Dès que j'ai ouvert la porte, elle est entrée avec un plateau de nourriture.
"Comment tu vas ma puce ?"
Moi: Je suis là .
"Je ne sais pas ce qui te tracasse mais sache que tu peux m'en parler d'accord ?"
Moi: C'est compris maman.
"Maintenant, prends ton repas et mange."
Elle a déposé le plateau sur ma table d'études et est ressortie ensuite. Après son départ, j'ai mangé et bien après je suis allée déposer mon plateau à la cuisine. Pendant que je faisais la vaisselle, ma sœur est arrivée.
Lorsqu'elle m'a vu, elle a fait comme si j'étais transparente et m'a ignoré. J'ai fait de même à mon tour et en quittant la pièce, elle m'a balancé une phrase lourde de sens.
"Heureusement que tu t'es finalement rétractée hier, je n'ose imaginer dans quel état tu te serais retrouvée à présent."
J'ai fait la sourde oreille et je suis sortie à mon tour pour m'enfermer dans ma chambre. Je ne comprenais toujours pas pourquoi elle m'avait fait ça, après de longues heures de réflexions j'ai finalement préféré mettre cela de côté et me consacrer sur mon concours d'admission en faculté de médecine.
Je ne pouvais pas perdre de tous les côtés, c'est ainsi que je me suis motivée à fond en donnant le meilleur de moi. Les jours qui ont suivi, j'étais en retrait et j'évitais quasiment mon entourage ainsi que Daniel. Je revisais avec Oriane et quand on avait l'occasion on faisait des appels vidéos de groupe avec Auguste question de prendre les nouvelles et de garder le contact.
*
*
[ Deux mois plus tard... ]
J'avais été admise au concours et j'avais choisis l'option odonto-stomatologie. Plusieurs universités s'offraient à moi mais j'avais choisi la plus éloignée. Je voulais partir et recommencer une nouvelle vie loin de tout. Surtout , j'espérais pouvoir guérir de mes blessures intérieures.
Je n'oublierai jamais le jour où j'avais annoncé cela à mes parents.
Moi: Papa , maman comme vous le savez déjà j'ai obtenu l'entrée en faculté de sciences de la santé. La rentrée c'est le mois prochain et j'ai choisis l'université qui se trouve à l'Ouest du pays.
Papa: Comment ça ? Il ya une excellente université ici avec une très bonne réputation. Pourquoi vouloir aller si loin?
Maman: C'est vrai en plus , tu seras seule. Loin de ta famille.
Moi: Je ne serais pas seule maman, Oriane sera dans la même université. On pourra prendre un appartement à deux , cela nous permettra d'économiser de de réduire nos dépenses par la même occasion.
Alexandra : Ouais c'est ça, dis plutôt que tu veux t'en aller loin de nous. D'ailleurs je me demande bien pourquoi ?!!!
Benoît : La ferme !
Papa: Ça suffit! Gabrielle, donne moi une seule bonne raison qui t'a poussé à choisir cette université.
Je n'ai pas réagi de suite, je cherchais l'argument que je pouvais lui donner qui puisse le convaincre. Dès que j'ai trouvé, j'ai répondu directement...
Moi: Les études de médecine ne sont pas du tout facile papa. J'ai besoin de me concentrer pour pouvoir réussir mon parcours avec brio.
Benoît : Je suis d'accord avec elle papa.
Maman: Hum
Papa: Tu trouves fiston? Pourtant ton ami et toi suivez des études qui ont trait à la santé. Ça ne vous a pas pourtant obligé à vous en aller.
Le fait qu'il fasse allusion à Daniel a réveillé ma douleur.
Benoît : Daniel et moi, faisons des études d'ingénierie biomédicale. C'est complètement différent papa!!!
Papa : Hum
Moi: J'ai besoin de grandir , de voler de mes propres ailes. Je ne pourrais jamais le faire en restant dans cette ville . S'il-vous-plaît papa , maman acceptez cela !!!
Papa : D'accord.
Moi: Merci infiniment Papa.
Maman : Ne te réjouis pas vite, on viendra te voir à chaque fois qu'on le pourra.
Moi: Il n'y a pas de problème maman !
Alexandra : Tu vas me manquer soeurette !!!
Je n'ai pas répondu et j'ai poursuivi mon repas comme si de rien n'était. Après cette soirée, j'avais commencé mes préparatifs pour la rentrée. Lorsque vint le jour de la séparation, ma mère a eu du mal à me laisser m'en aller.
"Tu vas beaucoup me manquer mon poussin. Prends soin de toi et surtout sois sage s'il-te-plait !"
Moi: C'est compris maman !
Papa: N'hésite pas à nous faire signe en cas de besoin.
Moi: D'accord Papa !!!
Bien après, je suis montée dans le bus pour une nouvelle aventure.
.....
[ Sept ans plus tard... ]
Je venais de boucler mes études universitaires, ça faisait 7 ans que je n'avais plus remis les pieds dans ma ville natale. Malgré les supplications de ma mère, j'avais préféré rester loin de ma famille. Concernant Daniel, je n'avais plus eu de ses nouvelles depuis cette fameuse soirée.
Assise dans le bus en direction de la maison, j'étais perdue dans mes pensées. D'une part, J'étais fière de revoir ma famille et mon frère. Ils m'avaient tellement manqué.....d'autre part j'appréhendais un peu mon retour.
Oriane: Alors , qu'est-ce que ça fait de revenir à la maison ?
Elle m'avait dit cela d'un ton taquin, me faisant sortir de mes pensées. Je l'ai regardé et j'ai souri faiblement...Avec le temps, je lui avais raconté toute l'histoire. Elle m'avait soutenu comme elle pouvait en faisant tout pour que j'oublie le passé.
Moi: Je suis un peu nerveuse !
Oriane : Avec raison, à chaque fois qu'on avait des congés tu n'es jamais rentrée.
Moi: J'avais besoin de passer à autre chose.
Oriane: Très drôle !!!, Je te rappelle que tu as passé ton temps à repousser tous les hommes qui t'approchaient.
Moi: Je n'avais pas la tête à ça et tu le sais bien.
Oriane: Tu es jeune Gab', tu dois profiter de la vie et faire comme les autres personnes de ton âge.
Moi: Comme toi tu veux dire ?!!!
Elle a souri et m'a fait les grimaces, Oriane était une fêtarde. Elle vivait mille à l'heure et connaissait pratiquement tout sur tout. Partout où elle passait, elle laissait ses empreintes. Elle avait le don de se créer des relations.
Oriane : Sais-tu ce que tu feras ?
Moi: Pas encore, je vais postuler dans plusieurs cliniques pour un début et toi?
Oriane : J'ai obtenu le stage de perfectionnement dans un hôpital de l'état. Je vais me battre là-bas en attendant de trouver mieux.
Moi: Cool !!!
On a abordé d'autres sujets ensuite question de tuer le temps. Aux alentours de 17h, nous étions de retour. En sortant du bus, j'avais une sorte de noeud au ventre. Je ne savais pas si j'avais finalement fait le bon choix en rentrant, mais mes réflexions se sont arrêtées net à l'instant où j'ai aperçu un visage familier.
