Invitation

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Je me dresse devant lui, le regard sanglant. Ne se laissant pas décontenancé par mon effusion de rage, il guide ma main jusqu'à son érection et entame des mouvements lents. Ses yeux changent instantanément de couleur et virent au noir abyssal. Je comprime avec force son membre imposant, lui arrachant un râle de plaisir. Cette simple sonorité me sort de ma transe assassine. J'observe alors son visage pleinement éclairé par la lune et imprime le moindre détail. Ce grain de beauté qui se trouve sur sa mâchoire, la fine barbe qui encadre son visage, ses sourcils ténébreux à l'instar de ses cheveux, ses longs cils qui recouvrent ses yeux mi-clos de plaisir. Ses lèvres, ses lèvres qui se mettent à bouger.

- Annie, lève-toi, ordonne-t-il et mets-toi derrière elle. Je veux te voir pendant qu'elle me sucera.

Ai-je bien entendu ? Il veut que je lui procure du plaisir tout en regardant sa compagne ?

Je me mets à genoux devant lui, tout en gardant son érection entre ma main. Son regard de haut me rappelle notre interlude gâché dans les thermes. Je m'avance et embrasse le haut de sa cuisse, à travers son pantalon encore en place. Je me hisse légèrement pour lécher son pubis recouvert d'un duvet de poils. L'intérieur de mes cuisses est humide, désirant lui aussi être comblé. Il appose sa main sur mon épaule et je relève, avec une lenteur volontairement exagérée, les yeux vers lui, ma bouche entrouverte. Les hommes raffolent de cette position de domination et il ne fait pas exception puisqu'il s'agrippe à mon épaule avec plus de force, m'invitant à commencer. Ses prunelles ne sont plus qu'un abîme de désir primaire.

Je m'approche de son sexe dressé fièrement devant ma bouche et viens sectionner la langue de la fameuse Annie, d'un coup d'ombre. La pauvre pensait que j'en avais fini avec elle. Elle ne doit pas me connaître.

Je me relève devant le regard assassin de Mr. Karthani et me retire de la balustrade afin de rejoindre le salon, sans un regard pour les pêcheurs. Les cris d'agonies de la femme meurtrie me parviennent et je pavane dans le salon avec un large sourire triomphant.

Profitant de l'ambiance intérieure festive et de ma brillante victoire, je fouille le bar à la recherche d'une boisson alcoolisée forte afin de célébrer. C'est à ce moment que Lizeran entre dans l'appartement, sondant la pièce. Lorsqu'il me repère contre le bar, il se fige et me rejoint à grande enjambée, son air charmeur ayant totalement disparu.

- Que s'est-il passé l'autre soir lâche-t-il à brûle-pourpoint, sa voix gorgée de rancœur

- Vous allez gâcher la fête, ne voulez-vous pas vous amuser au lieu de ressasser le passé ?

- Si j'en réfère à ma mère, notre alliance peut être rompue immédiatement menace-t-il

- Allons, nous sommes deux adultes consentants qui avons pris un peu de plaisir et

- Je ne parle pas de cette partie-là me coupe-t-il. Il y avait un homme

L'écoutant d'une oreille distraite, je me hisse sur le comptoir du bar et carre mes cuisses autour de sa taille, tout en sirotant mon verre de liqueur ambrée. Son air surpris pourrait presque paraître mignon si je faisais fi de la menace à peine masquée qu'il a proférée. Personne ne me menace.

Je remonte ma robe fluide jusqu'au haut de ma cuisse que je relève légèrement dans son dos, dans une position outrageusement sensuelle.

Lizeran semble avoir perdu le fil de ses pensées lorsque je le tire brusquement vers moi pour l'embrasser à pleine bouche. Il me faut ce contact.

Sûrement pas de cette personne mais cela fera l'affaire, il arrivera à contenter mes hormones. Je garde les yeux ouverts tandis que les siens sont comprimés de concentration. Il ouvre précipitamment sa bouche et nos dents s'entrechoquent. Décidément, cet incompétent à tout à apprendre. Malgré le ridicule de cet échange buccal je le sens s'enflammer et il entreprend de déboutonner son pantalon. Il a retenu la leçon, et n'est pas près de ressortir, sa magnifique mais encombrante toge. Il déchire avec hargne mon col claudine en dentelle noire de ma robe, me laissant au passage des traces de griffures au-dessus de ma poitrine.

Ombre solitaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant