Une fois changé et douché, Hayato revient dans le salon. La policière, appuyée sur une table, écrase une cigarette dans un cendrier et lève la tête.
- Ca va déjà mieux comme ça, tu ne trouves pas ?
Le garçon se contente d'hocher la tête. La femme adopte une moue ennuyée. Décidément il ne veut pas parler. Mais en tant que policière, elle a des techniques.
- Je m'appelle Akiyama Saeko, enchantée !
Elle tend la main. Hayato se contente de regarder la main tendue, effrayé. La policière fronce les sourcils.
- Tu peux parler ou tu es vraiment muet ?
Le lycéen paniqué ne répond rien.
- ...
Saeko s'approche lentement, sans mouvement brusques. Ce garçon lui fait penser à un chaton effrayé, abandonné à la dure jungle de la rue. Hayato recule imperceptiblement.
- Tu veux bien me dire ce qu'il t'est arrivé ? Tu as fugué ?
Il se contente de rester les bras ballants, le regard effrayé. Après un long silence, Saeko prend la parole :
- Ecoute, quoi que tu as fait, quoi que tu as vécu, je ne dirai rien à mes collègues ni à personne d'autre si c'est cela que tu crains, d'accord ? Je veux juste t'aider. Comment as-tu pu finir dans un tel état ?
- ...
Elle soupire, ce garçon est énigmatique. Dans ce cas, elle va jouer avec ses réactions. Elle concentre son attention sur la joue d'Hayato. Elle réfléchit un peu avant de demander :
- Ce sont tes parents qui t'ont fait ça ? C'est pour ça que tu t'es enfui ?
Hayato tique, Saeko sourit intérieurement. Il serait facile de tirer des réponses de ce garçon.
Cette femme est perspicace, ou alors ... elle connait la vérité ...
Saeko se contenterait de cela pour l'instant. Elle ne devait pas le brusquer. Pour le moment, elle tiendrait sa promesse de ne rien dire à personne, et elle arrêterait avec ses questions. Elle ouvre la trousse de secours et s'approche un peu plus. Hayato file à l'autre bout de la pièce. Il se cache à moitié derrière le canapé. Saeko soupire. L'approche risque d'être bien longue on dirait. Elle se contente de s'assoir dans un fauteuil juste derrière elle, et de laisser Hayato tranquille. Elle savait que ça ne servait à rien de le forcer. Elle attrape son téléphone et en profite pour écrire un message. Elle a la mine sombre. Pendant ce temps, Hayato épuisé, n'arrive plus à lutter contre le sommeil. Il s'endort de là où il est.
Un peu plus tard, Saeko lève le nez de son portable, s'apercevant que la tête d'Hayato a disparu derrière le canapé, elle se redresse, attrape la trousse de secours et s'approche à pas feutrés. Elle soigne d'un geste connaisseur le lycéen, dépose une couverture sur ses épaules et le fixe un long moment.
Qu'est-ce que ce garçon peut bien cacher ? Il a plus l'air traumatisé que d'être coupable de quelque chose, bien qu'elle avait songé au fait qu'il s'agissait peut-être d'un malfaiteur, au moment où il avait refusé l'aide de la police. Elle hausse les épaules, le temps lui en apprendra peut-être un peu plus. La policière se dirige vers la cuisine et se sert un verre de vodka qu'elle boit d'une traite.
Cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas occupée des soucis de quelqu'un d'autre ... Oh oui, bien longtemps ...
***
Le lendemain matin, Hayato s'éveilla en sursaut. Il regarda autour de lui paniqué. Il s'était endormi ! Il mit du temps à se rappeler où est-ce qu'il se trouvait. Il se redressa sur un coude rapidement et vérifia qu'il n'était pas ligoté. Il s'assit et tâta du bout des doigts sa joue. Il fut surpris de constater qu'un pansement la recouvrait.
Non ... Elle m'a ... Pendant que je dormais ...
Il paniqua, gardant une main sur sa joue. Saeko qui l'observait depuis tout à l'heure, le fixait avec une mine déconfite.
- Ben ... ?
Elle ne comprenait vraiment pas la drôle d'attitude de ce garçon. Elle avait l'air d'avoir visé juste en lui demandant s'il avait été maltraité par ses parents. Et pourtant, au fond d'elle, elle savait que ce garçon cachait autre chose. Elle en avait vu des cas de maltraitance à son travail. Ce garçon avait clairement vécu d'autre choses. Hayato lève un regard effrayé sur la femme et retire rapidement la main de sa joue. La policière lève les mains pour lui montrer qu'il ne risque rien :
- Je t'ai seulement soigné tu sais. Ta joue était bien enflée.
- ...
Après un long moment de silence, elle grommelle :
- De rien surtout hein ! Bon ... C'est pas tout mais je dois aller au boulot.
- ...
Elle soupire. Décidément, il n'a pas l'air de vouloir faire causette. Elle attrape ses affaires, glisse rapidement quelque chose dans sa poche et ouvre la porte d'entrée.
- Je vais travailler, fais comme chez toi surtout. Et évidemment si tu veux sortir, tu n'es pas emprisonné, je t'ai laissé le double de mes clés. Je te ...
Elle hésite avant d'interrompre sa phrase :
- Non rien, oublie. Fais juste comme chez toi.
Elle s'en va sans attendre de réponse, elle sait très bien que cela ne sert à rien de toute façon.
Une fois la porte refermée, Hayato baisse les yeux. Il ne sait pas s'il doit se sentir honteux pour avoir été malpoli ou heureux pour avoir survécu à la nuit ... Il sait qu'il doit garder sa distance avec tout le monde. L'organisation a des pions même chez les forces de l'ordre. Il se lève.
Je me demande ce que je pourrais bien faire aujourd'hui ? Fuir d'ici ? Quitter le pays ? Mais même en quittant le pays, ils ont des sbires partout dans le monde ...
Hayato prend sa tête entre ses mains. Il est effrayé et épuisé. Sa nuit incomplète ne suffira certainement pas à récupérer de toutes les nuits où il n'a presque pas dormi à cause du "job" de ses parents, ou de la peur qui le rongeait un peu plus tous les jours. Son ventre gargouille, le tirant de ses pensées.
Il devait commencer par vivre au jour le jour et par subvenir aux besoins auxquels il pouvait ...
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The Black Cat [Détective Conan]
FanfictionFuyant ses parents maltraitants et l'organisation dans laquelle ils travaillaient, Ishida Hayato, un jeune lycéen de 17 ans, va se retrouver seul, à la rue. Il tombera sur une policière au grand cœur qui le recueillera chez elle. Très vite, il s'a...