Rosalía | Bagdad, cap 7 : Liturgia 🎵
Mes mains sont moites et glissent l'une contre l'autre, malgré le fait que je les essuie toutes les dix minutes contre mon jean. J'ai arrêté un peu plus tôt de mordre ma lèvre, quand j'ai senti qu'elle était engourdie. Et maintenant, mes genoux tressautent. Je regarde la vitre teintée de la salle d'interrogatoire en sachant pertinemment qu'on peut me voir, décortiquer les moindres de mes mimiques, sans que jamais je n'en sache rien.
Mon Dieu, c'est un cauchemar. La drogue n'est pas la mienne. Je n'en ai jamais pris, je n'en ai même jamais vu ! Quant au meurtre ? Comment aurais-je pu commettre une chose pareille ? J'avoue qu'il m'est déjà arrivé de faire du mal à un moustique - même plusieurs en été. Mais autrement, j'ai toujours filé droit en dépit de mon quotidien d'orpheline. Parce que je n'ai jamais voulu que ce soit une excuse. Parce que j'ai toujours voulu rendre maman fière de là où elle était. Et me voilà dans un bus direction la case prison. Sans justification, sans avocat. Mon commis d'office devait normalement arriver à 13 heures. Il est 18h... J'ai eu droit à un coup de fil que j'ai passé à Rosa. Mais elle n'a pas répondu. Et quand j'ai raccroché, je me suis rendue compte que je ne connaissais aucun autre numéro que le sien. Parce que je n'avais personne d'autre qu'elle...
Je passe mes mains menottées sous mon nez qui coule et essuie mes larmes avec les doigts. La boule au ventre, je ne peux m'empêcher de sangloter et de penser à toutes ces personnes innocentes qui sont actuellement en prison. À me dire que leur calvaire a commencé comme le mien. À me dire qu'être orpheline est considéré comme avoir une « enfance difficile » aux yeux de la société, et donc comme un « levier à la délinquance » aux yeux de la justice.
Mon dieu, je ne survivrai jamais en prison ! Je me ferai bouffer, dès que je mettrai les pieds là-bas, et je finirai par me pendre pour échapper à la torture.
Alors que je me force à ne pas fondre en larmes, la porte s'ouvre et une dame brune en tailleur entre avec un dossier en main qu'elle lit. Elle me retire les menottes, s'assoit de l'autre côté de la table et pose un regard neutre sur moi, digne de celui de mon ancienne assistante sociale. Immédiatement, je me frotte les poignets pour éloigner cette sensation atroce qui nous ôte notre sentiment de liberté, de contrôle, d'être un humain, et pas un animal.
- Whitney Carlson, c'est bien ça ?
Je hoche la tête.
- Est-ce que ça va ? Vous voulez quelque chose à boire ? À manger ?
Je secoue la tête. Elle me fait un faible sourire et étudie à nouveau ses papiers. Qu'est-ce qu'elle attend pour me dire ce qu'il en est et ce qu'ils vont faire de moi ?
- Je vous jure que la drogue n'est pas la mienne. Je n'ai tué personne. Je n'ai jamais rien fait de mal.
La seule chose que je me souvienne qui était mal, c'était dans ma famille d'accueil numéro 2. Les parents étaient tellement méchants, qu'ils leur arrivaient de nous envoyer mes frères numéro 2 et moi nous coucher sans manger. Alors nous avions appris à voler dans les magasins, puis à cacher la nourriture dans notre chambre. Mais ça n'a duré que quelques mois avant que mon dossier ne soit transféré dans une autre famille.
- Je le sais Whitney.
Quoi ?
Elle dépose le papier sur la table, pose ses coudes et croise ses doigts, l'air malicieux.
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La Princesse de la Mafia
RomanceOrpheline depuis des années maintenant, Whitney a toujours su comment se débrouiller sans compter sur l'aide de quiconque. Entre son job dans un café et ses études à l'université du coin, elle n'a pas le temps pour quoi que ce soit d'autre dans sa v...