32 - Edelweiss

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       Pourquoi fait-il si froid alors qu'auparavant, tout se consumait ?


       Les yeux fermés, Jade se crispa.


       Le paysage désolé des plaines arides avait laissé place à l'immaculé.

       Jade frotta ses épaules et se remit en marche. Encore. Quand est-ce qu'elle sortirait de cet endroit ?

       Elle n'avait jamais vu la fin de l'horizon.

       Le froid mordant traversait ses vêtements. Le vent soulevait des flocons, aussi acérés que des stalactites, et venaient percuter son visage glacé.

       Jade tremblait. Si elle s'arrêtait, elle signait son arrêt de mort.

       Ne valait-il pas mieux abandonner ici ? Au cœur du froid, la mort semblait beaucoup plus douce.

       Elle s'endormirait juste, les sens engourdis. Elle rejoindrait simplement son père, et adieu aux souffrances terrestres.

       « T'as pas le droit. »

       Qui m'attend encore ? Maman a trop de chagrin. Manaka est cassée. Wakasa et Rin cherchent un vide à combler. Kokonoi et Inui à dépasser leur deuil.

       À chacun sa croix.

       « Tes peines et ta souffrance... tout ça, c'est à moi. »

       Alors pourquoi tu n'es pas là ?

       La silhouette d'un petit garçon se tenait non loin. Jade hésitait. Le vent hurlait, mais hurlait quoi ?

       Elle se rapprocha tant bien que mal. Chaque pas était une épreuve. Elle luttait, luttait. C'était si difficile...

       Enfin, le garçon remarqua sa présence. Son visage n'était pas vraiment discernable parmi la neige qui fouettait l'espace autour d'eux, mais cette chaleur réconfortante, elle la sentait prendre place partout autour d'elle. Et ce n'était pas celle qui brûlait pour consumer sa chair.




— Manjirō...

       L'étreinte qui l'enserrait se raffermit. Jade inspira lentement : une odeur de fruits et de sueur. Enroulée dans ses draps comme pour chasser toute intrusion de fraîcheur, elle perçut une présence douce dans son dos. Un corps lové au sien, des bras qui la tenait pour l'empêcher de fuir, une respiration qui s'écrasait au creux de son cou.

       Jade resta là, encore léthargique, coincée entre deux mondes. Le réel et les songes.

       Le rêve d'une nuit et les cauchemars d'une existence.

       Elle n'avait plus froid.

       Jade entrouvrit les yeux. Elle se tenait loin du bord de son lit. Les plis de ses draps témoignaient de son agitation nocturne. Elle avait reculé jusqu'à trouver une source de chaleur suffisante pour lutter. Stupide. En plein mois de juillet, difficile de survivre à une quelconque étreinte.

       Elle sentit une larme rouler hors de ses paupières. Traîtresse.

       Elle l'essuya du bout des doigts, puis frotta ses yeux fatigués. Depuis quand dormait-elle ?

       Jade essaya de se remémorer les bribes de son cauchemar.

— « Manjirō ? »

— Hmm... Quoi ?

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