16. Warren

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Je viens tout juste de raccrocher avec Thomas. J'en reviens pas, je viens d'apprendre par ce dernier que Kamëlya ne viendra pas à ma soirée. Je suis outré.

Si elle me boude parce que j'ai fuis son regard, c'est un peu fort de café. Je pense que c'est à cause de mes questions.

Pour le plan, ça va être très compliqué.

Pourquoi cette fille masque à ce point son vrai visage ?

Elle me ressemble en tout point. C'est ça façon de se protéger.

Elle veut paraître forte, montrer que rien ne l'atteint, comme moi. Elle brouille les pistes.

Pourquoi une Black de son calibre viendrait dans ce coin paumé ? Pourquoi se rabaisse-t-elle à notre niveau ? Il est évident que les cours l'ennuient, car elle sait déjà tout. Pourquoi rester dans notre université, alors ?

Je pense que si je veux fournir à Brittany le scoop du siècle, je dois déterminer la raison pour laquelle la starlette est venue à Castle Moon et la raison pour laquelle elle se braque quand j'aborde le sujet de sa frange, de sa famille, de sa cicatrice, de sa lâcheté et ses opérations chirurgicales - bien que j'ai en partie une hypothèse concernant sa chirurgie esthétique.

Les Blacks veulent rester parfaits, mais quand t'es né Black tu t'en moques, nan ?

Je pense que je devrais interroger Cassidy sur le mode de vie des Blacks et leurs mentalités, c'est la seule qui puisse m'aider sur ce coup-là. Elle est restée trois mois là-bas, ce n'est pas rien.

Je rassemble mes pensées, essayant de trouver le moyen d'aborder ma meilleure amie.

Après tout, Kamëlya est peut-être juste superficielle, c'est pourquoi quand je remets en question sa beauté, elle se vexe ?

Bon, je sors du studio du frère de Cassidy, pressant le pas pour essayer d'attraper le dernier bus, mais au fond de moi, je sais que je vais probablement le rater de toute façon. Un soupir d'exaspération m'échappe, et je m'arrête un instant pour refaire mes lacets.

Je me remets à marcher et prends mon téléphone et insère mes écouteurs dans mes oreilles pour me détendre.

Au loin, j'aperçois des silhouettes vêtues de joggings noirs et de capuches qui dissimulent leur visage. Malgré cela, une étrange sensation me traverse, comme si je les connaissais d'une manière ou d'une autre.

Putain, c'est des Délinquants. Je me retourne de façon à ce qu'ils ne voient pas mon visage, j'ai le cœur qui bat la chamade. Ces gars-là sont impulsifs et réputés pour être sans pitié. J'ai déjà subi les frais, je suis resté deux semaines dans le coma à cause d'eux. Quand ils nous ont dans le collimateur, c'est fini pour nous.

— Eh Ric, c'est pas Warren là bas ? dit l'un d'eux.

— Ah oui, c'est bien lui ! dit-il avant que j'entende des bruits de pas derrière moi.

— Quand on parle du loup, le loup arrive, se moqua l'un d'eux avant de taper mon épaule.

J'ai une respiration saccadée, je suis à un cheveu de me pisser dessus. Une main m'attrape par l'épaule et me pousse à me retourner. Ils sont grands et musclés comme des taureaux, je déglutis.

— Eh Warren, t'es venu nous rembourser au bien redemander encore de la drogue pour ta salope de petite copine ?

Leurs regards impénétrables me fixent, et je sens une goutte de sueur perler le long de ma tempe. Les mots me manquent, mais je sais que je dois trouver le courage de leur répondre, même si ma voix tremble.

BrisésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant