Prologue

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Chaque chapitre comprendra une bande son qui immerge encore davantage. N'oubliez de la jouer en début de chapitre.

Une énième explosion retentit faisant trembler la terre, déjà fissurée. Ma mère me portait à bout de bras et courrait au côté de mon père à une vitesse fulgurante. Les ombres détruisaient tout sur leur passage ; seul l'obscurité et la désolation primait à présent sur l'ancien village.

Je serrais ma mère, à bout de force. Et surtout terrifié... A côté, les petites chamailleries de mes frères semblaient ridicules. Je peinais à respirer correctement.

Mes frères...

Comment ma vie avait t-elle pu basculer aussi vite et d'une manière si tragique ?

Les larmes coulaient le long de mes joues sans pouvoir les contrôler. Les railleries de mes voisins qui me réveilllaient chaque matin ; la maîtresse qui me grondait quand mes leçons n'étaient pas apprises... Chaque souvenir me créait une nouvelle entaille.

Les bras de ma mère se resserrèrent davantage sur mon corps frêle, mais cette fois-ci ce contact ne suffisait pas à m'apaiser.

Perdu dans mes pensées, l'arrêt brutal de mes parents me fit sursauter. Je tournais la tête sur un spectacle des plus indigeste. Une cinquantaine d'hommes nous faisaient face ; leur corps n'était qu'une vingtaine de mains nageant au centre d'une buée conséquente. Chauves et sans nez, leurs mâchoires acérées et leurs langues ophioglosses s'agitaient dans tous les sens avec répugnance. Leurs yeux noirs et sans vies nous fixaient avides et sadiques.

Mes parents ne sillaient pas de premier abord, mais leur souffle irrégulier et leurs yeux cernés m'inquiétaient. Je levais des yeux innocents vers mon père qui me répondit par un sourire franc et bienveillant. Puis, se plaça en bouclier devant nous. Les vermines se jetèrent alors sur lui, rongeant ces organes avec fureur.

Mon regard vide balayait la scène, impuissant. Ma mère généra à son tour des éclairs, m'emmenant contre ma volonté loin de l'homme qui m'a tout donné. Je hurlais son nom réalisant enfin la teneur des événements.

- Papa, sanglotais-je le corps engourdi par la tristesse et la colère.

- Son sacrifice ne sera pas vain, m'affirma ma mère larmoyante.

***

Nous courrions seuls, depuis plusieurs minutes, dans une forêt inconnue. Mes larmes coulaient  silencieusement. La mort de mon père m'avait administré le dernier coup, le plus fatal. Ma mère n'avait prononcé mot depuis l'incident, seul le bruit de nos pas résonnait dans ce labyrinthe hostile.

Le temps passait lentement et tout semblait figer. Un mauvais pressentiment germait en moi et me hurlait de revenir sur mes pas ;mais à quoi bon ?

- Maman, on s'en sortira pas, pas vrai ?

Elle se figea.

- Écoute moi, articula t-elle difficilement. Je te promets que tu vivras, je ferais tout ce qu'il faut pour ce que soit le cas. Alors je t'interdis de t'avouer vaincu, quelque soit la fatalité de la vie et la tristesse des temps de guerre.

Soudain, un coup d'une puissance incommensurable me brisa une côte dans un bruit assourdissant, m'éjectant contre un arbre au loin.

Ma vision vacillait et mon corps ne répondait plus.

Un souffle saccadé me fit me relever avec précipitation ce qui me valut une douleur lancinante me clouant presque à nouveau au sol.

Je relevais la tête, tant bien que mal, inquiet.

Masters : l'éveil des dominantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant