Chapitre 9

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CHAPITRE 9 :

« J'ai éclaté en sanglots. J'ai un faible pour cette expression. On n'éclate jamais de faim ou de froid. En revanche, on éclate de rire ou en sanglots. Il est des sentiments qui justifient qu'on vole en éclats. »
Albert Espinosa.

Harry Styles.

« Rassure-moi Harry tu aimes la purée ? », me demande la maman de Louis alors que nous sommes désormais tous à table, lui en face de moi, sa mère à ma gauche et son père en face d'elle.

Par ailleurs, son père m'a très bien accueilli lorsqu'il a vu que j'étais invité chez eux ce midi, ce qui a légèrement échauffé mes joues sous la gêne.

« Oh oui, oui ne vous en faites pas madame Tomlinson. », je lui réponds alors qu'elle en met une assez grosse portion dans mon assiette, je ne suis pas sûr d'être capable de finir.

« Peut-être que tes goûts culinaires vont avoir une influence sur Louis. », rigole son père en regardant les pommes de terres que son fils a dans son assiette, n'aimant visiblement pas la purée.

Je redresse le regard vers la source de mes pensées et je remarque à temps ses yeux qui se lèvent vers le ciel avant que son corps ne se referme imperceptiblement sur son assiette pour jouer avec sa nourriture.

Visiblement, Louis ne rit pas de cette remarque. Alors que ses parents rigolent gentiment en se servant eux-mêmes de ce qu'il y a sur la table.

Il est parfois difficile de voir lorsqu'une remarque nous blesse, celle-ci a blessé Louis.

Parfois, nos parents peuvent être ce qui nous pousse dans le renfermement sans qu'ils ne le fassent exprès, sans que nous même ne le fassions exprès. Mais il suffit qu'ils aient cette remarque désobligeante qui arrive au mauvais moment. Celui où nous n'avons pas la force d'en rire, celui où nous n'avons pas le courage de protester sous le risque d'une nouvelle remarque du style « ne le prends pas mal, c'était pour rire », « tu es trop sensible », « tu te vexes trop vite, apprends à rire ». Parce que finalement, ce sont ces remarquent qu'on accumule, qui impacte notre état mental, et lorsque nous n'avons plus la force de rien, lorsque nous sommes obligés d'encaisser pour tomber moins rapidement, la chute ne se fait que plus rude.

Parce qu'elle est plus longue, et elle durera inévitablement dans le temps. Laissant des séquelles inguérissables sur ce que nous sommes.

Souvent – parce que cela semble plus facile – ce sont nos parents qui ont ce rôle terrible alors qu'on ne le souhaite pourtant pas. De même que nos amis les plus proches, parce que nous pouvons nous séparer du reste du monde pour nous retrouver lorsque nous en avons assez de tout, mais lorsqu'on vit avec sa famille, lorsque nous avons un ou une meilleure amie, nous sommes dans la contrainte d'entretenir une relation avec eux. Et une seule remarque de leur part, un seul acte, peut nous faire basculer de la pire des façons.

Le plus terrible dans tout cela, c'est de se retrouver seul face sa propre misère. Parce que ceux qui nous font souffrir inconsciemment ne se rendent pas compte de tout ce mal qu'ils nous causent. Alors nous nous retrouvons seuls, à devoir combattre ce qui nous met à terre alors que nous sommes déjà à bout de force...

C'est ce que semble vivre Louis, et j'arrive à le percevoir, parce que je l'ai déjà vécu avec mes parents lors de la perte de Luana. Je voulais être seul, totalement, mais je ne l'ai jamais pu, alors il suffisait d'un seul petit acte ou parole pour me faire chuter dans une triste détresse dans laquelle je n'arrivai pas à sortir, durant de longs jours, de longues semaines, jusqu'à ce que je reprenne le dessus sur qui je suis et sur ce que je voulais être. Pour Luana, pour ma famille, pour moi-même.

INDÉLÉBILE {L.S}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant