Bloodlust : une histoire de vampires

C'était il y a bien longtemps...

Jakub s'assit sur le banc en pierre tandis que Dorian restait debout, attendant fébrilement l'histoire du vampire. Celui-ci prit une respiration avant de se lancer dans son long récit.

- Je suis né en Pologne il y a plusieurs centaines d'années. J'étais issu d'une grande famille spécialisée dans l'import-export, ainsi que responsable de plusieurs terres que l'on louait aux paysans locaux pour les cultiver. J'étais fils unique et donc voué à récupérer les terres et titres de noblesse de mon père, commença le blond. Je n'ai jamais été très attiré par les soirées mondaines, comme tu le sais déjà. Mais il y en a une que je n'oublierai jamais, c'est celle où j'ai rencontré ma femme.

Dorian vit dans les yeux de son hôte une lueur qu'il n'avait jamais vu auparavant, une fugitive trace d'un bonheur unique. Il se serait peut-être attendrit s'il n'était plus sous le coup de l'horrible scène à laquelle il venait d'assister.

- Elle se trouvait là, au milieu de la foule, ses cheveux blonds soigneusement coiffés tombant en cascade sur ses épaules, des yeux pareil à deux perles de saphir. Elle portait une robe rose pâle, on aurait pu la confondre avec une poupée de porcelaine aujourd'hui. Elle était magnifique... Encore maintenant je me souviens de chaque détails. Nous avions dansé toute la nuit. Nous avions quinze ans à l'époque. Nous nous sommes mariés l'année de nos dix-huit ans, après que nos familles respectivent aient enfin convenu que notre union serait bénéfique. Une année plus tard, elle me donna un magnifique petit garçon, Misha. Ma vie était parfaite... J'aurais aimé qu'elle le reste... j'aurais tellement aimé...

Jakub sentit sa gorge se serrer, quand bien même c'était il y a des siècles, la douleur était toujours bien vivante. Dorian se surprit à avoir de la peine pour lui en voyant des larmes poindre au coin des yeux bordeaux qu'il avait tant admiré. Le slave poursuivit son récit, l'air ailleurs, comme si son esprit se trouvait à nouveau dans le passé.

- Si mon père avait su ravaler son égo cette fois-là.... Si seulement il n'avait pas provoqué cet homme puissant.... J'aurais peut-être fini ma vie à leurs côtés dans l'ignorance totale de cette malédiction....

***

-Prêt de trois cents ans en arrière-

C'était lors d'une froide nuit de Décembre en Pologne. Il neigeait ce jour-là, et Jakub avait emmené son fils, âgé alors de trois ans, au marché nocturne. Chaque année dans leur ville, un tas de petites échoppes se montaient pour célébrer la Saint Nicolas. Entre les effluves d'alcool bouillis et celles des pains épicés, se trouvaient quelques créations de bois faites spécialement par les artisans du village pour l'occasion. Sa femme et ses parents étaient restés dans sa grande demeure, prétextant qu'il faisait trop froid pour eux dehors afin de préparer une surprise pour le petit. Jakub se promenait innocemment avec son enfant, passant d'échoppe en échoppe, inconscient du drame qui prenait place chez lui.

Ce soir-là était un soir de fête, car sa belle venait d'annoncer au parents de Jakub qu'ils attendaient un deuxième enfant. L'heure n'était pas à la vigilance, ce qui fut une terrible erreur...

Pendant leur escapade au marché nocturne, des assassins s'étaient introduits dans la maison de famille du slave. Tout s'était passé très vite, et à l'époque, rien n'aurait pu prévenir le jeune aristocrate de la tragédie à laquelle il allait devoir faire face en si peu de temps.

Jakub rentra finalement chez eux, avec son fils et leur valet. Ils étaient tous contents de leurs trouvailles, et excité à l'idée de montrer cela au reste de la famille.

Leur joie ternit bien vite.

C'est en mettant un pied dans une petite flaque de sang au milieu du hall, que Jakub comprit que quelque chose s'était passé. Il confia Misha au valet, lui intimant de ne rien lui montrer, de le garder en sécurité, et il partit à toute vitesse à travers les couloirs glacés de la vieille bâtisse. Plus il avançait et plus son angoisse montait. Au fur et à mesure, il trouvait les corps sans vie des domestiques du manoir. Mais le pire était encore à venir. C'était un cauchemar, comment pouvait-il en être autrement ? Toute cette sauvagerie paraissait tout simplement irréaliste.