Appareil photo à la main, elle se baladait dans cette immense forêt montagneuse, laissant ses pensées flotter au fil de la brise tiède et ses yeux parcourir cette toile de jade sombre.
Les mille et une senteurs de la nature enivraient ses narines d'un parfum propre aux Alpes de Haute Provence. L'odeur était un mélange de sapin et de roche humide. C'était tellement pur que ses poumons se gorgeaient d'oxygène à n'en plus pouvoir.
La fraîcheur de l'air glissait sur sa peau chaude comme un léger tissu vaporeux, et les derniers rayons de soleil la caressaient d'un picotement agréable.
En cette période de l'année, elle pouvait entendre le doux chant des cigales, un son pour elle si nostalgique. Accompagnées d'oiseaux qui sifflaient à cœur joie, leur symphonie en harmonie résonnait dans tout le bois. À laquelle s'ajoutait la mélodie des cours d'eau cristallins, qui s'écoulaient paisiblement de part et d'autre.
Les échos de Dame Nature étaient inestimables à ses yeux.
Elle marchait lentement pour profiter de ce spectacle naturel qu'elle aimait tant. À travers son objectif, elle capturait l'instant unique que la beauté du monde lui offrait. Son regard s'émerveillait devant cet art somptueux et animé continuellement.
Le crépuscule avait déjà commencé son ascension, permettant à la brume de lever son voile blanc et à la lune de scintiller d'une magnifique clarté, rendant l'atmosphère mystique.
Vingt-deux heures passées, la jeune femme avait de plus en plus de mal à se repérer, et la fraîcheur lui rongeait les os, mais elle ne voulait pas quitter son jardin apaisant. Néanmoins, elle n'avait plus le choix. Résignée, elle suivit sa balise GPS pour sortir, et regardait en même temps où elle mettait les pieds, quand tout à coup, elle eut une impression étrange, comme si quelqu'un, ou quelque chose, épiait ses mouvements.
L'atmosphère s'alourdit tandis qu'un silence de mort s'abattait sur la forêt. Le vent n'était plus et les chants s'étaient tus. Plus un seul son ne lui parvenait excepté ses propres pas lourds.
C'était comme si la vie s'était subitement figée.
Un long frisson fit trembler son corps pour réveiller la chaire de poule. Son cœur battait rapidement dans sa poitrine jusqu'à résonner dans ses tempes, sa respiration devint saccadée tandis qu'elle accélérait la marche. Elle avait chaud et tous ses sens étaient en alerte, attentifs au moindre bruit, au moindre mouvement, prêts à réagir.
Son instinct lui hurlait de s'enfuir le plus vite et le plus loin possible de cet endroit.
Mais elle n'entendait rien, hormis sa propre présence, alors elle s'immobilisa au milieu des arbres pour écouter.
À travers ce silence glaçant un léger bruissement lui parvint. Ses poils se dressèrent sur ses bras tandis qu'elle tournait vivement la tête dans la direction du son. Sans bouger d'un millimètre, elle fixait un coin obscur près d'un rocher, et un grognement résonna, semblable à celui d'une bête enragée.
Peut-être était-ce un chien, pensait-elle.
Le vent se leva d'un sifflement aigu, reveillant les feuillages qui s'agitèrent dans tous les sens, et balaya une nuée glaciale sur son passage pour s'écraser contre son visage pâle. Le souffle était si violent qu'il l'etourdit, comme s'il voulait la pousser en arrière, la forcer à reculer aussi loin qu'elle le pouvait. Seulement, face à la menace, elle resta bien en place, refusant de tourner le dos au danger.
Un énième grognement à en faire trembler les morts retentit, quand finalement l'animal se montra enfin, sortant de sa cachette pour monter sur le grand rocher qui la surplombait.
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Colère Noire
RomanceTout commence d'une rencontre presque fortuite. Perdue au milieu de la forêt du sud, au crépuscule d'une énième balade à la fois banale et magique, sa vie si paisible sera bousculée sans retour en arrière possible. Car Kad s'évertue à fuir le monde...