𝘀𝗼𝘂𝗿𝗶𝗿𝗲𝘀 𝗲𝘁 𝗰𝗿𝗶𝘀 | 𝟯

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Il se trouvait là, devant l'école. Il se trouvait devant l'école et il se permettait de respirer un bon coup. Il sourit à ses amis et marcha dans leur direction. Et ainsi, devant des personnes en qui il faisait ouvertement confiance, il laissa ses maux s'en aller au vent.

Il but leurs paroles. Il but leurs mots, les histoires qu'ils racontaient. Il profita de l'instant présent et le savoura jusqu'à la dernière goutte. Et puis il entendit un éclat de voix.

Il entendit un éclat de rire. Un rire qui le pétrifia sur place. Un rire qui lui fit tourner la tête vers la personne qui l'avait lâché. Et il le vit. Debout devant un garçon aux cheveux blanc, gloussant après avoir laissé échapper quelques mots. Il le vit et son cœur cessa de battre dans sa poitrine.

Il vit ses cheveux noirs aux reflets violets, il vit ses yeux améthystes, il vit son petit corps, il vit ses hanches étroites et ses bras minces, il vit son sourire, il entendit le son de son rire et il sentit la terre s'ouvrir sous lui.

Le regard violet de ce drôle d'étranger se posa sur lui. Son cœur cessa de battre dans sa poitrine.

Et il se sentit pousser des ailes.

Et elles finiraient coupées, comme toujours.



Il n'avait plus croisé le drôle de garçon depuis cette journée-là. Il avait beau le chercher, cette partie au fond de lui lui hurlait d'abandonner et il se résignait à l'écouter.

Ce fut une journée comme les autres. Il était parti en cours et il se trouvait maintenant dans le bus en direction de chez lui. Kaede regarda sa jambe qui tremblait violemment et elle posa sa main sur son genou. Il leva les yeux vers elle et elle lui sourit gentiment. Le tremblement ne reprit que quand sa main eut quittée son corps.

Le bus s'arrêta. Il prit un instant pour se ressaisir avant de soupirer et de se lever. Kaede et Kaito lui firent un salut de la main. Il leur répondit d'un maladroit sourire avant de descendre du bus.

Il marcha en direction de chez lui.



Sa mère semblait encore le bouder après ce qui s'était passé hier. Rien de gros. Elle avait hurlé sur sa grande sœur après qu'elle ait mélangé les vêtements blancs avec ceux foncés dans leur dernière lessive et il lui avait demandé de se calmer, ce qui ne lui avait certainement pas plu au vu de la gifle qu'elle lui avait donnée.

Le dîner était silencieux. Son père mangeait goulûment, comme s'il prenait en excuse sa bouche pleine pour ne pas devoir parler. Sa sœur ne disait rien, assise à sa gauche à la droite de sa mère comme toujours. Il jouait avec sa nourriture dans son assiette, entrant et sortant sa cuillère dans son bol de soupe, faisant couler le bouillon sans aucune faim. Il finit par briser le silence :

— J'ai eu un 97 en français aujourd'hui.

Son père leva les yeux vers lui et lui adressa un sourire. Il se remit immédiatement à prendre une bouchée de pain et remplir de nouveau son bol de soupe autrefois vide, recommençant à manger. Kyoko le félicita d'une toute petite voix, prenant une cuillère de son repas. Sa mère ne lui accorda aucun regard.

— Tu n'es pas fière de moi ?

— Pourquoi je le serai ? Tu as eu un 48 en math, pas vrai ? Quand est ce que tu comptais m'en en parler ?

Il ne dit rien un instant. Il la fixa simplement, regrettant de lui avoir fait part de ses notes. Il se rappelait de son récent examen de math, d'il y a presque trois semaines, il se rappelait de la note qui avait été affichée sur sa copie d'examen que son professeur lui avait remise il y a quelques jours. Il aurait espéré qu'elle tombe dessus plus tard. Il aurait espéré retarder cette confrontation mais il l'avait lui-même rapprochée.

— Il y a une chose que j'aimerais savoir. Comment ça se fait que tu passes des heures à étudier sur ton ordinateur et que tu as des notes aussi catastrophiques ?

— J'ai des bonnes notes partout. Tu sais que je ne suis pas bon en math et que notre professeur de science est...

— Arrête de porter le chapeau sur d'autres personnes !

Son père se massa les tempes. Kyoko continua de manger sans rien dire.

— Tu me passeras ton ordinateur, je fouillerai l'historique. Et ne t'avise même pas de penser à le supprimer, je le saurai !

Et il tenait ce couteau fermement dans sa main.

Il n'aurait fallu que deux mouvements. Il n'aurait fallu qu'un lever de bras et un lancer et plus jamais il n'aurait eu à supporter cette nuisance.

Il se contenta simplement de se retenir de frapper le mur le plus proche. 

𝐖𝐈𝐒𝐇 𝐌𝐄 𝐓𝐇𝐄 𝐁𝐄𝐒𝐓 | 𝘀𝗮𝗶𝗼𝘂𝗺𝗮Où les histoires vivent. Découvrez maintenant