Les Étoiles Vagabondes | 2MINSUNG*

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Après avoir passé plus d'un quart d'heure à chercher Jisung dans la mer obscure, Minho et Seungmin l'ont finalement retrouvé, en plein milieu de la route, caché derrière les arbres et les rochers qui la sépare de la mer.

— Qu'est-ce que tu fous là ? souffle Minho, épuisé d'avoir cherché désespérément dans l'eau pour rien.

— Tu nous as fait peur, ajoute Seungmin, on a cru que tu t'étais noyé...

— Ouais, ou...dévoré par un poisson géant.

Jisung se moque légèrement des paroles de ses compagnons de cette nuit en laissant de petits rires lui échapper.

Il est allongé par terre, comme un peu plus tôt. Il regarde le ciel se couvrir peu à peu de nuages. Bientôt ce sera l'heure de rentrer, il n'a pas vraiment envie que cette nuit se finisse. Minho et lui ne se reverront plus, il lui a lui-même dit, il ne verra plus le visage pitoyable de Seungmin, ça va peut-être lui manquer cette jalousie dans ses yeux. Car oui, Jisung cette nuit il s'est quand même assez attaché aux deux étranges personnages qui l'ont sauvé.

Jisung, il s'attache très vite. Mais il se barre très vite aussi. Ça ne dure jamais bien longtemps avec lui, et c'est d'ailleurs certainement mieux qu'il ai partagé qu'une seule nuit avec ces inconnus. Il les aurait certainement blessé par la suite, comme il l'a fait lors de sa dernière relation. Les relations humaines il aime pas trop, il ne sait pas comment ça marche, il ne sait pas communiquer. Avec Jisung tout est par impulsion, pas le temps de réfléchir, la vie est bien trop courte pour ça, et c'est bien pour cette raison qu'il a voulu en finir.

— Je sais pas trop, j'crois que c'est les étoiles qui m'ont emmené là, elles voulaient que je les regarde...

C'est vrai que les étoiles sont particulièrement attirantes cette nuit. Jisung trouve qu'elles leurs ressemblent un peu, surtout ces trois étoiles de la ceinture d'Orion, Alnitak, Alnilam et Mintaka. Il trouve ça fascinant de pouvoir observer des objets célestes de si loin. Il trouve ça fascinant de pouvoir passer cette nuit avec ces deux jeunes hommes qu'il ne connaît même pas de loin.

Minho regarde sa montre difficilement dans l'obscurité. Les aiguilles lui indiquent que c'est l'heure de rentrer. Le train de cinq heures ne va pas tarder, il vaut mieux rentrer maintenant s'ils ne veulent pas le rater de nouveau. 

Jisung et Seungmin ont compris qu'il est à présent l'heure de rentrer à la gare. Seungmin tend sa main à Jisung et l'aide à se relever doucement. Ils sont encore tous les trois trempés, et vu la pluie qui semble se préparer, ils ne sont pas prêts de sécher. 

Alors, de nouveau, ils se mettent à marcher ensemble, sur la route déserte. Il fait très sombre et ne voient presque rien, ils distinguent à peine leurs traits. Ils sont épuisés, ils en ont marre de marcher. Ils ne savent même pas s'ils vont dans la bonne direction, il n'y a aucun panneau, même pas une lumière, rien. Et puis ils ne savent pas combien de temps ça va leur prendre d'arriver à la gare, ils se sont endormis durant le trajet.
 
C'est silencieux autour d'eux, eux aussi le sont. Ils n'ont pas la force de prononcer quoi que ce soit, comme si ça leur ferait perdre du temps ou bien les mener dans la direction opposée. Mais ce n'est pas gênant comme silence, c'est même reposant. Ils se sont sûrement déjà beaucoup et assez dit toute la nuit. 

Après quelques mètres, ils aperçoivent des lampadaires brillants légèrement au loin. En arrivant à leur proximité, ils remarquent trois vélos posés contre le poteau en fer. Ils semblent avoir été jetés violemment, ils ne sont pas attachés, pourtant les roues ont l'air en bon état. 

— Trois vélos pour trois paumés, s'écrit Minho, comme s'il venait d'être sauvé, si c'est pas le destin ça !

Ben oui, Minho quand il a une idée en tête, il la répète sans cesse comme un enfant. Et puis il faut dire que ses deux compagnons vont aussi commencer à y croire à cause de tous leurs événements passés.

Sans plus attendre, ils prennent chacun un vélo après avoir tout de même vérifié rigoureusement s'ils n'avaient rien de cassé. Mais ils semblent marcher comme neufs. Tant pis pour les personnes qui les ont laissés là, ils en ont vraiment besoin et le hasard a un peu trop bien fait les choses à leur goût.

Ils commencent à pédaler doucement sur la route lisse. Ils ont l'impression d'être seuls au monde, aucune voiture n'est passée depuis qu'ils ont été déposés, comme si cet endroit était devenu le leur une fois arrivés. Plus ils avancent, plus ils accélèrent, et petit à petit leur route devient une course.

Comme des enfants, ils se mettent à vouloir doubler l'autre. Et ils se rendent bien compte de l'absurdité de leurs actions, mais ça leur fait rire. Comme dans les rues précédemment, leurs rires résonnent sur cette route déserte. Ils rient, ils sourient et ils pédalent, accélèrent à en perdre leur souffle.

Et puis, il se met petit à petit à tomber des gouttes, comme s'ils n'étaient pas déjà assez trempés. Ça leur donne envie d'aller plus vite pour arriver le plus rapidement possible à la gare et à l'abri. A l'abri de cette pluie mais surtout de cette nuit.

Leurs jambes pédalent à toute vitesse tandis qu'ils relèvent le visage en direction du ciel. Les gouttes de pluies tombent sur eux chacune leur tour, c'est agréable, apaisant. La lune a de nouveau disparu derrière les nuages, on ne l'aperçoit que brièvement à présent, l'on distingue seulement sa silhouette. Les seuls brins de lumière viennent de quelques lampadaires à peine éclairants qui grésillent sans cesse.

C'est réconfortant la manière dont leurs rires s'entremêlent dans l'air. Ils ont bien compris que cette nuit va se terminer, autant profiter des dernières minutes qu'elle leur réserve. Parce que même s'ils ont peur, en pleurent et en meurent, cette nuit ils se sentent plus vivants que jamais et ils savent que ça va douloureusement leur manquer.