Chapitre 16 : la prinkípissa

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Je bats désespérément des bras, espérant pouvoir lutter contre la sirène. Ses griffes s'enfoncent dans ma chair alors qu'elle continue de me tirer avec force. Je sens mon capuchon s'enlever à cause de la force du courant, mais c'est le cadet de mes soucis.

Puis, d'un coup, la main de la créature se rouvre et libère ma cheville. J'ouvre les yeux sous l'eau pour mieux comprendre. La sirène me fixe sans réagir avec un air surpris. Mon masque aussi s'est légèrement soulevé, laissant apparaître le bat de mon visage. D'un geste vif, je le remplace, mais il est trop tard : la sirène a compris que je suis une dryade. Pire encore : elle a compris que je suis une dryade avec des pouvoirs aquatiques. Je bat des jambes pour ne pas couler dans les profondeurs, mais mon amure m'entraîne vers le fond. Mes poumons me brûlent alors que je lutte pour ne pas perdre la sirène des yeux. Une expression d'effroi naît sur son visage alors qu'elle semble enfin comprendre à qui elle a affaire.

- tu es la prinkípissa, tu es venue nous voler la pierre. Sa voix résonne comme un écho dans mes oreilles malgré l'atténuation de l'eau. La prinkípissa ? De quoi parle-t-elle ? Voler la pierre ? Un tas de questions se bousculent momentanément dans ma tête, mais j'ai à peine le temps d'y penser que la sirène nage vers moi à une vitesse ahurissante. J'ai à peine le temps de réagir, mais je parviens à utiliser mes pouvoirs pour créer un courant qui la fait dévier. La créature est désorientée un instant mais se reprend rapidement avant d'amorcer une nouvelle attaque. Je tente tant bien que mal de tenir le rythme, mais l'oxygène commence à me manquer et mes mouvements sont de plus en plus lents. Mes poumons me brûlent, je commence à suffoquer. Il faut que je sorte d'ici. La peur commence à m'envahir. Ça y est, c'est ici que je vais mourir ?

Mes yeux se ferment et je reste paralysée par l'angoisse. Une sensation de froid m'envahit. A nouveau, je sens un appel résonner en moi, mais cette fois-ci, aux portes de la mort, j'y réponds. Je laisse le froid m'envahir complètement. Je deviens le froid.

Je rouvre les yeux et laisse cette sensation glacée en moi se libérer. Mon corps se cambre sans que je puisse le contrôler et une puissante énergie émane de moi. La sirène, qui s'apprêtait à lancer une nouvelle attaque s'arrête alors que l'eau devient glaciale autour d'elle. Un puissant jet de glace se forme dans la mer. L'attaque est puissante, incontrôlable. La glace touche la sirène de plein fouet, mais elle se protège avec ses avant-bras. L'attaque la blesse sévèrement, et l'eau se teinte de rouge.

Mes poumons me brûlent, et je suis à deux doigts de reprendre ma respiration sous l'eau. Profitant de cet instant, je me sers de mes dernières forces pour projeter mes pouvoirs aquatiques sous moi, créant une impulsion puissante qui me propulse à la surface de l'eau. Mes yeux se rouvrent à l'air libre, et je respire profondément, mes poumons se remplissent de l'air frais. L'eau dégouline de mes vêtements trempés, et je flotte à la surface, reprenant mes esprits. Je tousse un instant avant d'utiliser à nouveau mes pouvoirs pour revenir vers la rive.

Mes amis sont toujours occupés à combattre. Je me mets à quatre pattes dans l'eau et commence à tousser de façon compulsive. Je crache de l'eau salée. Mes poumons brûlent de l'effort, et j'ai du mal à reprendre mon souffle.

Je respire un instant, épuisée, les yeux fermés, essayant de retrouver mes forces. L'eau froide de la mer me rafraîchit, mais je sens également une grande fatigue m'envahir. Je sens le poids de l'eau salée dans mes vêtements. J'ai survécu.

Je redresse légèrement la tête et croise le regard de Néra, toujours occupée à combattre. Le soulagement passe dans son regard, je lui souris pour la rassurer. Machinalement, je veux poser la main sur la garde de mon épée, mais mes doigts ne rencontrent que du vide. Mon cœur rate un battement. J'ai dû la lâcher lorsque la sirène m'a tirée. Je fouille frénétiquement la berge des yeux. Je ne l'avais pas sous l'eau, elle est forcément ici. Mon cœur bat la chamade, et une pointe d'angoisse monte en moi. Il faut que je la retrouve.

Nymphéa t.1 Le secret des NymphesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant