Chapitre 3

2 0 0
                                    


Chapitre 3

La sonnerie de mon téléphone me tire de mon profond sommeil. Avec une difficulté paresseuse, j'arrive à entrouvrir mes paupières. Bizarrement, malgré mon esprit toujours comateux, l'omniprésence de l'obscurité dans la chambre crée une certaine appréhension dans ma poitrine. Christian a pensé à fermer les volets hier soir ? Habituellement, que ça soit l'un ou l'autre, nous pensons à ces satanés volets qu'une fois allonger confortablement dans notre lit où l'oisiveté est plus forte que la perspective d'être plongés dans le noir total ou celle de ne pas être dérangés à l'aube. Le levé du jour printanier qui n'a aucun scrupule à nous embêter dès 6h00 du matin avec ses halos de lumière qui transpercent les rideaux verts. Maladroitement, j'attrape le portable sur la table de chevet et le fait taire.

Encore cinq minutes. Justes cinq petites minutes...

Qu'on est bien dans ce lit ! Je crois que le matelas n'a jamais été aussi confortable. J'ai l'impression d'être étendue sur un épais, mais moelleux nuage fait de plumes. Soudain, cette sensation étrange électrise tout mon corps, envoie une décharge d'adrénaline à mon cerveau à présent éveillé. Tout mon être me crie que quelque chose cloche.

Je ne suis pas dans mon lit, je ne suis pas dans ma chambre.

Fébrilement, je cherche l'interrupteur de ma lampe de chevet, mais ma main rencontre d'autres objets non identifiés que ce satané déclencheur de lumière. L'obscurité commence à m'angoisser, j'ai soudainement l'impression que les murs de cette pièce que je ne peux voir, se rapprochent de moi, lentement comme pour m'avaler et me faire disparaître. L'émotion négative qui commence à m'emporter, s'arrête nette lorsque j'aperçois un rectangle lumineux qui contraste avec la sombre couleur de l'obscurité. Cette forme géométrique à la taille d'un encadrement de porte.

Je devine, une nouvelle fois l'expression de la surprise sur mon visage, car mes sourcils sont restés figés en arc, me faisant limite mal au front. Je me mordis nerveusement la lèvre inférieure. Il y a vraiment un problème, car la seule porte qui permet de quitter ou rentrer dans ma chambre se trouve à droite de mon lit. Or, il semblerait qu'une porte face à moi, soit apparue au courant de la nuit...

Ok, comme je n'ai pas bu hier soir, je ne suis pas victime d'hallucinations d'ébriété...

Alors, je suis en plein rêve.

Wahou, trés réaliste le rêve !

C'est la première fois, que j'en vis un aussi prenant !!! Je pense que cette déduction apaise mon esprit qui commençait à s'affoler car je sens que la tension qui avait gagné tout mon corps s'atténuer. Soudain, je me demande si je dois faire comme tous les héros de romans ou de films, me pincer pour vérifier si je suis victime d'un songe aux couleurs cauchemardesques ou pas. Cependant, ce questionnement existentiel est brusquement interrompu par un son familier. Mon regard est attiré par le rectangle lumineux. Le bruit d'une douche en train de couler me glace le sang.

Je ne suis pas seule en ce lieu.

Avec brusquerie, j'attrape le portable que j'ai laissé un temps plus tôt sur la table de chevet. Mon cœur bat de manière anarchique, me fait mal dans la poitrine. Cette douleur vive est la preuve que je ne suis pas endormie. Les battements s'accélèrent de plus belle, lorsque je m'aperçois que le fond d'écran du portable a changé. En fait, entre mes mains, l'appareil semble bien plus grand que le mien.

Bordel, c'est quoi tout ça !

C'est une blague, une caméra cachée ?!?

Oui, c'est ça ! Christian me fait une blague tordue pour ensuite la poster sur Noutube !

— Arrête, ce n'est vraiment pas drôle !!! hurlé-je à l'attention de mon mari qui doit se cacher en attendant son moment de gloire.

Aussitôt, le bruit de la douche s'arrête, ainsi que ma respiration que je retiens involontairement. Quelques bruits détachés de quelqu'un qui s'active parviennent jusqu'à mes oreilles. Soudain, une ombre vient masquer le bas du rectangle, annonçant une présence derrière cette porte qui ne devrait pas exister... si cette pièce avait été ma chambre.

Allez, c'est Christian qui va sortir, me persuade-je pour calmer mon mental qui est en train de s'improviser scénariste de série noire. Nullement sensible à mon émotivité, la porte s'ouvre, m'ébloui un instant par la lumière intense qu'elle laisse s'échapper. La peur vient étreindre ma gorge et me couper le souffle de nouveau.

Une silhouette d'homme se dessine dans l'encadrement de la porte et me donne la nausée.

Ce n'est pas Christian, ce n'est pas mon mari !

Mais que m'arrive-t-il ? Où-suis-je ?

Ma vie contre la tienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant