Le plus douloureux

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Quand depuis tout petit on nous répète sans cesse la même choses il y a deux possibilités qui s'offrent à nous: commencer à y croire ou tout mettre en œuvre pour prouver le contraire. Il arrive parfois que les deux se mélangent et qu'en cherchant la preuve on ne fasse que confirmer les dires.

Depuis qu'il était enfant Nightmare entendait les mêmes phrases: "tu es un monstre !", "tu ne fais qu'apporter le mal !". Il s'efforçait alors chaque jours de prouver un peu plus qu'il était bon, qu'il pouvait aimer et être tout aussi agréable que son frère, qui lui n'avait même pas besoin d'essayer de prouver quoi que ce soit d'ailleurs. Dream était naturellement bon pour tout, Nightmare voulait lui ressembler, faire comme lui, montrer que lui aussi pouvait être une bonne personne, qu'il n'était pas si affreux que ce que tout le monde disait.

Malgré ses efforts les villageois ne voulaient rien voir, le traitant d'imposteur quand il faisait comme Dream et de démon quand il était lui-même. Il s'isola, comprenant qu'il n'arriverait jamais à les convaincre, et commença à se demander s'il était réellement toutes ces choses, si la raison pour laquelle personne ne semblait l'aimer était justement parce qu'il était horrible ? Il secoua la tête pour chasser ces pensées: il n'était pas horrible, les autres étaient juste méchants sans raison. Mais quand même, se pourrait-il.. ?

Les années passèrent et rien ne s'arrangea. Nightmare, ne supportant plus le mépris et la violence des villageois, croqua les pommes noires et laissa sa colère exploser partout autour de lui. Il jura vengeance, il jura de punir tout ceux lui faisant du tort, pour que plus jamais on ne le traite comme un déchet des enfers.

Il arpenta le multiverse pendant de nombreuses années, trouva refuge dans un château abandonné, et commença une nouvelle vie.

Mais l'on ne peut pas échapper à son passé si facilement: ses songes étaient hantés par ses années de harcèlement, il avait l'impression de sentir à nouveau chaque coup, d'entendre à nouveau chaque insulte. "Tu es un monstre, tu apportes le mal."

Il essayait tous les jours de se convaincre lui-même que c'était toujours faux, qu'il ne faisait que se défendre face à une agression. Mais s'il ne faisait que se défendre, alors pourquoi Dream le pourchassait-il ? Pourquoi voulait-il le tuer ? Ne devrait-il pas plutôt l'aider ? Ne devrait-il pas se ranger du côté de son frère et non de celui des gens l'ayant blessé ? Pourquoi semblait-il si en colère quand il le voyait ?

Nightmare détestait ce regard méprisant, il lui donnait l'impression de redevenir tout petit quand il regardait les villageois lui cracher au visage car il avait osé attraper leur ballon pour jouer avec eux, il se sentait de nouveau impuissant, faible.

Durant les affrontements il écoutait Dream lui crier dessus. "Tu es un monstre Nightmare ! Un monstre ! Tu blesses des innocents !" Il ne répondait pas. "N'espère pas que je te pardonne un jour." A quoi bon répondre de toute façon, Dream ne l'écoutait jamais.

Il rentrait chez lui après s'être battu, exténué, blessé, mais pas physiquement, il avait réussi à éviter les attaques, c'était son âme qui lui faisait mal. Il entendait le même discours depuis sa plus tendre enfance, si tant est qu'elle eut été tendre, mais l'entendre de la bouche de son frère constituait une douleur bien plus grande.

Il se regarda longtemps dans le miroir, et ses pensées refoulées refirent surface: "est-ce que je suis vraiment un monstre ?" Il repensa aux événements, ceux de Dreamtale étaient justifiés, mais les autres ? Blessait-il vraiment des innocents ? Qu'avaient fait ces gens qui méritait qu'ils soient tués ou blessés ? Ils l'avaient insulté, mais etait-ce suffisant ? Nightmare n'avait-il pas une réaction démesurée ? Il aurait pu entamer une toute nouvelle vie dans un univers où personne ne le connaissait, mais il avait choisit la violence à la place. Est-ce que ça ne faisait pas de lui un monstre finalement ?

Il sentit sa gorge se serrer. "Peut-être qu'ils avaient raison finalement..." Il régurita sa salive pour ravaler un sanglot. "Je suis vraiment affreux..." son reflet lui faisait honte. Il détestait ce qu'il était devenu. Tout ce qu'il voulait c'était prouver au monde qu'il n'était pas mauvais, mais il avait juste réussi à devenir ce que tout le monde avait déjà vu en lui depuis le début.

Le plus douloureux, au final, ce n'était ni les coups ni les insultes, en réalité c'était de se rendre compte que ces insultes étaient vraies, et que les coups étaient justifiés.

"Je suis un putain de monstre..."

La douleur de la négativitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant