00. Prologue

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L'été n'avait jamais été ma saison préférée, il faisait chaud et je me retrouvais systématiquement - pour ne pas dire presque toujours - coincé dans les maisons huppées

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L'été n'avait jamais été ma saison préférée, il faisait chaud et je me retrouvais systématiquement - pour ne pas dire presque toujours - coincé dans les maisons huppées. Je voyais tous ces blancs jouer au tennis dans leurs vêtements Lacoste et boire des boissons hors de prix, les barbecues étant fades et les discussions insipides.

Maddy se tordait sur sa chaise, souriant faussement à ce type qui la regardait comme un bout de viande. Son oncle n'avait aucune discrétion sur le désir malsain qu'il lui portait.

C'était écœurant.

Sa famille assurait dans l'art de faire l'autruche.

Encore un truc de blancs pleins aux as. Ignorer les problèmes pour continuer de s'enrichir. C'était exactement ce que faisait cette famille au quotidien. Les yeux toujours rivés sur l'argent et rien d'autre. La famille Lakewood continuait de faire gonfler sa fortune sur le dos du contribuable.

- Je m'ennuie à mourir ! Soupira mon petit frère.

Alexander lança un regard mauvais à la fille qui le fixait depuis dix bonnes minutes, déjà. Les mains dans les poches, il toisa la seule personne digne d'intérêt. Cette fille, Ava, devait être à peine plus âgée que lui. Il devrait lui faire du pied, lui en mettre plein la vue avec tout son pognon, mais au lieu de ça, il se contentait de la prendre de haut.

Amateur.

Ce n'est pas en te comportant comme ça que tu vas perdre ta virginité.

Alexander Lakewood n'était qu'un idiot. J'en venais parfois à douter qu'on soit sortis du même vagin lui et moi.

- Tu ne veux pas qu'on se fasse la malle ?

Il n'avait que quinze ans et pourtant il en faisait cinq de plus. Il parlait assez souvent comme ces gens d'une autre couleur et se fringuait comme eux, d'autre fois, il imitait les noirs en parlant comme eux. Malcolm X lui aurait ri au nez s'il le voyait ainsi. Mais je n'étais pas en reste. Dans mes habits du dimanche, qui me filaient de l'urticaire, j'assistais à ce brunch.

Putain, si Darren et Jilianne me voyaient !

- Pour aller où ?
- Chez toi !
- Fringué comme ça, tu ne passeras même pas la porte d'entrée.

Alexander oubliait parfois que lui et moi on ne vivait pas dans le même monde. J'avais grandi dans le ghetto, la rue était ma maison. Parfois pour se donner bonne conscience de m'avoir abandonné, ma mère me présentait comme son fils vivant à l'étranger.

Après tout,  c'est  ce que je suis, un étranger.

Ce que j'étais quand je n'étais pas ici.

LakewoodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant