrent sous sa nuque et ses genoux et, dans la pénombre de la nuit, le pirate emmena la jeune femme jusque sur son navire. Il mit un premier pied sur le pont et, comme lors de chaque escale, fut surpris par le calme qui régnait sur son bâtiment, un mouvement de tête pour se reconcentrer et le corps inanimé de la jeune femme était délicatement déposé sur un lit de fortune dans l'une des rares cabines inoccupées. La porte fut refermée en douceur après un dernier regard vers l'intérieur.

Le capitaine n'était vraiment plus d'humeur à retourner dans la taverne, aussi il prit le parti de passer sa nuit dans sa propre cabine, une nuit au calme avant le retour de son équipage, bruyant et nombreux. Cette semaine à terre avait été rempli de débauche, de beuveries et de femmes, beaucoup de femmes. Une bonne nuit de sommeil n'était donc pas de refus avant de reprendre le large. Tant et si bien qu'à peine la porte fermée et le corps allongé sur son lit, le pirate s'endormit profondément comme rarement il lui était arrivé ces dernières années.

A l'aube, alors que son équipage remontait à bord, il chargea son lieutenant d'aller s'occuper de leur invitée après lui avoir raconté sa rencontre fortuite avec elle et se rendit à la barre de son navire, prêt à naviguer.


Quelques heures plus tôt alors que la nuit était tombée depuis plusieurs heures sur la grande cité d'Amaria, réputée pour être l'une des plus belles villes du monde, un pied sur terre et l'autre dans la mer, à la limite du grand désert et de la baie des rêves, dans la pénombre des couloirs du palais royal, une jeune femme encapuchonnée tentait de semer ses gardes. D'un pas assuré et furtif, elle se faufilait à travers les renfoncements, semblant connaitre le palais par cœur. Elle jeta un regard par-dessus son épaule avant de bifurquer à droite dans un nouveau couloir. C'était une voie sans issue, les gardes, sur ses talons, étaient convaincus de l'avoir enfin coincée ? Pourtant un fracas d'armes et d'armures se fit entendre lorsqu'ils rejoignirent le couloir désespérément vide. La jeune femme avait disparu. Ou disons plutôt qu'elle avait emprunté le passage secret dans le mur de gauche qui ne s'ouvrait que lorsque l'on savait sur quelle pierre appuyer.

La légende du White CanaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant