Perchée sur une escabelle en bois mal stabilisée, Kathryn tentait vainement d'accrocher une guirlande lumineuse sur la façade du bungalow d'Aphrodite. La langue coincée entre les dents, elle fronçait les sourcils pour se concentrer, sans se soucier de l'équilibre précaire dans lequel elle se trouvait. Son seul objectif était celui de décorer la surface supervisant l'entrée de la construction à l'aide des ampoules colorées alternativement de bleu, rouge, jaune et vert. Tout en se hissant sur la pointe des pieds, sa tresse de cheveux blonds réalisée par Sophia glissa de son épaule dans son dos. Avec un soupir d'agacement, elle força sur ses jambes et étendit ses bras au maximum pour enrouler le fil électrique autour du clou préparé à cet effet.
-Kath ! s'écria Peter, qui déboucha de l'étendue verte sans prévenir. Il faut que je te raconte !
-Ah ! s'exclama-t-elle.
Son sursaut l'obligea à écraser ses talons sur l'escabelle qui, déstabilisée parce que déjà bancale, s'ébranla et éjecta la jeune fille hors de son perchoir. Dans un élan chevaleresque, son ami brandit les bras devant lui pour tenter de la rattraper, mais ceux-ci flanchèrent sous le choc et les deux adolescents s'abattirent au sol, sur le seuil du bungalow. Un gémissement de douleur s'échappa des lèvres du fils d'Apollon alors que Kathryn appuya son coude sur l'estomac du jeune homme pour se redresser.
-C'est gentil d'avoir essayé d'amortir ma chute, le remercia cette dernière en se frottant l'arrière de la tête.
-En fait, j'essayais de te rattraper, confessa Peter, espérant désespérément que son amie ôte son articulation anguleuse de son ventre le plus rapidement possible. Tu as fait exprès de me tomber dessus ou... ?
-C'est plutôt moi qui devrais te demander si tu as fait exprès de me faire peur comme ça alors que j'étais concentrée sur une tâche de la plus haute importance, remarqua la jeune fille. Qu'est-ce qu'il t'a pris, aussi ?
-Mais je t'assure, c'était super important, se défendit-il. J'ai couru de la Grande Maison pour venir te le dire, alors quand je t'ai vue, j'ai...
-Important ? répéta-t-elle en l'interrompant dans sa phrase. Monsieur D. est d'accord ?
-Non, soupira-t-il, déçu. Je t'assure que j'ai insisté et bien argumenté, pourtant. Mais je crois qu'il est un peu trop soucieux du sort des fraises. Ou alors, il ne m'aime pas, ajouta-t-il en affichant une grimace boudeuse.
La fille d'Iris tourna la tête et observa son ami de son regard scrutateur, à la recherche d'une quelconque trace qui indiquerait que son histoire n'était pas finie. Les yeux vert clair du jeune homme semblaient attendre une parole rassurante, alors que son nez froncé – de douleur ou de dégoût, elle ne pouvait décider – accentuait ses taches de rousseur. Kathryn se redressa en prenant appui sur Peter et déposa sa main dans les cheveux blonds de ce dernier, ébouriffés par la course qu'il avait réalisée.
-Dis-moi qu'il y a un « mais », à ce que tu es en train de m'expliquer, supplia-t-elle d'un ton pressant.
-Non, je suis vraiment désolé, Kath, marmonna-t-il, je te jure que j'ai vraiment essayé.
-Et c'est ça qui était si important à dire ? insista-t-elle en l'aidant finalement à se relever.
-Bien sûr, s'offusqua-t-il faussement, sinon, tu allais attendre qu'il neige toute la soirée. Je te connais, tu sais, je t'imaginais déjà soupirer en regardant dehors avant de dire « si seulement il pouvait neiger... ».
Dans les yeux bleu-gris de la jeune fille, affront et douceur se livraient une bataille qu'elle ne se donnait pas la peine de cacher, hésitant entre lui adresser la plus humiliante réprimande de sa vie et le remercier le plus chaleureusement possible. Finalement, optant pour une solution plus proche de la deuxième option, un sourire se peignit sur son visage, et elle passa ses bras autour de Peter pour le serrer contre elle.
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Petites histoires de la Colonie des Sang-Mêlés [Percy Jackson OS]
FanfictionParce que la Colonie est mon havre de paix, une de mes sources d'inspiration et un lieu dans lequel créer des personnages est pour moi aussi confortable et rassurant qu'un doux plaid en hiver... j'ouvre ce recueil de nouvelles dans l'univers de Perc...