L'Âme d'Evann

Chapitre 21 ~~ Une fée chez les démons

Quand Sirthaal a quitté le reste du groupe, il avait déjà son idée en tête. Son plan n'avait pas changé, il allait forcer la Déesse à lui montrer la réalité où il pourrait ressusciter son père. À vrai dire, il n'était plus vraiment sûr de savoir pourquoi il souhaitait se venger. Il était toujours en colère, son père avait détruit sa vie : il l'avait blâmé pour la mort de son premier amour et de sa mère, il l'avait forcé à quitter l'auberge et avait convaincu le Conseil des sorciers de lui pourrir la vie. "Comme si passer ma vie cachée dans une caverne était un but ! "Quand il y pensait, ça le mettait en colère, mais plus autant qu'avant. "De toute façon, il est bien trop tard pour reculer. Maintenant que je suis là, autant finir ce que j'ai commencé"

Il s'approchait de plus en plus de la zone de la Déesse, et déjà, la présence des démons se raréfiait. Mais il sentait déjà d'ici que la puissance de la Déesse avait diminué. "La dernière fois que je suis venue ici, les démons étaient bien plus reculés. Elle doit être vraiment très affaiblie" Pour protéger la Déesse du reste de la Réalité, une grande muraille avait été construite autour d'elle, son aura lumineuse suffisante seulement à éloigner les présences indésirables. Les sorciers censés l'aider et la protéger restent à l'intérieur, derrière les murs. Il n'existait qu'une seule entrée, pour relever les gardes.

- Bon, je ne devrais plus être trop loin.

Il arriva au portail. Il lui suffisait de demander à voir l'émissaire de la Grande Prêtresse pour lui remettre le message, il trouverait bien un moyen d'accéder à la Déesse à l'intérieur.

- Qui va là ?

Un garde apparut devant Sirthaal. Il avait un long manteau en plume de corbeaux sur son uniforme, et à sa ceinture pendait de longues dagues en argent.

- Bonjour ! Je suis envoyé par la Grande Prêtresse pour voir son émissaire.

- Veuillez justifier de votre identité avant de pouvoir passer.

- Arrgh, vraiment, je suis obligé ? Pff, je suis une fée de la Quatrième réalité, et mon nom est... Lyn.

- Vous êtes vraiment une fée ?

- Oui, une litenfe pour être précis. Je peux passer, c'est pas que c'est pressé, hein, mais bon...

- Vous avez des ailes ?

- Mais qu'est-ce que vous apprenez dans vos écoles de sorciers ? Je suis une litenfe, pas une fée des prairies ou quelque chose de ce genre.

- Désolé. C'est juste que, vous n'en avez pas particulièrement l'apparence. Bref, vous pouvez rentrer, allez-y.

- Enfin !

Le portail s'ouvrit et Sirthaal glissa dans l'enceinte des murs. "Première étape de passé"

- Je vais vous conduire à l'émissaire. Si vous voulez bien me suivre.

Sirthaal marchait derrière le garde tout en repérant discrètement les lieux. Il y avait plusieurs types de bâtiments : des tourelles longeant la muraille, quelques dômes circulaires où logeaient les gardes et le personnel et au centre, un immense palais, composé comme une étoile, chaque couloir ramenant à son cœur. L'émissaire se trouvait dans un dôme à quelques mètres du palais. À leur arrivée, il sortait tout juste de chez lui.

- Émissaire ! Voilà un jeune homme portant un message à votre destination.

- Vous tombez mal. Je n'ai pas le temps de discuter avec vous, je dois aller voir la Déesse en urgence.

Sirthaal glissa sur l'occasion.

- Dans ce cas, je vais vous accompagner, je vous passerai le message en chemin.

- Mais vous n'avez pas l'autorisation de vous approcher de la Déesse, protesta le garde.

- Ce n'est pas grave, répondit l'émissaire, cela passera pour cette fois.

- Oui, et nous n'allons pas tout de même faire attendre la Déesse, partez sans crainte mon bon soldat.

Le soldat recula légèrement, se méfiant. Mais il fit un signe de tête et laissa Sirthaal partir avec l'émissaire. Celui-ci repartait déjà vers le bâtiment central.

- Alors ce message, de quoi s'agit-il ?

- Je ne sais pas, pour tout vous avouer, je m'en fiche un peu.

- Hein ?

L'émissaire se retourna brusquement seulement pour rencontrer le poing de Sirthaal. Il tomba à terre directement.

- Désolé, vraiment, ce n'est pas personnel, mais vous voyez, je n'ai pas vraiment le temps de m'occuper autrement de vous.

Il déplaça le corps inconscient du sorcier dans un coin sombre, et se dépêcha vers le centre des bâtiments, tout en esquivant les soldats qu'il rencontrait. Enfin, il atteint le cœur de l'étoile : la chambre de la Déesse. Évidemment, elle était gardée par deux soldats, que Sirthaal ne pouvait éviter. Il se présenta alors à eux.

- Bonjour gardes. Je me présente : Lyn, au service de la Déesse. J'ai un message de la part de l'émissaire de la Grande Prêtresse. Il aurait voulu venir lui-même, mais je crains qu'il ne soit souffrant. Un mal de tête assez sévère, je dirais.

Face à lui, les gardes semblaient imperturbables.

- Nous ne pouvons faire entrer que ceux choisis par la Déesse, répondit un d'entre eux. Ce n'est pas votre cas.

- Je suis certain qu'elle me choisirait si elle me rencontrait.

- Vous ne passerez pas.

- C'est très urgent, vous savez, je dirai même capital !

- Cela attendra.

Sirthaal soupira longuement. Utiliser sa magie risquerait d'avertir de sa présence les sorciers autour de lui, mais un face-à-face contre les deux soldats ne l'emballait pas particulièrement non plus.

- Écoutez-moi, passons un marché : si vous me laissez passer, je vous donnerai ce que vous voulez ! Et quand je dis ça, je le pense, j'ai accumulé pas mal de richesse, vous savez.

- Nous ne sommes pas intéressés. Maintenant, partez !

Ils pointèrent leurs lances dans sa direction.

- D'accord, je m'en vais... Mais, oh, qu'est-ce que je vois là-bas, on dirait un corps inanimé près d'un mur, quelle horreur !

Les gardes se raidirent aussitôt et l'un d'entre eux se dirigea vers le fond du couloir. Sirthaal se rapprocha de son dos, et d'un coup sec, il craqua sa nuque, le laissant inerte à terre.

- Hé ! Qu'est-ce que vous faites ?

Sirthaal se retourna vers le deuxième soldat.

- Désolé, je ne sais pas ce qui m'a pris. C'est plus fort que moi.

Il se jeta sur le garde et arracha sa lance des mains. Celui-ci se munit de son sabre, mais il était trop tard pour lui, Sirthaal avait déjà enfoncé la lame dans sa chair. Il bascula contre le mur et glissa au sol, une traînée rouge le suivant.

- V-vous êtes un... un m-monstre...

Sirthaal, le visage sérieux, murmura : "Je sais...", puis ouvrit les grandes portes devant lui.