Ruri
Je suffoquais. Je sanglotais si fort, que je m'étouffais. Je n'avais d'emprise sur rien. Je ne distinguais au mieux qu'une palette de couleurs sombres. Mon corps et mon esprit, ces traîtres, agissaient comme bon leur semblait. Le piège des crises d'angoisses. Un méchanisme lâche de mon corps si familier, mais qui me prenait au dépourvu à chaque fois. De la plus petite contrariété au choc le plus violent, chaque événement devenait un possible déclencheur.
Mon estomac se tordait et me procurait une sensation si désagréable. J'avais le coeur au bord des lèvres. Une fois de plus, j'avais été le témoin de cette scène macabre.
A nouveau, j'avais du assister à la destruction de mon bassin sacré. J'étais mise devant le fait accompli sans la moindre place pour le déni. Je mélangeais le factuel et l'irréel et incapable d'au minimum faire la part des choses ; l'angoisse grandissante implosait.
- Inspire profondément par le nez, gonfle bien ton ventre, expire par la bouche. Concentre-toi sur ma voix Ruri, je sais que tu m'entends; tu peux le faire, m'incita une voix masculine affectueuse.
Je la distinguais difficilement, mais le simple fait de me savoir observer empirait mes symptômes. Le souffle coupé mêlé avec une pression constante de mon diaphragme ; mon corps encaissait un tel niveau de terreur que je doutais de la possibilité de m'en sortir. Je maudissais cette personne qui devait rire de mon malaise. La bienveillance n'existait pas. A moins que je ne sois qu'un pion-...
- Ruri ? me pressa t-il.
Il m'a appelé Ruri...
Je faisais partie de la dernière vague de force spéciale, une branche secrète dans un groupe déjà sectaire. Si l'on s'en tenait qu'à la paperasse, je n'existais pas.
,Les plus proches villages ont eu connaissances de nos traits tout au plus, placardés de partout, par nos supérieurs hiérarchiques.
Un subterfuge de plus pour se murer dans leur neutralité presque maladive.
Avec un signe distinctif qui laissait peu de doutes quant à notre identité au sein de l'armée; une lune joliment dessinée non loin de notre tempe.
En effet, la nuit de nos plus grands cauchemars s'était déroulée une soirée de demi-lune. Pour sûr, cette macabre référence suffisait comme élément de reconnaissance.
Ou peut-être le doute fut important dans les esprits de quelques uns, mais maudire nos traits , soigneusement encrés dans ce papier de mauvaise qualité, semblaient la solution la plus pertinente.
Les habitants s'étaient jetés sur ses affiches pendant des jours, avec pour seul but la vengeance de leur proches perdus.
Comme si nous aussi, cette attaque ne nous avait pas déjà pris assez.
Nous utiliser comme bouc-émissaires pour ramener le calme, une solution d'autant plus douteuses avec les années de recul.
Mais nos noms... Jamais ils n'avaient été rendus officiel. Alors...
- Jabon, je suis Jabon, corrigea t-il à la hâte la voix plus tremblante. Bouge un doigt si tu arrives à me situer, même un petit mouvement.
En étais-je seulement capable ? Je demeurais si submergée, pourtant, personne d'autre ne pourrait me sortir de cette torpeur. Timidement, j'entrepris de lever l'index. Mon mouvement me semblait si lent et faible ; allait-il le remarquer ?
- Très bien, je t'ai vue Ruri; ne relâche pas tes efforts et poursuit avec ta respiration inspire par le nez et expire par la bouche...
J'inspirais, le souffle tremblant et expirais d'abord de fines bouffées... Puis, lentement mon diaphragme et mes membres se détendirent. Ma respiration se fit plus régulière et les larmes cessèrent de couler le long de mes joues.
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Masters : l'éveil des dominants
FantasyUn monde magique peuplé des créatures les plus fantastiques, atypiques noyaux d'un équilibre solide s'écroule. L'humanité a cédé à ses intincts les plus destructeurs et le temps s'écoule dans un rythme impitoyable. Pourtant, six espoirs naissent des...