☠Chapitre 5 ☠The Monsters Theater☠

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Je n'ai aucune idée du temps qui s'est écoulé depuis que j'ai pris son médicament, mais je me sens léger comme une plume, détendu comme jamais. Assis à mes côtés, je ne contrôle plus mon corps qui glisse jusqu'à s'écraser sur ses cuisses. Il ne semble pas surpris, au contraire. Cependant, les coups d'œil qu'il jette à la porte me disent qu'il attend quelqu'un. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, mais je ne ressens aucune appréhension, aucun malaise, alors que je ne suis plus maître de mon être. Mes yeux se posent sur le plafond blanc, illuminé par des spots qui me font froncer les sourcils.

Mon cœur est calme, comme jamais il ne l'a été. Il est apaisé. Mes pensées ne saignent plus et ma peur ne dégouline plus de mes pores. Si je ne contemple plus la douce lumière, je fixe Selim, à la peau presque parfaite et au calme olympique.

— Tu ne travailles jamais ? demandé-je.

— Tu crois que je passe mon temps à prendre du plaisir ? Je bosse à longueur de journée.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Je gère ce club.

— T'es jeune, comment tu fais ?

— J'ai récupéré ce local qui était une ancienne boîte de nuit. Je l'ai retapé après la mort de mon daron. Mais, en effet, je suis jeune, j'ai à peine vingt-sept ans, m'explique-t-il.

Je détourne le regard lorsque la porte s'ouvre, dévoilant la belle brune. Je tente de me révéler, seulement, mes bras sont en coton et n'ont pas la force de me soutenir. Elle s'avance jusqu'à nous, les sourcils froncés, et une fois devant moi, une mine d'incompréhension s'affiche sur son visage.

— Sel, mais qu'est-ce que tu lui as fait ? questionne-t-elle.

— Il fallait que je le détende, sinon je n'aurais pas pu l'approcher, dit-il. Il était temps que tu arrives, j'ai besoin de toi.

— Pour quoi faire ?

Désormais, c'est à mon tour de ne pas comprendre ce qu'il se passe. Je suis incapable de me redresser, car, en plus de manquer de force, Selim exerce une certaine pression, m'obligeant à rester couché sur ses jambes.

— Il faut que tu t'occupes de lui pendant que je lui graverai notre insigne.

— Quoi ? Tu as perdu la tête ?! s'exclame Jamila. Il est totalement défoncé et je ne suis même pas certaine que tu aies son consentement ! Je ne le toucherai pas, s'il ne m'en donne pas l'ordre !

— Je ne te demande pas ton avis ni tes commentaires ! Je veux ce gamin ! Je n'ai pas envie d'attendre qu'il me le vende, je l'achète ! J'apposerai ma signature et je m'en cogne que ça ne leur plaise pas !

L'enflure.

Il s'est bien foutu de ma gueule avec son soi-disant cachet pour m'éviter un mal de crâne. Il m'a drogué à mon insu et maintenant, je ne fais pas le poids pour lui résister. Je lui suis servi sur un plateau. Je ne comprends même pas ce que ça veut dire qu'il me veut. Je ne suis pas à vendre, je ne suis pas un objet. À quoi je lui servirai ?

Il faut que je prévienne quelqu'un. Il faut qu'on m'aide.

Seulement, plus les minutes passent, plus mes pensées divaguent. Mes paupières deviennent lourdes, papillonnent pour ne pas se fermer. Je tente de rester présent, de les raisonner, cependant, mes mots se meurent sur ma langue avant d'avoir le temps de franchir mes lèvres.

— Ce n'est pas compliqué, Jamila ! Il devrait comater, mais en attendant que ça arrive, tu as juste à faire en sorte d'occuper son esprit pour qu'il oublie la douleur.

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