Elle eut un vertige en voyant le sang couler de son corps mais elle ne se laissa pas envahir par l'inquiétude. Elle retira ses vêtements, lentement, prête à faire marche arrière s'il le demandait. Seulement, il resta immobile, dos à elle malgré son coup d'œil jeté en sa direction. Lorsqu'elle le rejoignit, elle passa ses bras autour de lui pour l'enlacer et même s'il n'en fit aucun mouvement, elle put percevoir ses épaules s'abaisser et sa cage thoracique s'ouvrir. Elle en déposa des baisers sur sa peau jusqu'à ce qu'il se retourne pour la serrer à son tour.
« Salut Kai. » Il resta muet, concentré sur le corps d'Adèle contre le sien si bien qu'elle ne put s'éloigner. « J'aimerais...j'aimerais pouvoir te regarder. Juste pour vérifier que tu vas bien. »
« J'm'en remettrai. » Sa voix était cassée par la colère qui avait explosé quelques heures plus tôt. « J'ai cru que t'allais pas venir. » C'était presque un reproche, elle le sentait. Toutefois, c'était parce qu'il n'avait pu s'empêcher de s'inquiéter face à son absence, comme si la lecture de son dossier d'enfance l'avait distancée.
« Ton ami pensait que t'avais besoin d'être seul. Il a voulu me retenir. »
« Ouais mais toi, c'est différent. » Cette fois, il recula, la laissant pleine vue sur lui. Elle le scanna de bas en haut, vérifiant presque chaque parcelle de son corps. Jusqu'à son visage, aucune plaie n'était apparente. Cependant, elle ne put s'empêcher de s'arrêter quelques secondes sur les anciennes cicatrices, celles surement crées alors même qu'il était adolescent. De récente, il n'y avait qu'une plaie au front, dépassant sur sa tempe, qui saignait abondamment. Il n'en semblait aucunement touché comme si la douleur était inexistante. Pourtant, c'était bien là et les yeux d'Adèle en devinrent larmoyants.
« J'vais bien, pleure pas pour ça. »
« J'ai lu ton dossier... »
Elle put voir Kai s'éloigner d'elle. C'était infime mais le mouvement était bien présent. Finalement, ce fut lui qui prit de la distance. « ...Je sais. »
« Tu voulais que je regarde que les photos ? »
« Non, peu importe. » Malgré l'éloignement qu'il avait cherché, tout deux se regardaient droit dans les yeux, sans jamais ne rompre le contact. « Ça allait forcément arriver, tu crois pas ? » Kai passa ses mains contre celles d'Adèle, jusqu'à remonter à son cou puis son visage, l'entourant pour caresser ses joues de son pouce. « Ça n'a pas d'importance, de toute manière. C'est du passé. »
« J'suis pas d'accord. » Elle l'avait susurré si faiblement que s'il n'était pas autant attentif à elle et à ses lèvres, il n'aurait pas compris. Il fronça néanmoins les sourcils, faussement confus, espérant la faire parler mais après un raclement de gorge, elle se répéta seulement. « J'suis pas d'accord. »
« Pourquoi je suis pas surpris ? » Il essaya d'alléger l'atmosphère mais le sujet était bien trop lourd pour s'en éloigner si rapidement.
« Il a fait de toi ce que tu es aujourd'hui. Et...au vue de ta blessure de ce soir, je crois que ce chapitre n'est pas clos. »
Cette fois, il s'éloigna réellement pour sortir de la douche. Adèle se trouva, seule et nue, tout comme son cœur. Il entoura une serviette autour de son bassin avant de se regarder dans le miroir. La plaie n'était pas belle mais tout ce qui l'inquiétait était la jeune femme derrière lui qui semblait vouloir entendre le présent. Toutefois, si son passé l'avait fait pleurer, il était certain de la faire fuir avec la situation actuelle. Il était temps de faire marche arrière.
Adèle éteignit le jet avant de sortir à son tour. Elle chercha du regard de quoi se sécher, les bras resserrant son buste, mal à l'aise. Kai s'en rendit compte, ne supportant pas son reflet pour continuer sa contemplation. Il sortit une serviette avant de l'enrouler. Il déposa un baiser sur son front longuement et tendrement avant de s'éloigner pour s'habiller. Ce geste lui fit se rendre compte de son propre besoin de son contact si bien que son inconscient, sans son accord, prenait les devants à la recherche de sa peau.« Tu veux que je te mette un pansement ? » Il haussa les épaules. « Au moins pour le sang Kai. »
« Ouais. Comme tu veux. » Il sortit une trousse de premiers soins avant de s'installer contre le lavabo. Adèle tenta de faire les soins mais la différence d'hauteur l'en empêcha. Elle regarda les alentours à la recherche d'un marche pied ou d'une chaise mais la salle de bain était aussi vide que les autres pièces. Kai souffla, d'un air faussement agacé, avant de se mettre au sol. Elle le suivit, s'installant entre ses jambes si proches qu'il pouvait compter ses cils. Il aurait aimé en embrasser ses paupières pour détendre son visage encré d'inquiétude. Seulement, elle était bien trop attentive à sa tâche, tapotant son coton avec précaution alors il passa ses mains contre ses cuisses, abandonnant un instant l'idée de mettre des barrières entre eux. « J'devrais me faire mal plus souvent si j'ai le droit à tes petits soins. »
Elle préféra ne pas répondre, son anxiété se transformant en frustration. Il resta à son tour silencieux, la laissant se concentrer sur son pansement. Toutefois, il continua de caresser sa peau, désirant rendre cet instant un peu moins douloureux. Ses doigts tentèrent d'ouvrir la serviette d'Adèle mais elle ne le laissa faire, le frappant pour l'en empêcher. Il grogna mais elle ne céda pas, ce n'était ni le moment, ni le lieu. Elle le connaissait que trop bien et son besoin de contact sexuel n'était qu'un moyen pour lui de fuir la réalité, la douleur tant physique qu'émotionnelle. Seulement pour éviter le conflit, elle préféra trouver la raison la plus superficielle.
« Idriss est juste à côté. »
« Et alors ? » Elle se releva face à sa réponse. « Adèle... » Elle se rhabilla pour rentrer, sa robe étendue quelques heures plus tard dorénavant sèche. Elle se conforta dans l'idée que c'était un autre signe pour partir. Il se mit debout à son tour et s'approcha de la porte pour l'empêcher de l'ouvrir. Elle leva les yeux au ciel. « Pourquoi t'es saoulée comme ça ? »
« J'veux juste rentrer chez moi. »
Piqué par ses mots, il la laissa partir, ne prenant pas la peine de la suivre.
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Everlasting
Romance« J'espère qu'un jour tu pourras aimer. Pas moi. Juste quelqu'un. Parce que tu fais triste à voir. Regarde toi, seul dans un pub, ivre, à écrire des mots parlant d'amour que tu crois connaître. Mais tu n'y connais rien. Je suis peut-être celle qui d...