Chapitre 2

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Le soleil de l'après-midi semble me sourire sous cette ombrelle. Assise depuis une vingtaine de minutes, j'attends que Kajal revienne avec nos glaces pour qu'on puisse rentrer à la maison. Je ne veux pas être la cause d'une dispute entre elle et Karim, car ce dernier lui a dit de rentrer. Or elle a tenu à ce que je goûte aux meilleures glaces de la capitale.

Pour être meilleures, elles semblent l'être vu la foule qui s'est formée à l'extérieur. En voyant un sixième appel de Karim sur le portable de Kajal, je soupire et décide d'aller la retrouver à l'intérieur.

Je me fraye un chemin parmi les gens qui barrent l'entrée et me retrouve à l'intérieur. Une chaleur étouffante et une désagréable odeur corporelle m'accueillent. Je balade mes yeux dans la pièce pour chercher Kajal, à ma plus grande déception, je ne vois aucune tête avec des tresses africaines.

— Kajal ! Essayé-je de l'appeler.

Je ne la vois nulle part. Je sors de la crèmerie et choisis de retourner l'attendre sous l'ombrelle. Il fait étonnement chaud aujourd'hui et la chose dont j'ai le plus envie, c'est de me retrouver à la maison.

— Qu'est-ce-que... commençé-je.

Je m'approche dangereusement des hommes qui sont assis tranquillement à notre table. L'un me fait dos tandis que le second avec une coupe au bol, semble se marrer.

— Excusez-moi, dis-je une fois à leur hauteur. Mon amie et moi sommes assises ici alors s'il-vous-plaît allez en chercher une autre.

L'homme à la coupe au bol regarde son compagnon et me regarde. Je ne comprends pas son attitude, je crois avoir parlé français. C'est vrai que mon accent espagnol joue beaucoup même quand même.

— Mademoiselle, on a trouvé cette table vide donc allez faire votre intéressante ailleurs, réplique t-il.

— Non mais je rêve ou quoi ? Puisque je vous dis que -

— On a trouvé une table vide sous un soleil ardent alors on s'est servi. Si vous voulez vous asseoir, allez donc en chercher une autre.

Je rouspète lorsqu'il répète la phrase que j'ai dit tantôt. C'est l'une des principales choses que je déteste. Quand quelqu'un m'imite, je perds le contrôle car pour moi c'est synonyme à un manque de respect énorme.

— Écoutez mademoiselle vous nous barrez l'air -

— Taisez-vous ! M'écrié-je. Levez vous et allez chercher de l'ombre ailleurs. Il y a pas dix minutes j'étais assise ici.

L'homme qui l'accompagne lui fait signe de se taire alors qu'il allait parler. Je prends le temps de regarder cet homme qui est comme sourd à cette dispute qui n'a pas lieu d'être. Il porte une veste en cuir noire, un jean noir et une paire de baskets noires. Des lunettes de soleil noires reposent sur son nez pointu. Il a de longs cheveux noirs, très noirs rattachés à l'arrière. Je vois son côté droit, du coup une partie de ses lèvres qui sont extrêmement rosées et mouillées par la glace qu'il mange.

— Vous êtes sourd ou vous faites exprès ? Dégagez ! Repris-je énervée par son indifférence. Non mais je rêve.

Avec des gestes naturels qui semblent calculés, il dépose sa cuillère et ôte des lunettes. Je ne sais pas quel vent m'a refroidi lorsque ses yeux se sont tournés vers moi. Ils sont bleus. Très bleus. Un bleu fluide. Ses yeux sont glacial, je n'y détecte aucune émotion, que de la froideur à l'infini. Je n'ai jamais vu des yeux aussi clairs, même pas chez les Russes. J'ignore également par quel pouvoir j'ai perdu tous mes moyens lorsque j'ai réalisé la personne devant moi.

Un Hiver à 100°Où les histoires vivent. Découvrez maintenant