9. Enfers

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Louis, au secours.

Je me sens si seule... Et tellement bête d'avoir pu faire confiance à l'amour, alors que l'amour m'a fait mal. Julien, tout le reste, l'édition de mon livre, tout ça, c'est fini... Et le pire ? Aujourd'hui est le jour de mon anniversaire... J'ai gâché mes chances, et mes dix-huit ans sont le symbole d'un début de vie perdue. Julien était si méchant ces derniers temps, il a même menacé de brûler mes lettres si je ne l'écoutais pas. Il me faisait faire toutes sortes de choses, je ne sais même pas comment en parler. Il se mettait debout sur moi, me touchait des endroits intimes sans que j'accepte, j'ai refusé pour qu'il aille plus loin dans ses attouchements, mais, encore une fois, il ne m'a pas écoutée. Et tu sais ce qui est le pire ? J'avais confiance en lui. Je n'ai pas supporté, malgré mes larmes, il me frappait, lorsque je le suppliais, parfois à genoux, il me frappait encore plus fort. Il avait un rasoir dans la chambre, et il faisait exprès de me couper avec, il me coupait les cheveux quand il en avait envie, et j'étais piégée... Mes jambes sont bleues tant il me les a frappées, je n'ai pas encore eu la force de me regarder dans un miroir, tant j'ai peur du sang séché que je sens partout sur mon visage. Je sais que j'ai des plaies qui cicatriseront, pour laisser des marques gravées à vie. Le souvenir de son corps nu contre le mien, je ne pourrai jamais l'oublier, tant il me hante... Jamais je n'aurai pensé perdre ma virginité de cette façon, il était si brutal, m'a attachée sur une chaise pour que je ne bouge plus. Je ne pouvais rien faire, je n'avais aucune issue. Au final, je savais qu'il allait me retrouver si je restais dans mon petit appartement, et si je continuais à fréquenter la fac. Je suis maintenant à la rue, sans nulle part où aller, et j'ai avec moi seulement mon sac de cours, avec mon roman imprimé sur des feuilles A4, deux ou trois affaires personnelles, des vêtements de rechange, et tout l'argent qu'il me reste. Demain, je prend le premier train, et je m'arrête seulement au terminus, peu importe où il m'emmène. Je ne veux pas rester ici. J'ai peur. Louis, la folie de cet homme me traumatise encore... mes jambes ne me portent presque plus, j'ai du sang qui a traversé les manches de mon pull, je n'ose pas enlever ma capuche, mes cheveux ont à peine repoussé, et qu'importe la chaleur. C'est si dur d'écrire après tout ce qui s'est passé ces derniers mois. Désormais, Louis Leduc, je te fais la promesse que je t'écrirai beaucoup plus souvent. Mes lettres, ces bouts de papier qui n'intéresseront certainement personne, sont la seule marque de la vie que j'ai mené. Je recommence tout de zéro, il me faut trouver un travail, et reconstruire ma vie, ce qui va être si difficile... Mais tu es là, en moi, et je trouverai la force d'avancer grâce à toi. Je te tiens au courant pour tout.

Amicalement,

23/07/2025


Lettres à Louis LeducOù les histoires vivent. Découvrez maintenant