Entre valses et douceurs

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Les membres de la famille Hastings, qui s'étaient préalablement vêtus de leurs plus beaux -bien que démodés- costumes d'apparats, descendirent de leur fiacre pour rejoindre le lieu de réception : un manoir classique appartenant à un nouveau riche étranger. Ils parcoururent le chemin de gravier, bordé par de splendides lanternes en fonte, qui menait à la massive porte d'entrée encore ouverte aux invités.

Dorian était émerveillé par ce faste extraordinaire. Tant et si bien, que la voix claire et forte du majordome qui les annonça, le fit sursauter !

- Le comte et la comtesse de Brighton, accompagnés de leur fils, la famille Hastings.

Le hall du vieux manoir dans lequel se déroulait la réception, était paré d'un magnifique lustre de cristal qui, combiné aux multiples chandeliers, éclairait la pièce d'une splendide lumière chaude et dorée.

L'endroit était grand. De chaque côté de la salle, se tenait une table sur laquelle étaient disposées différentes bouchées sucrées et salées, ainsi que des coupes de clairette de Die, un nouveau vin pétillant venant de France, probablement importé car au goût de leur hôte. Au fond se trouvait un grand escalier se divisant en deux à mi hauteur pour desservir le second étage. Devant ce dernier se trouvait un orchestre d'instruments à cordes et cuivres qui faisait résonner avec légèreté, quelques accords de valse. L'espace restant était converti en piste de danse, et le petit salon attenant, ouvert, permettait de s'isoler le temps d'une discussion.

Il faut dire que pour une première expérience du monde, cette soirée était vraiment somptueuse.

Dorian saluait poliment les personnes qui s'approchaient de lui, profitant enfin de l'enseignement dur qui lui avait été inculqué pendant toutes ces années. Il passait un bon moment, cependant, la constante présence de ses parents à ses côtés ne l'aidait pas à être davantage à l'aise.

Une fois que les invités furent tous arrivés, le majordome présenta enfin le maître de maison.

- Accueillez comme il se doit, mein Herr*, Jakub Zywietz, votre hôte pour ce soir.

*mon maître (en allemand)

Tous les regards convergèrent alors en direction de l'entrée du petit salon. Un homme élégant, dégageant un petit quelque chose de princier, venait d'entrer dans le hall.

C'était un bel éphèbe slave d'une trentaine d'années aux cheveux d'un blond éclatant. Il avait de beaux yeux foncés tirant presque sur le bordeaux, mis en valeur par le ton clair rosé de sa peau. En dépit de ses ascendances, il ne semblait guère plus grand que le jeune anglais. L'on pouvait tout de même, sous son costume, distinguer des courbes plus athlétiques. À son attitude, ses vêtements et son apparence générale, on devinait que Jakub avait à cœur de faire bonne impression.

Parmi la foule, l'on notait des regards intrigués, envieux et même pour certains méfiants. Les "courtisanes" célibataires et en mal d'amour, ne se gênèrent pas d'ailleurs pour échanger quelques messes basses le concernant.

- Il paraît qu'il est polonais, chuchota une drôle de dame à son amie qui était tout aussi... "étonnante".

- Je n'en sais guère plus que vous, très chère, mais en tout cas, je ne pense pas qu'il soit déjà marié. Je tenterai bien ma chance... répondit la vieille fille qui, visiblement, sur-estimait ses avantages.

Dorian regardait les deux bourgeoises s'émouvoir sur la beauté de leur hôte avec un frisson d'inconfort. Certes, il avait un charme certain, mais pour autant il ne comprenait pas cette convoitise malsaine. Il était plongé dans ses pensées lorsque la comtesse lui tira énergiquement le bras.

Bloodlust : une histoire de vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant