Ce matin, je me suis réveillée du pied gauche. La conversation au téléphone entre Pedro et l'inconnu d'hier soir m'a vraiment retourné l'estomac de gauche à droite. Mais surtout à gauche, puis mon pied a suivi la démarche. Je compte bien mener une enquête pour comprendre les paroles dont j'ai été témoin. C'est pas pour rien qu'on m'appelait Sherlock Holmes en maternelle. J'avais une obsession: découvrir ce qui se cache sous les slips des garçons. Maintenant je sais et je suis déçue. Je m'attendais à de vraies machines de guerre.
Mais plus le temps pour ce genre d'aberration. Aujourd'hui, je finis mon petit voyage dans la cour des grands. Je fais ma rentrée en terminale. Je vais retrouver tout le monde après quelques semaines de vacances et c'est vrai que ça me casse pas mal les roubignoles. De plus, Pedro doit m'accompagner au lycée. C'est réellement le plus gros malus de l'avoir en tant que guarda espalda. En plus du fait qu'il n'aime pas le nutella. Cependant, ça reste assez sexy d'être amené à l'école par son garde du corps aux allures de dieu grec que tout le monde trouve attirant. Sauf moi, qui le déteste, cela va de soi. Je peux me sentir escortée comme une reine à la Whitney Houston. Quel rêve.
Cela fait au moins 43 secondes que toutes ces pensées s'entrechoquent dans mon petit cerveau d'homo erectus, et cela me donne des nausées. Je décide alors de faire ce à quoi je suis la plus forte: me rendre belle. Bien que je le sois déjà beaucoup naturellement. Alors je mets sur mon 31 en enfilant un jean rose pipi et un t-shirt vert tige de rosier. Tenue assez basique mais c'est ce qui plait le plus à la gente masculine.
Ensuite, j'applique mon maquillage sur mon menton. J'ai décidé de ne pas en mettre sur mes oreilles aussi, car je ressemblerai à une fille de joie du cartel de zanahoria. Je déteste ce cartel, c'est l'ennemi de mi papa. Je regarde l'horloge et m'aperçois rapidement que je suis déjà très en retard, comme à mon habitude. Je descends donc en trombe les escaliers en bois de Tijuana, Mexico, et me remplit rapidement un verre de zumo de naranja. Encore dans la lune, je n'ai pas fait attention à Pedro qui se tient debout à l'entrée de la cuisine. Après avoir bu cul sec mon zumo de naranja, je me précipite vers la voiture. Je remarque que Pedro n'a toujours pas bougé d'un poil de cul et qu'il me fixe en souriant.
- "Qu'est ce que tu fous là? Bouge toi je vais en retard, je crie, et arrête de m'regarder comme ça, on dirait que tu m'aimes bien. Ça me donne envie de gerber.
Dans la voiture...
Je suis encore renversée par la discussion qu'avait eu Pedro avec cet étranger, et je ne peux cesser de me la répéter dans ma tête. Il faut absolument que je démasque ce que sont ces fourberies. Je commence alors par poser quelques questions en lui posant la question:
- "Je peux te poser quelques questions ?
- Avec plaisir tesoro.
- Sans vouloir paraître indiscrète, tu fais bien caca en ce moment? Tout va bien?
- Euh, je crois bien que oui. Pourquoi?, répond-il gêné.
- Non non comme ça..."
Ça ne m'avance pas vraiment. Je continue quand même.
- "Tu viens d'où d'ailleurs ?"
Son visage se raidit comme un balai à chiotte et il ne répond pas. C'est vraiment farfelu... Je décide de ne pas forcer plus pour ne pas être démasquée. On arrive au lycée et j'ai déjà hâte de retrouver Marta et Paola. Surtout Paola, Marta a sûrement oublié que c'était la rentrée. Si un jour elle pouvait seulement aligner deux neurones. Même si c'est pas sûr qu'elle en ait autant.
Plus tard dans la journée...
Ce premier jour de terminale se passe plutôt bien. Je suis tombée sur une bonne classe. Enfin je crois, je ne me souviens déjà plus de mes camarades. Tout ce que je sais, c'est qu'il y a au moins Pelayo, mon crush depuis le 3ème mois de la petite section. Je lui ai parlé une fois, c'était pour lui demander son livre de chimie. Il ne m'a jamais répondu, mais j'ai toujours su que c'était parce qu'il avait peur de me déranger. Il reste tout de même l'homme parfait. Au self j'ai mangé une petite purée au boudin blanc accompagné de ses haricots vert pisse. C'était délicieux. C'était un signe d'une bonne année à venir. Pourtant, la discussion matinale que j'ai pu avoir avec Pedro me tracasse encore.
La journée enfin finie, j'apperçois directement le pick up noir de pedro. Il m'attend, adossé contre la fenêtre de la voiture d'une façon plus que séduisante, muni de ses lunettes de soleil. Je peux le détester autant que je le voudrais, mais je ne peux pas nier le fait qu'il soit particulièrement attirant.
Arrivée devant la voiture, il m'ouvre la porte, sans un regard, sans un mot. Je m'installe, toujours rien...
- "Je sais qu'on ne s'apprécie pas particulièrement mais tu peux quand même pas daigner dire un mot?
- Bonjour Maria", décroche-t-il comme seule réponse.
Il ne m'avait jamais appelé par mon prénom. Sauf la fois où j'ai remplacé son beurre de cacahuète par du nutella. Je pense que la conversation de ce matin l'avait bien refroidi à au moins 8 000 degrés. J'aurais peut-être pas dû lui demander si son transit allait bien. Heureusement que je me suis retenue de lui demander des photos.
- "Ecoute, si c'est par rapport à ce matin, je m'excuse, je ne poserai plus aucune question."
Il lâche un petit rictus. Je décide de ne plus l'ouvrir, ça avait l'air de le perturber.
Après avoir fait un rapide détour à bricomarché pour acheter des graines à mes lapins, kiki et kikinette, on arrive enfin à la maison. Je suis affamée et je me jette directement sur la nourriture que Mamita m'a préparée. Elle fait les meilleures fajitas de Medellin, de toute la Colombie même. Après les 18 fajitas de mamita, les toilettes m'attendent. J'ai démoulé le plus gros cake de ma vie. J'ai pu parfumer l'atmosphère jusqu'à Bogota. Même plus besoin d'acheter de stupides parfums d'ambiance.
Je monte directement dans ma chambre et me plonge déjà dans mes livres, telle une sirène de H2O. La nuit est tombée sur le cartel de Medellin. Je sors mon téléphone et mes écouteurs et je lance Kendji Girac. C'est un chanteur français, enfin c'est ce qu'il laisse croire mais je pense plutôt que c'est un sans papier. J'aime beaucoup ses musiques, surtout Gitano qui est ma chanson préférée. Après 5 minutes de marche, je n'avais même pas fait le quart du jardin, mais j'aperçois de la fumée au loin. Je décide de m'avancer et vois pedro sur la balançoire. Un grosso jointo a la boca, tel uno 100% columbiano certifié Pablo Etjmebarre pur sanguinaire du sud. Son téléphone dans la main droite.
- "Tu dors pas peque?" Je le surprends de ma petite voix de fée forestière.
Il sursaute et range rapidement son appareil cellulaire dans sa poche. Biscornu cette histoire...
- "Hein... Quoi... je... non", bégaye t il.
De plus en plus fantasque... Il ne bégaye jamais. Jamais.
- "Tu fais quoi dehors à cette heure-ci ?
- Rien de spécial.
- Décidément, tu es de plus en plus étrange, toi.
- Qu'est ce qui te fait dire ça, bonita?
- D'abord la conversation que t'as eu hier soir au téléphone et ensuite après toutes mes questions, t'es devenu bizarre et gêné.
- De quelle conversation parles tu? dit-il, une lueur passant dans ses yeux.
- Oh, relax chico, j'ai rien entendu."
Bien sûr que si que j'avais tout entendu.
Il paraît de plus en plus louche. Il n'a plus ce regard si sombre et sûr de lui. Je le vois au reflet de la lune contre le lampadaire qui s'actionne à la luminosité du soleil et de l'électricité.
- "C'était simplement une discussion avec mi hermana.", se justifie-t-il après quelques secondes.
J'acquiesce et lui souhaite bonne nuit en repartant vers la casa. Après avoir effectué 3 pas, j'entends un murmure dans mon dos:
- "Bonne nuit Maria."
Je crois que j'aime bien quand il prononce mon prénom. Ça reste tellement mieux que ses surnoms ineptes. Je suis tellement tourmentée par le fait qu'il m'appelle comme ça que je me prends la baie vitrée en essayant de rentrer.
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The Bodyguard
RomancePedro Fiscal se fait engager en tant que garde du corps (guarda espalda/bodyguard) par Pablo Etjmebarre car sa fille et lui ont reçu des menaces de mort. Ce dernier doit s'occuper de Maria, la fille chérie du plus grand narcotrafiquant du monde. Il...