Cette nuit-là, Kirta était préoccupée. Et comme toutes les nuits où elle ne trouvait pas le sommeil, elle resta à l'observatoire. Calée entre deux feux de cheminée, elle était allongée au sol, à regarder les étoiles. Elle cherchait des yeux où sa mère pouvait se trouver, en comparant ce que Alfaï lui avait appris à ce qu'elle voyait dans la voûte céleste. Des étoiles bleues, rouges ou encore jaunes perçaient l'obscurité de la nuit. Autant d'astres qui aidaient Tfara, le dieu de la lumière et de la chaleur, à lutter contre les ténèbres.
L'endroit où se trouvait Kirta avait été construit par sa mère. Une des nombreuses choses qu'elle avait accomplies dans sa courte vie. C'était ainsi pour les Bleus : une vie courte mais très active. Tandis que la vie des Rouges était plus longue mais plus passive. Et les Jaunes représentaient une parfaite moyenne entre les deux.
La jeune femme se rendit compte qu'elle s'était assoupie lorsque les rayons du soleil le plus lumineux des deux, la réveilla. Quelle heure était-il ? En considérant la position des deux astres dans le ciel, il était beaucoup trop tard ! Elle avait manqué son cours d'astronomie avec Alfaï ! Kirta s'empressa de se lever, coiffa approximativement ses longs cheveux blancs et se fit un brin de toilette grâce à un des feux de cheminée. Elle prit soin d'éteindre toutes les flammes avant de partir et s'engagea dans les rues de la ville pour rejoindre le forgeron. Elle arriva pile à l'heure pour débuter sa journée de travail. Tatiss racontait des blagues à d'autres apprentis avec qui elle riait. Elle ne manqua pas de saluer Kirta. Ttaror entra d'un pas pressé dans la pièce, les sourcils froncés et la mâchoire crispée. Il s'adressa à Kirta d'une voix rapide :
– Peux-tu déposer le lit que tu as confectionné hier chez les clients qui l'ont commandé ?
– Les clients ne viennent pas le chercher, comme d'ordinaire ? s'interrogea la jeune femme.
– Non... Ces clients-là sont... particuliers. Il s'agit de la famille Iféior, j'imagine que tu les connais, ils ne passent pas inaperçus.
– Oui, je vois où ils habitent. Je vais déposer le lit en fer forgé chez eux.
– Vas-y de suite, tu ne dois pas les faire attendre.
– Bien, je me mets en route, répondit K, d'un ton déterminé.
– Merci.
Kirta déposa le lit sur un chariot, se positionna devant celui-ci et se mit à le tirer. L'attelage était lourd, la route allait être longue jusqu'à la demeure des Iféior. Elle connaissait cette famille de nom, car elle était l'une des plus puissantes du pays. Ils se vantaient régulièrement de leur ascendance uniquement composée de Bleus purs. Cette famille avait un fils unique, Rassèss. En pensant à cet individu, la jeune femme se stoppa. Était-elle assez bien coiffée ? Elle posa son chariot et s'avança vers un miroir qui était sur la devanture d'une boutique. Elle s'observa, remis ses cheveux en place, se fit un chignon avec l'épaisseur supérieure de ses cheveux. Puis elle examina ses vêtements, passa ses mains dessus pour les défroisser et enlever des poussières. Elle n'avait pas eu le temps de faire correctement sa toilette ce matin et espérerait que ça ne se remarquerait pas. Après tout, on ne va pas mal habillée et décoiffée chez l'une des familles les plus influentes du pays.
Kirtaretourna près du chariot, attrapa les poignées et se remit en route. La villeétait circulaire avec au centre le palais de la Gouverneure, autour les manoirsdes Bleus purs, puis les maisons des Bleus, ensuite plusieurs quartiersabritaient les Jaunes et enfin, en périphérie, de nombreux quartiers Rouges. Kirtahabitant au nord de la ville, elle devait en traverser une partie en directiondu sud pour atteindre le quartier Bleu.
D'abord, elle parcourut un des nombreux quartiers des Rouges. Il était constitué de petites maisons octogonales, collées les unes aux autres. Cet endroit avait pour couleur majoritaire le vermeil. Les Rouges étant plus nombreux que les autres teintes d'écailles mais ayant un espace guère plus grand que ceux des autres couleurs, ils vivaient beaucoup plus serrés que les Bleus. Kirta résidait dans un de ces quartiers. Sa mère ayant épousé un homme de la classe sociale basse, elle avait dû vivre comme lui.
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L'étoile bleue
FantasíaSi vous étiez discriminé-e, chercheriez-vous à être accepté-e ? À n'importe quel prix ? C'est le choix que Kirta a fait. Discriminée en raison de ses yeux rouges, elle est prête à tout pour se trouver une place dans sa société. Y parviendra-t-elle...