CHAPITRE 28 (réécrit)

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Can't pretend – Tom Odell

"Love, I have wounds
Only you can mend"

EZRA

Depuis ces cinq derniers jours, mon quotidien se résout à me morfondre, pleurer Danielle, et balader Wendy.

Ma génitrice, en plus d'avoir fait irruption dans ma vie pour mieux la détruire, a décidé de rester vivre « chez elle ». Alors je sors de ma chambre uniquement si nécessaire, pour la voir le moins possible.

C'est comme si une plaie que je pensais avoir enfin réussie à refermer s'était de nouveau ouverte. Et je n'ai aucun moyen de panser mes blessures de nouveau. Je n'ai plus la force, et surtout plus celle avec qui j'y arrivais.

Faire une croix sur Danielle est de loin la décision la plus douloureuse que je n'ai jamais eue à prendre. Mais plus elle est loin de moi et de ma mère, mieux elle se porte.

Danielle mérite mieux. Elle mérite plus que tout d'être heureuse et comblée, et je sais que je ne la mérite pas.

Courir avec Wendy, le vent frais de cette soirée morose d'avril dans le visage me fait le plus grand bien. Mon père a essayé de faire partir ma mère, mais il n'a plus la force de se battre. Alors il est reparti à son bureau en s'excusant. Et à présent, son ex-femme dort dans leur ancienne chambre, comme si de rien n'était.

Il est malheureusement temps de rentrer, ça fait déjà plus d'une heure que je cours, et ma pauvre chienne commence à être fatiguée. Heureusement que Wendy est là, ça peut paraître idiot parce que c'est un animal, mais sa compagnie est tellement nécessaire à ma vie depuis sept ans. Je ne sais pas comment je ferais sans elle, d'autant plus dans des moments comme celui-ci.

En arrivant devant ma porte, Wendy se met à aboyer. C'est étrange, elle ne fait jamais ça. Surtout aussi fort, comme si elle était inquiète. J'ouvre alors la porte, et elle se rue du côté de la cuisine et du salon. Je la suis, avec un mauvais pressentiment, et me mets à courir vers l'îlot central de la cuisine d'où je distingue des jambes allongées au sol.

Et mon cœur s'arrête de battre.

- DANIELLE !

Je m'agenouille à ses pieds, et découvre un visage couvert d'hématomes, et d'une entaille inquiétante sous son œil gauche.

- Eh, Dani, répond moi, est-ce que tu m'entends ? Mon cœur bat à tout rompre, mes yeux brulent tant la voir dans cet état est effroyable.

Des larmes se mettent à couler sur mon visage. Je me demande d'abord ce qu'elle faisait ici, puis comment cela a-t-il pu se produire ? Mais au fond de moi, si j'ignore les battements lourds de mon cœur bruyant, j'entends ma petite voie interieure me dire que c'est à cause d'elle. Je regarde autour de moi, la tête de Danielle entre mes mains, et découvre un couteau de cuisine à quelques mètres d'elle, puis j'observe du sang au coin du meuble. Paniqué, je regarde mes mains, qui sont couvertes de sang elles aussi.

L'aliénée qu'est ma mère a réussi à lui ouvrir le crâne. Et la femme que j'aime se trouve devant moi, inconsciente. Par sa faute.

Par ma faute.

Si je lui avais donné des explications, elle ne serait pas venue ici. Elle n'aurait pas trouvé ma mère et n'aurait pas fini, pour je ne sais quelle raison, dans cet état.

Mon cœur bat à la chamade, et j'ai pourtant l'impression qu'il s'est arrêté.

Paniqué, j'appelle le SAMU, à moins que je ne doive appeler les pompiers ? Son état relève du traumatisme, j'imagine avoir appelé le bon numéro.

Wicked Game (RÉÉCRIT) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant