Chapitre 8 : La faille

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Kaël

La pression me poussait à serrer le gouvernail plus que nécessaire. Les nerfs à vifs, je devins suinter comme un fou.

Quoique que ma sueur soit heureusement naturellement inodore. Je ne pouvais pas en dire autant des villageois. Je plissais légèrement le nez.

Entre les poussières qui l'irritaient et la vague saisissante quand ils soulevaient leurs aisselles. En plus des autres odeurs confinés...

Pense à autre chose, mon vieux.

L'ampleur de ces imprévus ne faisaient que me pousser dans ma bulle et me cloîtrer dans mes questionnements. L'anxiété se mouvait en moi et s'accaparait sciemment mon sang-froid et la réalité me fouettait le visage.

Six ans. Six ans que nous baignions dans un merdier. A quoi rimait ces années de lutte, à présent hein ?

Je livrais une bataille sans merci pour me dépasser et espérer arriver au plus haut de l'échelle. Pourtant, plus je prenais en puissance et plus j'en devenais l'esclave. Serais-ce donc ce qu'il souhaitait, depuis le début ?

Créer un sentiment d'injustice si grand pour noyer notre cerveau d'une détermination éreintante, qui nous pousserait à triompher par la vengeance ?

J'expirais un bon coup et tentai de contrôler les battements de mon coeur. L'eau éclatante devenait sombre et hostile. Nous évoluions maintenant dans un océan, tant éthéré qu'ésothérique à une vitesse de croisière.

Le silence devenait une vertue et une nécessité dans ce voyage périlleux. Les hommes de main ne prononçaient mot songeant certainement aux évènement rocambolesques des dernières heures. Ou dormaient à poings fermées.

L'autre con assit à ma droite somnolait comme une marmotte.

Qui m'a envoyé me coltiner des imbéciles pareils!

Je cognais ma main sur le tableau de bord et le sortit violemment de sa transe.

- Va somnoler ailleurs tête jaune, lançais-je distraitement.

- Ça te casserait la mâchoire d'être plus aimable, dit-il les yeux plissés par la fatigue.

- Ça dépend, commençais-je désinvolte. Ça te briserait les côtes d'être plus qu'un inutile.

D'ici, je sentais sa respiration saccadée et sans un mot, il s'en retourna plus remonter que jamais. J'esquissais un léger sourire.

Niveau de troll ; dix.

Les yeux fixés sur la pénombre. La discussion enfin, le monologue du sénil me revenait doucement en mémoire.

L'odeur irritante de la poussière.... la tente d'un vert malade... leurs haillons en guise de vêtements où régissaient une spirale bleu et grise. L'insigne de leur ancienne force armée, selon leurs dires...

***

- Et les gardes frontières, s'interrogea Gabriel.

- Si la situation est aussi critique qu'il le laisse entendre; il ne devrait pas poser problème s'il en reste, répondit Connal.

Jusque-là pas besoin de posséder une grande maîtrise pour le comprendre effectivement.

- Correct, dit le vieillard. Mais croyez moi, circulez dans le pays n'est pas un problème en soit. Enfin pas à notre échelle.

Il fit une énième pause.

- Les humains ne vivent que sur un périmètre restreint. Les monstres ont presque tout envahi, continua une femme le regard embué.

Masters : l'éveil des dominantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant