Chapitre 2

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PDV Lando
Sahkir, Bahreïn – Dimanche 13 mars

Je venais de me faire déposer devant la boîte où j'avais décidé de passer ma soirée. Après avoir payé le chauffeur, je jetai un rapide coup d'œil à ma montre : 23h47. La soirée devait déjà battre son plein, et j'espérais que l'ambiance compenserait la musique douteuse qui passait ici.

En vérité, je savais exactement pourquoi j'étais là. Ce n'était pas pour la musique, ni pour l'ambiance, ni même pour la soirée en elle-même. J'étais venu pour une fille. Et pas n'importe laquelle : Mia.

Au début, je ne lui avais pas vraiment prêté attention. En tant que pilote, on rencontre tellement de gens qu'elle était juste une parmi d'autres. Mais quand les gars avaient découvert qu'on avait exactement le même âge — littéralement le même jour d'anniversaire —, ce détail avait complètement changé ma façon de la voir. J'avais pris ça comme un signe de l'univers, comme si on m'indiquait qu'elle était la bonne.

Depuis, chaque interaction avec elle avait pris une nouvelle dimension. Pourtant, je devais admettre que ces interactions étaient rares et toujours professionnelles. J'avais essayé de lancer des perches, mais c'était comme lancer une balle dans un puits sans fond : aucune réponse. Pire, je paniquais presque systématiquement dès qu'elle se trouvait dans mon espace vital. Comme cet après-midi où j'avais eu du mal à camoufler ma voix tremblotante et mon teint rougit. Rien que d'y repenser, j'avais envie de disparaître sous terre.

Ce qui avait commencé comme une blague avec les autres pilotes s'était transformé en un crush bien réel, malheureusement. Parce qu'après un an à tenter d'attirer son attention, il était clair qu'elle ne voyait en moi qu'un pilote parmi tant d'autres.

Il fallait aussi avouer que lorsque je repensais aux histoires de mes amis, je ne pouvais pas m'empêcher d'être un peu jaloux. Pas dans le mauvais sens, loin de là, ils méritaient tous le bonheur dans lequel ils nageaient. Simplement, l'éternel "pourquoi eux mais pas moi" me hantait. Si on prenait l'exemple de Pierre et Ellie, le nombre de choses qui leur étaient arrivées et dont le pourcentage de chance était inférieur à 1% était énorme. Eux, pour le coup, on pouvait bel et bien dire que le destin les appréciait. Toutes les planètes s'étaient alignées pour que leur histoire fonctionne.

Perdu dans mes pensées, je ne remarquai même pas le videur avant qu'il ne m'autorise à entrer. Dès que je passai la porte, je la vis. Mia était là, accoudée au bar, patientant pour commander. Mon cœur fit un bond. Je respirai profondément. Tout allait bien se passer. J'avais tout prévu.

Je m'approchai lentement, essayant de ne pas paraître trop pressé et passa derrière elle en la frôlant légèrement. Premier essai, raté. Elle ne tourna même pas la tête d'un millimètre. Bon, j'attendis une petite minute avant d'y retourner, histoire que si quelqu'un m'observait, il ne pense pas que j'harcelais Mia. Après une rapide inspection des alentours, j'en conclus que personne ne me portait attention et repassai derrière elle. Rien à faire, j'étais comme un fantôme. Je recommençais à plusieurs reprises et finit par réussir.

— Oh, pardon, excuse-moi, je ne t'avais pas vue ! balbutiai-je, feignant de ne pas avoir remarqué à qui je parlais.
— Encore toi, Lando ? Tu cherches quelque chose ? Ça fait quatre fois que je te vois passer, répondit-elle en riant.

Je rougis violemment, mon cerveau cherchant désespérément une réponse cohérente.

— Euh, oui... mes amis, à vrai dire, improvisai-je.

Elle haussa un sourcil amusé, puis pointa du doigt derrière moi.

— Eh bien, eux t'ont trouvé, dit-elle avant de retourner à son verre.

Fais-moi un signe - Lando NorrisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant