DEUX FIGURES SOMBRES
Deux figures sombres dans l'obscur étoilé
Loin, loin dans le néant, dans ce noir si saillant
Des idéaux crevés, des esprits mutilés
Près du gouffre béant, un brouhaha errant
Ce râle silencieux se perd dans les cieux
Froide et taciturne, résonne la complainte
Le cri d'un cœur grave, que les horreurs éreintent
De vie espoirs sérieux, feu espoirs prétentieux
Orageux ténèbres, des résignés la vallée
S'en vont les émotions, toute aspiration
Tombe la nuit morne, une triste veillée
Le charnier tranquille, unique tentation
Deux figures sombres, communiant leur douleur
Murmurant leur démons, dans des mots si abscons
Propres aux estropiés, par delà le limon
Qui sont prêts à jeter, terrasser leur malheur
Un désespoir commun, ravinant les pensées
Compagnons opportuns, pouvant l'autre panser
Et adoucir son mal, lui vanter le Graal
De l'ambroisie noire, de la mort de Tantale
En s'étreignant le cœur, ils s'évitaient les pleurs
Ils évinçaient la peur, ultimes frayeurs
Il se trouvaient emprunts, quelques instants enfin
Dans le plus noir destin, de sentiments humains
***
La première des ombres avait été une femme
Cela il y a longtemps,
Bien avant qu'elle ne rencontre les couteaux,
Les poignards et les dagues, de la vie les grandes lames
Qui aggravent le poids du temps
Hydres affreuses qui, sur l'idéal, abattent leurs grandes faux
Profanée par un hasard meurtrier
Par un cruel animal et son intérêt bestial
De la gaieté le châle avait chut, et son âme en avait été perdue
Les ténèbres rauques l'avaient enlacée et pénétrée
Avant de la tordre de pleurs, de frayeurs, et de la laisser subir les heures
Les bas fonds d'un être avaient coupé, éraflé, écorché, entaillé, déchiré, déchiqueté l'intérieur d'un autre.
L'autre fantôme, dans le dédale de la misère, s'était égaré
Pour le trottoir abandon maternel, foudres de l'ivresse paternelle
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Esclave des sentiments
PoesiaLa poésie est le l'union du beau, de la richesse esthétique d'une langue et de la réflexion de celui qui se dissimule derrière la plume. La réflexion peut-être politique, sociale, humaine ... Mais, la poésie est surtout l’extériorisation des balbuti...