- Chapitre 8 : Une mauvaise rencontre -

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Le froid cinglant gifle le visage d'Hayato. La peur et l'adrénaline lui donnent des ailes. Il ne ressent presque rien. 

Faites qu'elle soit en vie et en bonne santé. 

Il presse le pas, avançant avec un objectif fixe en tête. Un commissariat, il devait trouver un commissariat. Le plus proche serait sûrement celui dans lequel elle travaillait.  Un homme frôle le garçon, le faisant tressaillir. Il recule brusquement et essaie de distinguer le visage de la personne qui l'a bousculé. Quel ne fut son soulagement en constant que c'était seulement une personne totalement inconnue. 

Ce sentiment est de courte durée. En regardant autour de lui, Hayato constate le monde dans les rues. Il enfonce sa capuche sur sa tête et fonce tête baissée. Il doit vite s'éloigner d'ici. Il tourne plusieurs fois dans l'espoir de s'éloigner de la foule. 
Il enfonce les mains dans ses poches et tourne à nouveau dans une ruelle. Il n'est pas serein, il n'arrête pas de jeter des coups d'œil par-dessus son épaule. 

A la sortie de la rue, il tourne bifurque sur sa droite. La rencontre qu'il y fait le paralyse d'effroi. 

- Comme on se retrouve ... 

Une voix froide, sèche, dépourvue d'émotion, qui parait vibrer en lui. Il s'immobilise, incapable de bouger tant la peur est grande. Deux hommes vêtus de noir se tiennent devant lui. Un chapeau leur cache la moitié du visage. Celui qui s'est adressé à lui, le plus grand aux longs cheveux sourit froidement et relève légèrement la tête laissant apercevoir une partie de son visage sous son chapeau. 
Hayato peut apercevoir son œil vert perçant, son œil de tueur. 

Gin et Vodka. 

Ils l'ont retrouvé. 

Ils vont le ramener de force à la case départ. 

Il ne veut pas. Il ne veut pas y retourner. 

Après un moment de stupeur, Hayato se décide à bouger. Il doit fuir, fuir loin sans se retourner. Il ne peut pas retourner à la case départ de cette manière. Il ne veut pas retourner dans ce cauchemar aussi facilement. 
Et alors qu'il s'apprête à courir pour fuir, l'homme aux longs cheveux saisit fermement son poignet et le ramène brutalement en arrière. La violence du geste lui fait perdre l'équilibre. Il se cogne violemment contre un mur un peu plus en arrière et se laisse tomber par terre. 

La respiration momentanément coupée, il halète difficilement à la recherche d'air. Il doit se relever rapidement et s'en aller en vitesse. Il ne veut pas voir quelqu'un d'autre mourir. Gin se penche au-dessus de lui, Hayato se recroqueville et lève automatiquement les mains devant son visage comme pour se protéger. On peut apercevoir la colère dans les traits du tueur. Ce dernier décoche un coup de pied dans la tête du lycéen qui se retrouve affalé sur l'asphalte. 

- Combien de fois t'ai je répéter de cesser cette sale manie ?! 

En effet, l'homme détestait tous les réflexes qu'avaient acquis Hayato à force de vivre au sein de l'organisation. Il trouvait que cela ressemblait à une habitude pathétique qu'à un enfant ou un animal lorsque son maître le gronde. Cela lui donne un air vulnérable. Et quand tu aides l'organisation, tu n'as pas le droit de donner cette impression.
Hayato reste allongé par terre, la tête entre ses mains. Il n'y a pas d'échappatoire. Il le sait, il ne pourra pas fuir, c'est une impasse. 

Gin s'accroupit à son niveau, son sourire est froid. Le lycéen aimerait crier pour appeler à l'aide. Il y a du monde dans les rues ce soir, il y aura forcément quelqu'un pour l'entendre.
Mais il se ravise, la seule chose qu'il risque de causer, c'est une nouvelle mort. Se trouver au mauvais endroit au mauvais moment avec l'organisation, signifie mourir. Il ravale donc le cri au fond de sa gorge. 

Le tueur est si proche. Hayato frissonne. Et cette fois il en est certain, c'est la terreur qui coule dans ses veines qui en est la cause. 

Le deuxième homme qui n'a pas pipé un mot depuis le début prend finalement la parole : 

- Aniki il y a encore du monde ... 

- Ce n'est pas un problème. 

"Pas un problème" ? Hayato s'étonne. Ils savent pourtant qu'il déteste voir des personnes mourir, et que s'ils l'enlèvent ou l'emmènent de force, il ne risque pas de se débattre ou de crier au risque d'impliquer d'autres personnes dans cette affaire. 

Un sourire glacial éclaire de nouveau le visage de l'assassin. Il fait volte-face, et passe sa main dans sa poche. Hayato essaie d'apercevoir quelque chose entre la pénombre et le sang qui coule sur son œil. 

- Le poison fera l'affaire ... Il ne laisse pas de traces dans le corps humain 

Le poison ? Alors ils ne vont pas le ramener là-bas ? Ils vont se contenter de l'exécuter ici. Malgré lui, un léger sentiment de soulagement envahit Hayato. Il préfère la mort à la tuerie. Il ne peut pas voir quelqu'un de plus mourir devant ses yeux. Gin attrape ses cheveux sans douceur. Il tient une pilule dans sa main, sûrement ce fameux poison 

Hayato se rend compte qu'au fond de lui, il ne veut pas encore mourir. Il ne s'est pas vengé, il ne pourra pas reposer en paix tant qu'il ne leur aura pas fait payer leurs crimes.
Il serre les dents et détourne la tête. Non il n'avalera cette chose. Il a encore des choses à réaliser avant de sombrer dans le sommeil éternel. 

Gin s'énerve, il force le lycéen à le regarder de nouveau, en tirant d'un coup sec. Le geste arrache un petit cri de douleur au garçon. Le tueur en profite pour déposer le poison dans le fond de sa gorge et le force à avaler. Une fois qu'il est certain qu'Hayato a ingurgité la pilule, il lâche sa tête. 

Il pose alors un doigt sur une cicatrice située sous l'œil du lycéen, la caresse du bout du doigt et siffle d'une voix glaçante : 

- Je t'avais prévenu ce jour-là ... Un bon chasseur finit toujours par tuer sa proie ... 

Les yeux d'Hayato s'écarquillent de frayeur. Il aimerait qu'on ne lui rappelle plus cela, il aimerait l'oublier à tout jamais. S'il pouvait, il aurait remonter le temps pour changer les choses de "Ce jour-là ..." 
Ces deux mots maudits aux yeux d'Hayato. Le tueur venait de les lui rappeler ... 

Une vague de douleur l'envahit, il en oublie le fil de sa pensée. Même le bruit caractéristique des pas de Gin et Vodka qui s'en vont, ne l'interpelle pas

Il a très chaud d'un coup, vraiment chaud. Il a l'impression qu'il va fondre ... Sa poitrine est douloureuse, chaque inspiration est laborieuse. Mille questions se pressent alors dans sa tête. 

Alors c'est ainsi que tout va se finir ? Ils vont encore gagner et s'en sortir indemnes ? Ils vont continuer à tuer des innocents et à semer le trouble partout où ils passent ? 

Au moins ils n'avaient pas l'air d'être au courant pour Akiyama-keiji ... Ils étaient bel et bien à la recherche du lycéen, mais n'avaient aucun moyen de comprendre qu'il s'était réfugié chez la policière. 

C'est sur ces dernières pensées que le garçon perd connaissance pour de bon ... 




The Black Cat [Détective Conan]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant