Devoirs et déplacements

Chapitre 5 - Rue Ste-Catherine ➡️ rue Papineau

16 novembre, 17h20

Gabrielle

Depuis que nous sommes revenus à l'heure normale il y a une dizaine de jours, le soleil se couche peu après ma sortie de l'école. Les nuages prennent alors une surprenante couleur rose qui se reflète sur les immeubles. Mais, malheureusement, le phénomène atmosphérique ne dure que quelques minutes puis l'obscurité et la froideur qui l'accompagne tombent rapidement, donnant le goût de rentrer se réfugier à la maison.

Mais ce soir, au lieu d'être rentrée à la maison, je suis au centre d'achats avec Rym. Le party de Noël de l'école aura lieu très tôt cette année, dans moins de 10 jours, et nous devons toutes deux nous acheter des tenues pour y prendre part. Nous avons donc profité du calme relatif avant la folie du magasinage des Fêtes pour venir magasiner puis aller souper dans un espace situé dans ce centre d'achat qui contient de nombreux comptoirs alimentaires de gamme supérieure à ce que l'on retrouve habituellement dans ce type d'établissement.

Je suis dans une salle d'essayage de l'une de mes boutiques préférées. C'est une boutique où les vêtements sont un peu plus dispendieux que ceux que j'achète habituellement mais c'est ici que je viens lorsque j'ai besoin de quelque chose de spécial, surtout en raison de la grande variété de tailles qui fait que je peux toujours trouver des pièces qui me font sans devoir être retouchées, malgré mes longs bras, mes longues jambes et mes formes généreuses. Je suis en train d'essayer une robe verte satinée qui tombe un peu au-dessus de mes genoux avec des manches longues et un décolleté plongeant lorsque j'entends Rym, qui m'attend en dehors de la salle d'essayage, discuter avec un homme. Ils semblent échanger des mondanités mais j'ai l'impression que j'entends mon nom. Rym a beaucoup de succès auprès des hommes et je me dis que c'est probablement quelqu'un qui veut la draguer et qu'elle m'a nommée en me disant qu'elle accompagnait son amie.

Je sors de la salle d'essayage pour que Rym me donne son avis sur la robe que je suis en train d'essayer. Je me place devant le miroir lorsque mes yeux croisent ceux de l'homme qui est en train d'essayer un veston à côté de moi. Je reconnais ces yeux bleus : c'est Zachary Archambault.

La conseillère est en train de s'adresser à lui.

- Celui-là vous va vraiment bien, les manches tombent parfaitement, vous n'aurez même pas besoin de retouches. Je vais aller chercher le manteau que vous avez essayé tout à l'heure pour que vous puissiez voir comment ça va par-dessus. Attendez-moi un instant.

J'ai souvent pensé à Zach au cours des dernières semaines, depuis qu'il s'est occupé de moi lors de cette soirée où j'ai un peu beaucoup abusé de l'alcool et qu'il s'est comporté en véritable gentleman selon Rym. J'ai même regardé un match pendant lequel il jouait vendredi de la semaine dernière alors que j'hébergeais Sophie et Xavier qui étaient de passage à Montréal pour le week-end. Il faisait vraiment pitié au cours du match que les Canadiens ont perdu 7-2. Après le 5e but, il a relevé son masque et la caméra a montré un gros plan de son visage dépité. Après le 7e but, il a complètement enlevé son masque cette fois, avant de brusquement le lancer par terre puis de casser son bâton sur la barre horizontale de son filet. Il a peut-être beaucoup changé depuis le secondaire mais il y a certains aspects de sa personnalité qui semblent être toujours bien présents. Mon père m'avait déjà expliqué que les gardiens étaient souvent remplacés lorsqu'ils accordaient plusieurs buts pour ne pas qu'ils perdent leur confiance et pour changer l'allure du match. J'ai demandé à Xavier pourquoi ils ne faisaient pas cela avec le pauvre Zach mais il m'a répondu que c'était impossible puisque les Canadiens jouaient 2 matches en 2 soirs et que ça nuirait à la performance du gardien du lendemain s'il entrait dans la rencontre.