Préparatifs

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- Tu ne peux pas y aller répète encore une fois Obé

Voilà bientôt plusieurs jours que le château a retrouvé son calme d'antan. Hormis mon père qui s'affaire autour de notre armée, avec l'aide de nos conseillers et d'Obé, la vie a repris son cours, pour mon plus grand plaisir.

Gorgé d'une fierté qu'il dévoile rarement, mon père a tenu à me féliciter pour mon rôle d'hôtesse durant cette semaine de festivité. Il m'a ainsi confirmé que les propos tenus par Ambérine, lors du dîner, étaient avérés car cette dernière lui a assuré personnellement son soutien dans cette guerre imminente. Je me demande bien si elle a eu des retours de ses fils suite à cette soirée clandestine catastrophique.

Avachi sur toute la longueur du canapé, mon acolyte lance passivement la balle sur le haut plafond, pour calmer ses réticences. La nuit passée ensemble m'a permis d'avoir les idées plus claires. Malheureusement je n'ai rien caché à Obé qui désormais s'entête à me dissuader de m'y rendre.

- Toi le stratège hors pair, je te signale que leur royaume est le plus proche parmi tous, de nos ennemis. Cela nous permettrait de pouvoir dénicher des informations cruciales sur leur territoire.

- Mais bien sûr Altesse, tu ne vas pas me faire croire que tu y vas uniquement pour faire de la reconnaissance stratégique. Même si c'était le cas n'importe quel sot pourrait confirmer qu'envoyer notre dirigeante est une grossière erreur.

Il sait exactement comment m'irriter. J'exècre lorsqu'il utilise mon titre royal pour s'adresser à moi dans le cadre privé, comme s'il ne représentait pas plus que le fidèle soldat agissant sur ordre. Cependant il marque un point, je ne peux décemment pas me rendre dans des terres inconnues et si proche du régime hostile, sans être accompagnée.

- Viens avec moi dans ce cas-là. Je sais que ma présence va te manquer de toute façon.

- Tu n'es pas lucide lâche-t-il en se levant précipitamment pour enfiler son haut, ses poignards dépassant de la ceinture de son pantalon.

Je ne peux pas me joindre à toi et tu le sais, c'est pourquoi, entêtée comme tu es, je vais devoir renforcer l'entraînement d'une poignée de soldats pour qu'ils t'y accompagnent.

Ceci explique exactement pourquoi Obé est digne de son poste, il parvient à élaborer des plans en un temps infime tout en prenant toutes les éventualités en compte. Ma détermination est difficilement ébranlable, il doit aviser sinon notre conversation ne sera qu'une perte de temps et d'énergie.

- Au même titre je vais envoyer des espions sur place pour qu'ils puissent nous rapporter les informations concernant les Karthani, ils seront mes yeux et pourront te soutenir dans l'ombre.

- Rappelle-moi de ne jamais être ton adversaire dans la vie.

Sur ces sages paroles, Isidora, ma femme de chambre vient me rejoindre auprès de ma coiffeuse pour m'aider à dompter ma crinière grise. Je l'observe à travers le reflet de la glace.

Consciencieuse et méticuleuse, ses doigts agiles brossent mes mèches sur toute leur longueur avec délicatesse.

Lorsqu'Obéron se place derrière elle pour contempler son œuvre, un imperceptible mouvement de surprise la secoue. Ses épaules se tendent et ses mouvements jusqu'alors fluides se font saccadés. Sa silhouette minuscule paraît engloutie sous celle de mon ami.

- Tu devrais apprendre à les aimer, ils sont magnifiques souffle Obéron sans pour autant regarder mes cheveux.

- Décidément tu es plein de sagesse aujourd'hui, la nuit passée t'aurait-elle libérée de la place dans ta petite tête ? le taquiné-je

Ombre solitaireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant