Chapitre 31

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Je fais un signe au serveur pour lui indiquer que je ne veux pas de boisson gazeuse. Il fait une légère révérence avant de s'éclipser.

— Comment vous êtes-vous rencontré ? Tonne une voix grave.

Mon regard rencontre celui d'Ayan avant de se poser sur Charles qui attend visiblement une réponse. Aurore nous a proposé de dîner ensemble et naturellement, nous avons accepté. Je ne mourrai pas d'envie de venir mais je ne voulais pas non plus rester seule avec Ayan.

Je fixe mes ongles comme s'il s'agissait de la chose la plus intéressante sur terre. Intérieurement, je prie pour qu'Ayan prenne la relève mais il demeure silencieux.

— Oui c'est vrai, dit Aurore enjouée. J'aimerais aussi savoir.

Je fais une légère grimace qui est sensée ressembler à un sourire et tourne ma tête vers Ayan, dans une tentative désespérée d'aide. Je vois ses lèvres se dilater signe qu'il retient de justesse un soupire lâche et dit :

— On s'est rencontré à Paris !

Aucun des deux n'ajoute quelque chose qui fera suite à cette curieuse question vu le ton sans appel employé par le ténébreux milliardaire. Il n'a pas menti. On s'est rencontré à Paris, le couple Owens se passerait bien des détails j'imagine.

— Tu es avocate si je ne me trompe pas ? C'est vraiment cool. Je voulais faire des études en droit mais mon père n'était pas du même avis, conte Aurore avec une voix teintée de nostalgie. J'ai perdu mon frère dans un accident de voiture et depuis, j'ai porté toutes ses responsabilités.

— Je suis désolée ! Dis-je compatissante. Je sais ce que ça fait de perdre un être cher.

Mes pensées se dirigent vers le visage parfois sans expression de Ray et parfois qui exprime une tristesse sans fin. Je sens le regard d'Ayan sur moi qui a sûrement dû deviner à qui je fais allusion. C'est très malsain de me comparer à Aurore. Son frère est décédé alors que je ne sais pas si c'est le cas de Ray. C'est cette question qui reste sans réponse qui fait le plus mal.

— Chérie ne gâche pas l'ambiance de la soirée, s'exprime Charles. Hajira est déjà toute émue.

Aurore rigole en marmonant des excuses et discute des trucs comme la météo etc. Pour ma part, mon moral est au plus bas. Voilà que je suis submergée par un puissant sentiment de culpabilité, de colère et de haine. Je culpabilise parce que j'ai préféré jouer à la conne plutôt qu'à essayer de le comprendre. Avec du recul, je commence à comprendre le sourire crispé qu'il m'offrait à chaque fois que je lui demandais pourquoi il ne souriait pas. Par contre, je suis en colère contre lui pour m'avoir surprotégée et je le hais pour être parti.

Je sens une main froide sur la mienne accompagnée de milliers de frissons. Ayan me transmet à travers ce touché, quelque chose dont j'ai énormément besoin : de la compassion. Je me sens soulagée, complète et en sécurité. J'essaie d'afficher un sourire réconfortant et il semble, après cela, plus serein.

— Tu m'invite le plus beau des Kahn ?

Tous nos regards convergent vers Risha qui affiche encore son air gratuit de garce. Elle a une main posée sur sa hanche et l'autre sur le dossier de la chaise d'Ayan. Elle est juste sublime dans sa robe noire. Risha a troqué sa perruque carrée conte ses vrais cheveux. Longs, souples et brillants. À bien l'observer, je remarque ses traits de ressemblance avec Azhar. Comme les cheveux et les lèvres.

Je ne parviens toujours pas à réaliser qu'elle soit la sœur aînée d'Azhar.

— Ça t'ennuierai de me foutre la paix ? Grogne Ayan.

Un Hiver à 100°Où les histoires vivent. Découvrez maintenant